Afin de conserver un maximum d’énergie disponible dans l’herbe des prairies, le Gaec de l’Aurore, installé à Reugney, dans le Doubs, utilise un séchage en grange dopé par plusieurs techniques. L’air insufflé à travers les quatre cellules est réchauffé par un capteur solaire sous le toit et par le moteur de la méthanisation. En cas de mauvais temps, le déshumidificateur abaisse l’hygrométrie de l’air pour un séchage optimal 24 heures sur 24. La valeur nutritive du fourrage ainsi obtenu permet aux associés de baisser les charges liées aux aliments concentrés.
Jérémie Masson, associé au sein du Gaec de l’Aurore (Doubs), apprécie les performances du séchage en grange permettant d’abaisser de 400 kg les charges liées aux aliments concentrés, lesquelles passent de 1 800 à 1 400 kg/VL/an.
Implanté à Reugney, dans le Doubs, à 700 m d'altitude, le Gaec de l’Aurore compte quatre associés et un salarié. Il exploite 215 ha de surface agricole utile, dont 150 ha destinés à la fauche de l’herbe, 10 ha à la luzerne, le tout récolté sur trois ou quatre coupes selon les années. Le Gaec produit 950 000 L de lait à comté et 190 kWhél d'électricité avec la méthanisation en cogénération. Il dispose d’une serre de 800 m2 chauffée par la récupération d’énergie de la méthanisation pour la production de légumes en vente directe. En AOC Comté, seuls le foin et le regain sont admis comme aliments de base pour la ration des 120 vaches laitières.
Le bâtiment de stockage, de 70 m de long et 18 m de large, abrite quatre cellules sur caillebotis de plus ou moins 250 m2de surface au sol chacune. Sous l’intégralité des 1 300 m2 de la surface du toit, des panneaux de OSB fixés aux pannes de la charpente, soit plus d’une vingtaine de centimètres sous les tôles, forment un capteur solaire.
Souffler de l'air chaud ou déshumidifié
Une gaine en bois centralise cet air réchauffé et le guide vers le caisson étanche où se loge le puissant ventilateur. En fonctionnement, ce dernier, entraîné par un moteur électrique de 55 kW, insuffle 108 000 m3 à l’heure d’air chaud dans les cellules montées sur caillebotis.
La faîtière du toit est également entrouverte pour favoriser cette évacuation. En cas de mauvais temps, la technique de séchage consiste à fonctionner en recyclage. Des capteurs de température et d’hygrométrie, installés à l’extérieur et à l’intérieur du bâtiment, informent les éleveurs et contrôlent un volet qui guide le flux vers le déshumidificateur. Les portes coulissantes sont fermées. En aspirant l’air ambiant humide du bâtiment, le ventilateur le force à passer à travers les radiateurs du déshumidificateur. Ce dernier abaisse de moitié l’hygrométrie de l’air et le réchauffe avant que le ventilateur ne le pousse de nouveau dans les cellules.
Le Gaec de l’Aurore valorise la chaleur du méthaniseur pour accélérer le temps de séchage en vrac et ainsi conserver un maximum d’énergie contenue dans l'herbe.
Pour améliorer la performance du séchage en grange, le Gaec de l’Aurore valorise la chaleur du moteur thermique de la méthanisation.
L'eau chauffée à 80 °C au niveau du pot d’échappement du moteur est transportée par des conduits isolés vers le ventilateur. L’échangeur réchauffe l'air à 60 °C et représente environ 30 % du volume total soufflé à travers les cellules.
Une récolte bien rodée
En amont du séchage en grange, le stade et la technique de récolte de l’herbe doivent être bien suivis. La première coupe intervient autour du 1er mai, suivie des autres tous les 35 jours en moyenne.
Les adhérents fauchent toujours le matin, vers 11 heures, avec un combiné porté de 9 m équipé d’un conditionneur à fléaux.
Le soir les agriculteurs de la région ont pour habitude de former les andains de nuit. Le lendemain les associés fanent une seconde fois la matière dans la matinée avant de l’andainer et de la ramasser à l’autochargeuse l’après-midi.
La valeur nutritive du fourrage foin/regain en vrac relevée lors d’analyses atteint 0,82 UFL/ kg de MS, 58 g/kg MS de PDIN et 91 g/kg MS de PDIE.
Les associés récoltent 40 ha à la fois. Cela leur permet de répartir le fourrage sur trois cellules, dans le cas du foin, à une hauteur de 3 m pour un séchage uniforme.