Le changement de mon itinéraire cultural m’a amené à diversifier mon assolement en cultivant des légumineuses pour obtenir une autonomie fourragère et protéique, annonce Fabien Paris, agriculteur à Agonges, dans l’Allier. Aujourd’hui, je suis autonome à 100 %, je n’achète pas de compléments alimentaires pour élever mes 320 brebis de race à viande Île-de-France. »
L’exploitant cultive 100 ha de céréales ou de prairie temporaire, et 50 ha de prairie naturelle. En 2018, il a souhaité s’orienter vers l’agriculture de conservation, sans travail du sol. En cultivant de la luzerne, Fabien Paris a choisi, devant les conditions météorologiques pluvieuses des années précédentes, d’installer un séchoir thermophotovoltaïque composé de cellules à plat pour un investissement de 270 000 €.

Auparavant, je séchais du maïs avec un séchoir au fioul, précise-t-il. Je cherchais l’outil qui me permettrait d’être polyvalent en séchant à la fois du fourrage et des céréales, ce qui m’a conduit au séchoir multimatière. Dans ma réflexion, j’ai également recherché l’autonomie énergétique. Le séchoir thermophotovoltaïque m’a semblé être le meilleur compromis économique. Et je ne regrette pas ce choix. Mon système de séchage consomme aujourd’hui autant d’énergie électrique que celle produite par les panneaux solaires. Ainsi, je suis également 100 % autonome en énergie. »
La lame d’air, d’une vitesse de 3,5 m/s, s’échauffe en circulant entre le toit du bâtiment de 520 m2 et les 155 panneaux thermophotovoltaïques de 210 m2 développant au total 36 kWc. Les rayons du soleil jouent deux rôles : réchauffer l’air et produire de l’énergie électrique.
Quand le ciel est découvert, l’air réchauffé entre le toit et les panneaux est en moyenne de 10 à 25 °C supérieur à la température de l'air ambiant », précise Fabien Paris.

Les plus gros ventilateurs, de 11 kW, placés dans le couloir le long du bâtiment aspirent ce flux d’air et l’acheminent sous les deux cellules de séchage. Ces dernières se composent d’un plancher de 6 x 12 m fait de tôles embouties avec des trous de 2 mm, adaptés au séchage en vrac de céréales.
Lorsque je sèche des bottes de fourrage rectangulaires, de 2,4 m de longueur, dans mes cellules de 6 m de large, je place au centre de celles-ci un tapis en caoutchouc de 1 m pour ne pas laisser passer l’air entre les deux rangées de bottes. »
Les deux cases peuvent contenir jusqu’à 64 bottes rectangulaires pour un séchage en cinq jours par météo favorable ou en sept à huit jours dans des conditions plus difficiles. Une fois sèches, les bottes sont empilées dans les troisième et quatrième cellules dédiées au stockage. Ici, de plus petits ventilateurs, de 4 kW, assurent la ventilation des céréales lorsqu'elles y sont stockées.

Le séchoir polyvalent
Étant donné que les périodes de séchage du maïs se positionnent quelque temps après la fin de la saison des fourrages en septembre, l’agriculteur peut continuer d’utiliser son séchoir.
Le maïs est plus facile à sécher que le fourrage. Il peut entrer dans le séchoir avec un taux d’hygrométrie très élevé, car il autorise un temps de séchage long, entre 15 jours et un mois, sans perdre en qualité, contrairement au fourrage. Avec ce type d’infrastructure polyvalente, je peux ainsi sécher du fourrage en vrac ou en bottes, tous types de céréales et du bois. »
L’éleveur peut ainsi rentabiliser ce séchoir multimatière jusqu’à neuf mois dans l’année. Toutefois, ce type d’installation, fonctionnant selon le même principe qu’une double toiture, reste tributaire de la météo.

Contrairement à un système de déshumidification ou à un brûleur, il est préférable, par mauvais temps, de ne pas rentrer la marchandise dans les cellules de séchage », témoigne Fabien Paris.
Ce dernier adapte également ses fréquences de fauche aux dimensions de son infrastructure. La capacité d’accueil des cellules de séchage étant limitée, il ajoute, en cas de production insuffisante, deux épaisseurs de bottes déjà sèches dans les espaces libres. En revanche, lorsque les bottes fraîchement sorties des parcelles sont en nombre trop élevé, celles-là sont directement enrubannées.
Toutefois, lors de la première et de la deuxième coupe de luzerne, je suis capable d’estimer les quantités de bottes à venir pour des chantiers de 8 ha », affirme-t-il.

Après deux ans de service, Fabien Paris estime que les frais d’utilisation du séchoir thermophotovoltaïque, lorsqu’il est utilisé pour les bottes carrées, sont équivalents au coût d’enrubannage. Très satisfait de ce système, il souhaite progresser dans la qualité protéique en apprenant à travailler au mieux la luzerne, culture complexe.
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