La distribution des aliments concentrés ou des céréales aplaties représente une tâche non négligeable dans les élevages bovins, de surcroît en production laitière ou en engraissement, en termes de temps et d’efforts physiques. Pour ces raisons, certains éleveurs choisissent de mécaniser cette corvée quotidienne, cherchant à dégager du temps pour d’autres activités ou à ménager leur santé. Face à ce constat, les conseillers de la chambre d’agriculture de la Creuse ont réuni mi-février une cinquantaine d’agriculteurs à Charron (23), sur l’exploitation du Gaec du Plantadis, lors d’une journée baptisée « Innov’Action ». Trois machines, utilisées par des éleveurs voisins et par les associés du Gaec, étaient sous le feu des projecteurs. Elles ont fait l’objet de comparatifs sur les plans tant de leurs fonctionnalités que de leurs coûts d’achat et d’utilisation. Elles ont également fait le show lors d’une séance de travail en conditions réelles.
Méchineau Distral M6 : la réponse technologique
Pascal Bussière et sa fille Solène sont associés au sein du Gaec du même nom. Ensemble, ils élèvent 125 vaches allaitantes de race charolaise et engraissent tous leurs animaux pour les vendre en boucherie. Ils distribuent toute l’année des céréales aplaties, produites sur l’exploitation, ainsi que 350 t de compléments azotés. Face à la pénibilité de la tâche effectuée manuellement, ils ont trouvé deux solutions. La première consistait en un godet mélangeur attelé au chargeur frontal. Cette option mobilisait un tracteur toute l’année et ne permettait pas de varier les quantités en fonction des lots, hormis en vidant le godet à chaque fois. La seconde solution était l’automoteur électrique. Le modèle Distral M6 de Méchineau, commercialisé par Lucas G, comprend plusieurs trémies et peut mémoriser jusqu’à 99 rations. Une fois les recettes établies, les éleveurs n’ont qu’à renseigner le nombre de bêtes dans chaque lot, l’appareil gérant ensuite les dosages automatiquement. Pour la distribution dans les auges, père et fille ont demandé l’installation de la goulotte de sortie à 60 cm du sol. Cependant, celle-ci génère une importante hauteur de chute lors de la distribution, ce qui produit beaucoup de poussières. Dans ce cas, l’utilisateur porte un masque. L’automoteur embarque des batteries de 24 V qui se rechargent de la même manière que celles d'un chariot élévateur. Bien que les bâtiments d’élevage soient proches les uns des autres, la faible vitesse d’avancement de l’automoteur, de 4,5 km/h, ne fait pas vraiment gagner de temps aux éleveurs. Son prix élevé est également un frein à l’investissement, bien qu’il soit éligible à certaines subventions.
Prix indicatif : 24 000 € HT
Capacité de l’automoteur : 650 L



Rabaud Meldis 800 : débit de chantier assuré
Au sein du Gaec du Plantadis, qui recevait l’événement, Patrick Aymard a été rejoint en début d’année par son fils Kévin, prenant lui-même la relève de sa mère, Sonia. L’exploitation compte 125 vaches allaitantes de race charolaise. Chaque année, environ 25 bêtes de réforme ainsi que 70 broutards sont engraissés. La ration de ces animaux se compose de foin, de céréales aplaties et de compléments azotés. Jusqu’à l’année dernière, ces deux derniers ingrédients étaient distribués au seau, l’un après l’autre. Patrick Aymard souhaitait mécaniser cette tâche pénible physiquement. Le Gaec s’est donc équipé cet hiver d’un godet mélangeur Rabaud Meldis 800. Ce dernier embarque un boîtier de pesée afin d’ajuster précisément la quantité de produits chargés. La vis sans fin en fond de cuve assure le mélange des céréales issues de l’aplatisseur et des compléments, désormais distribués en un seul passage. Les associés jugent qu’un court temps d’adaptation s’avère nécessaire pour trouver le bon réglage entre ouverture de la trappe de distribution et vitesse d’avancement, mais, avec l’habitude, l’opération se révèle très simple. Ils regrettent cependant de ne pas avoir opté pour une tôle pleine à la place du grillage couvrant le godet. En effet, lors de la distribution, une grande quantité de poussières se dégage. Bien que celles-ci n’atteignent pas l’opérateur, à l’abri dans la cabine, elles ont tendance à se colmater avec l’humidité dans les grilles d’aération et les radiateurs du tracteur, imposant un nettoyage fréquent.
Prix indicatif : 7 180 € HT
Capacité du godet mélangeur : 800 L



Autoconstruction : la solution économique
L’installation en 2016 de Thibaut Mongourd, associé au sein du Gaec des Bariteaux avec ses parents, Jean-Luc et Sylvie, a été l’occasion d’agrandir le troupeau. Aujourd’hui, l’exploitation compte 94 vaches allaitantes de race charolaise, ainsi que deux poulaillers. Douze hectares de la surface agricole utile sont consacrés à la production de céréales, dont 25 t sont aplaties dès la récolte par un entrepreneur et stockées dans un boudin. Leur reprise s’avérait fastidieuse jusqu’à ce que Thibaut imagine une solution avec quelques éléments de récupération. Son automoteur, auquel nous avons consacré un article dans Matériel Agricole no 286, daté avril 2022, a été spécialement pensé pour charger les céréales directement depuis le boudin de stockage. Construit à partir d’une ancienne cuve à fioul métallique montée sur roues et attelée à un tracteur tondeuse, cet automoteur embarque deux vis sans fin animées par des moteurs hydrauliques. Grâce à un vérin électrique, la hauteur de la vis dédiée au chargement s’ajuste afin d’assurer la reprise au sol ou dans un bac. Des barres de pesée installées sous la cuve déterminent la quantité de céréales chargée, dont le poids s’affiche sur le boîtier disposé à proximité du siège conducteur. La récupération de nombreux éléments, en dehors des composants hydrauliques, a permis de limiter le coût de construction de cet automoteur. En revanche, Thibaut Mongourd a dû se libérer environ 150 heures pour mener à bien ce projet.
Prix indicatif : 4 130 € HT (dont 3 000 € de main-d’œuvre)
Capacité de la cuve : 500 kg


