La fédération Entrepreneurs des territoires (EDT) des Pays de la Loire a renouvelé ses journées départementales dédiées à la sécurité au sein des entreprises de travaux agricoles, ruraux et forestiers. En tout, 101 salariés, 46 apprentis et 8 chefs d’entreprise y ont participé. Les thématiques abordées au cours des ateliers ont été identifiées avec les différents partenaires (MSA, Enedis, Agrica, les services départementaux d'incendie et de secours [SDIS], les préfectures…) : prévention des risques électriques, du bruit ou encore des incendies, conformité des machines, sécurité routière, prévention des addictions et des comportements excessifs. « Les entreprises expriment un réel besoin d’information et d’actualisation des connaissances sur le thème de la santé et de la sécurité. En effet, elles sont de plus en plus sollicitées, mais la main-d’œuvre n’augmente pas au même rythme que les commandes de travaux. D’autant plus que les fenêtres d’intervention se réduisent. Cela génère un risque accru d’accidents. Nous souhaitons ainsi contribuer à minimiser les risques encourus tant en termes de santé qu'au niveau de la sécurité », explique Mathieu Ghislain, délégué régional EDT Pays de la Loire.
Le 25 février, au sein de la Maison familiale rurale (MFR) La Pignerie, à Laval, l'un des ateliers était ainsi consacré aux risques d’incendie, accrus lors de l’utilisation de matériels agricoles en conditions sèches. Autour d’une presse, Kévin Gloaguen, formateur secourisme et incendie chez May' Formation, a rappelé les facteurs qui contribuent au départ d’un feu, l’intérêt d’un entretien préalable de son matériel et les moyens d’intervention rapides (18 ou 112 pour prévenir les pompiers). Des exercices concrets ont permis aux participants de se familiariser avec des extincteurs à poudre et à eau, dont l’efficacité dépend de la distance d’attaque.
La dépendance aux écrans, un risque croissant
Nicolas Dalibard, patient-expert pour GAE Conseil, a interpellé sur les comportements addictifs tels que l’usage intensif des écrans (autrement appelé « nomophobie ») et la consommation d’alcool et de stupéfiants. « Des travaux intensifs donnent le besoin de décompresser et peuvent vite faire basculer dans la dépendance. Cela impacte la santé mentale et physique, et augmente ainsi le risque d’accidents. En entreprise, l'un des enjeux est de libérer la parole. Cela implique de la vigilance et de la bienveillance », met en avant l’expert. Pauline Dubois et Véronique Wrzesniak, conseillères en prévention des risques professionnels à la MSA Mayenne Orne Sarthe, ont testé les connaissances des salariés sur la conduite des engins sur la route, en grande partie maîtrisées.
Un atelier concernait les risques liés aux bruits auxquels font face les salariés au quotidien : 100 dB(A) pour un compresseur, de 90 à 100 dB(A) pour une meuleuse et 80 dB(A) pour un tracteur. Peu évoqué comme source de problèmes, le bruit est pourtant un paramètre de santé non négligeable au sein des entreprises. Au-delà de 85 dB(A), il engendre des problèmes de surdité, d’acouphènes, de maux de tête et de troubles du sommeil.
Les risques électriques, autre danger et non des moindres, étaient mis en avant par Arnaud Lebrun, animateur sécurité des tiers chez Enedis Pays de la Loire. Le professionnel a rappelé les distances réglementaires selon les réseaux électriques, la nécessité de sécuriser en amont les chantiers et les effets de l’électricité sur le corps humain. « Dans les champs, 96 % des accidents sont liés à la proximité des machines avec les lignes électriques aériennes. Nous prévenons ces risques par des campagnes de sensibilisation, et cela répond également à l’enjeu de préservation de nos ouvrages. L'application LigneAlerte développée par Enedis et RTE permet de prévenir en temps réel de la proximité d’une ligne », témoigne Armel Villain, chef de service du pôle sécurité des tiers d'Enedis dans les Pays de la Loire.

« Le premier conseil est de ne jamais manœuvrer avec son engin dans un périmètre de moins de 3 m sous une ligne de moyenne et basse tension. Il faut impérativement éviter de rehausser le terrain ou de stocker à proximité des ouvrages. En cas de contact avec une ligne, le conducteur de l’engin doit rester dans la cabine et prévenir les pompiers, car celle-ci est isolée », ajoute-t-il.
Des piqûres de rappel pour les salariés
Ces ateliers ont marqué les esprits et rappelé que le risque zéro n’existe pas. « On ne connaît pas tous les risques encourus. Ces ateliers nous sensibilisent davantage et nous montrent comment réagir. On ne réalise pas que les niveaux de bruit sont si élevés. Il est important de se protéger. Quand on travaille dans la précipitation, on prête moins attention aux risques. Nous devons pourtant être rigoureux. Ces ateliers sont enrichissants et permettent une remise à niveau », témoignent les salariés présents. Ces journées viennent ainsi conforter les actions des responsables d’entreprise en faveur de la sécurité et de la santé de leurs salariés. « L’ensemble de nos salariés a participé à ces ateliers. Il est important de rappeler les bonnes pratiques et de les inciter à être plus attentionnés. Les distractions générées par les téléphones et les écrans représentent un nouveau risque et nécessitent de la vigilance. En interne, nous leur faisons passer des messages ponctuellement, et ces ateliers viennent compléter nos recommandations », souligne Emmanuelle Belloir, cogérante de l’ETA Agri-travaux 53, dans la Mayenne.
À l’issue de cette journée, les salariés ont reçu un certificat de réalisation qui peut être inclus dans le document unique d’évaluation des risques professionnels. Les responsables témoignent ainsi de leur implication pour sécuriser leurs salariés.