Si le fort développement de l’Isobus agricole est censé améliorer la communication entre les outils, il semble encore illusoire de vouloir récupérer les données de tous les chantiers directement sur la console du tracteur, que ce soit à l’échelle d’une exploitation agricole ou, plus encore, à celle d'une ETA. De nombreuses incompatibilités demeurent entre matériels et, de l’aveu même de commerciaux travaillant pour des tractoristes full-liners, les applications de traçabilité ont encore de beaux jours devant elles. C’est ce qui explique sans doute la multiplication des solutions proposées sur le marché.
Voici les principales marques proposant une solution de traçabilité des données des tracteurs, machines et des outils :
Karnott
Pionnier dans la saisie des données par boîtier embarqué
Karnott est historiquement le premier système de suivi et de relevé de travaux sans écrit. Imaginé par un agriculteur qui s'est associé avec un informaticien, le principe repose sur un boîtier « cerveau », à placer dans le tracteur ou l’automoteur, muni d’un capteur GPS et d'une batterie rechargeable affichant deux mois d’autonomie. L’équipement est complété par des puces à fixer sur chaque matériel d’accompagnement et par des badges portés par les chauffeurs. Le boîtier principal identifie automatiquement l’outil attelé et la personne au volant. Les vibrations suffisent à enregistrer si le moteur fonctionne. Tous les déplacements sont également relevés et transférés en direct à l’application via une carte SIM tous opérateurs. L’algorithme utilise ces données pour identifier la parcelle et calculer la surface travaillée ainsi que les temps de chantier et de route. Pour l’entrepreneur, les usages sont multiples grâce, notamment, à la connaissance des surfaces réelles des parcelles, ce qui permet de facturer au plus juste, voire de rentabiliser l’investissement dès la première année. Les données sont centralisées sur l’application et peuvent être exportées au format Excel ou, mieux encore, directement transférées vers différents logiciels de facturation.
Lea Agri
Un carnet très complet sur smartphone
La solution Lea Agri, qui appartient au développeur de logiciels agricoles Smag (acronyme de Smart Agriculture), est destinée spécifiquement aux entrepreneurs. Selon plusieurs utilisateurs interrogés, elle offre un panel de fonctions très complet : planning, suivi client, gestion du stock et facturation. Pour chaque intervention, le responsable de l’activité définit la fiche à remplir par le salarié. La prise de notes permet de préciser les intrants, carburant ou consommables, employés, avec une mise à jour instantanée des quantités encore disponibles à l’atelier. Le chauffeur peut préciser des informations impactant le tarif de la prestation, comme l’utilisation du broyeur de la moissonneuse par exemple. À l’issue d’un traitement phytosanitaire, l’entrepreneur édite des fiches réglementaires sans ressaisie. Il suffit de sélectionner les bons de chantier pour générer automatiquement la facture correspondante. Lea Agri n'a pas développé de boîtiers à placer sur les matériels pour automatiser les enregistrements, mais son application fonctionne avec Karnott.

Geofolia
Un badge sur machine désormais disponible chez Isagri
Le concepteur de logiciels agricoles Isagri a développé depuis plusieurs années l’application pour smartphones Geofolia ETA qui permet aux chauffeurs d’enregistrer tous leurs chantiers directement à l’écran. L’offre est désormais complétée par des tags EasyTrack. Il s’agit de petits badges autonomes à fixer sur les machines. Chaque tag est affecté à un matériel et donc à une tâche. Ils communiquent automatiquement par Bluetooth avec le téléphone du chauffeur. Dotés d’un accéléromètre, ils réagissent aux vibrations. Ainsi, grâce au GPS du smartphone et au tag, chaque chantier est enregistré instantanément sans que le chauffeur ait à saisir la moindre information. Seuls les travaux de traitement phytosanitaire, de fertilisation ou d’épandage nécessitent de préciser des données afin, notamment, de créer une fiche complète compatible avec les exigences de traçabilité. Ce principe ne fonctionne actuellement que sur les téléphones Android. Pour les propriétaires d’iPhone, Isagri propose un boîtier avec carte SIM et GPS qui prend le relais du téléphone.

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Les autres
MyEasyFarm, Samsys, Scopix, xFarm…
Difficile d’établir une liste exhaustive de tous les acteurs de ce marché de la traçabilité. En plus de Karnott, Lea Agri et Isagri, de nombreux opérateurs sont présents sur ce segment et mettent en avant des solutions spécifiques pour les ETA. Citons, par exemple, MyEasyFarm, Samsys, Scopix ou encore xFarm. L’offre s’élargit à chaque salon professionnel. Pour s’y retrouver, l’ETA doit d’abord estimer ses besoins. Si le chef d’entreprise a parfois des doutes sur les surfaces de parcelles déclarées par certains clients, l’utilisation d’un simple équipement pour les mesurer s’avère souvent rentable dès la première année ! Aller plus loin en numérisant toutes les interventions nécessite un investissement initial en temps, notamment pour référencer les parcelles et la liste des matériels. Ces référencements apportent néanmoins un gain de temps ultérieur, notamment grâce à l'intégration de données précises qui ne peuvent plus se perdre. Les ETA réalisant des traitements privilégieront les solutions qui éditent directement la fiche phytosanitaire réglementaire. Les logiciels à même de générer facilement une facture à partir des fiches de travaux présentent également un plus. Enfin, les solutions les plus globales, qui intègrent d’autres outils (guidage, modulation…) sont aussi à prendre en considération quand ces pratiques sont déjà en place dans l’entreprise.


