Matériel Agricole : Qu'est-ce qu'Agco Finance ?
Lionel Gelay-Turtaut : Agco Finance est une joint-venture entre DLL, filiale de Rabobank, et le groupe Agco. Notre société de financement emploie 72 personnes et s’occupe de réaliser les offres de crédit, de mettre en place les prêts, crédits-bails et locations financières, et d’en assurer le recouvrement. Ce service est proposé exclusivement aux acquéreurs des marques du groupe Agco : Fendt, Massey Ferguson et Valtra. Une présence est assurée en région avec, sur le terrain, 12 personnes dédiées aux marques, épaulées par une équipe au siège. Elles assurent principalement la formation et l’accompagnement des ventes auprès du réseau de concessionnaires et également le conseil auprès des clients (agriculteurs, ETA, Cuma, collectivités…). Nous fêtons nos 30 ans cette année. Nous avons été la première captive de financement agricole créée en France. Nous proposons du crédit classique, crédit-bail et de la location financière. Chez nous, le crédit-bail représente entre 60 et 70 % de notre activité selon les marques, contre 2 % pour la location financière et le reste pour le crédit classique.
MA : Pourquoi la location financière ne représente qu’une faible part de votre activité ?
L. G.-T. : Le marché n’est pas totalement mûr pour ce genre de produit financier. Il y a un aspect générationnel et la volonté des agriculteurs individuels d’être propriétaires de leurs matériels ou de préserver la possibilité de défiscaliser par l’investissement. Cela peut davantage fonctionner auprès des entreprises de travaux agricoles, Cuma ou exploitations de grande taille, notamment pour les matériels de récolte, qui cherchent une utilisation pure, un coût structurel par heure ou par hectare fixe, sans objectif d’acquisition à terme.
MA : Qu’est-ce qui fait le succès de votre crédit-bail ?
L. G.-T. : Nous sommes historiquement leader sur le marché du crédit-bail avec un produit différenciant, notamment pour des raisons de flexibilité. Les loyers sont modulables grâce à l’option « Agricéo » incluse qui permet aux clients de faire face à des crises conjoncturelles, à des aléas climatiques ou sanitaires. Le contrat de crédit-bail peut être transférable, d’une société à une autre, sans fiscalité. Il peut être un levier fiscal pour limiter les plus-values à la revente des matériels, grâce aux valeurs résiduelles adaptées. Ces dernières permettent également aux clients d’ajuster leurs échéances annuelles en fonction du nombre d’heures d’utilisation. D’autre part, lorsque l’on prend un matériel en crédit-bail, il n’apparaît pas au bilan de l’exploitation : cela peut permettre de limiter sa valeur patrimoniale et faciliter les successions, un enjeu devenu important. Enfin, le crédit-bail, incluant une option d’achat, reste une solution d’acquisition à terme comme le crédit classique.
MA : Quel est l’avenir du financement des machines agricoles ?
L. G.-T. : Le marché est demandeur de services intégrés avec l’extension de garantie constructeur et, dans 10 % des cas, la maintenance. La demande est de plus en plus forte depuis cinq ans, notamment en raison de l’augmentation des prix des machines. L’évolution des matériels, de leurs coûts et de leurs technologies pousse les clients à sécuriser leurs investissements et à maîtriser leurs budgets. Nous venons même, cette année, d’inclure dans tous les contrats l’option « ZenAgri » qui permet, en cas de sinistre pour l’exploitant, non seulement l’annulation du capital restant dû mais également la restitution de l’apport initial. Nous devons aller encore plus loin et imaginons l’intégration d’une assurance sinistre incluant le remplacement du matériel, ainsi que l’intégration de nouveaux services de financement des réparations.