Le dernier trimestre commence juste à s’entamer et la filière des agroéquipements peut d’ores et déjà se réjouir. Malgré tout ce qu’a engendré la pandémie au premier semestre, 2020 s’annonce comme un bon millésime. La commission économique d’Axema chiffre à 5,8 milliards d’euros le marché pour cette année. Ce qui en ferait la troisième meilleure performance de la décennie. « L’année a commencé sur une très bonne lancée, dans le prolongement de 2019, détaille David Targy, responsable du pôle économique d’Axema. Mais avec le confinement, l’industrie française n’a tourné qu’à 20% de sa capacité pendant plusieurs semaines. Le redémarrage en avril a été compliqué, surtout à cause de problèmes logistiques. Nous estimions à l’époque que le marché 2020 allait se replier de 10 à 15%. C’était compter sans un phénomène de rattrapage qui s’est opéré à partir de mai. En septembre, une grande partie du retard était comblée. Si bien que nous finissons l’année avec un marché conforme à nos prévisions d’il y a un an, c’est-à-dire en repli de 5%. Les agriculteurs ont continué de travailler et, pour les constructeurs, l’année se termine comme si la crise sanitaire n’avait pas eu lieu. Selon un sondage réalisé auprès de nos adhérents, ils sont 88% à estimer que l’impact de la Covid-19 a été plutôt faible. Avec une estimation à 5,8 milliards d’euros, 2020 se situe 10% au-dessus de la moyenne de ces cinq dernières années. »
Prudence toutefois avec cette estimation, David Targy précise qu’il s’agit d’une moyenne et qu’il existe des disparités selon les familles de machines : « Les matériels de traite et de laiterie sont restés sur une courbe croissante. Les tracteurs sont plutôt stables. Il y a une baisse en machines de récolte, dans les équipements de transport et dans les outils de travail du sol. Les matériels d’espaces verts restent très affectés par la crise. Le confinement est intervenu à une période qui correspond d’habitude à un pic d’activité. »
La profession est plus réservée pour 2021. « Toujours selon un sondage auprès de nos adhérents, les constructeurs tablent majoritairement sur une baisse du marché. Cela s’explique par une détérioration de la conjoncture agricole. Ajoutons que les agroéquipements sont sujets à des phénomènes de cycles. Il est fort probable qu’après les pics de 2019 et 2020, nous soyons en train d’entrer dans une période baissière. La commission économique d’Axema table sur un repli de 5 à 10% et donc sur un marché qui se situerait entre 5,2 et 5,5 milliards d’euros. Il y a aussi des inconnues, comme le contexte économique et sanitaire, l’impact du Plan de relance, la récolte 2021. Mais nous préférons parler d’une année de baisse, plutôt que d’une année de crise, comme cela avait été le cas en 2016. »
« Avec le rôle que remplissent les agriculteurs, nous sommes un maillon d’une filière qui a une raison d’être », conclut Frédéric Matin. Le président d’Axema ajoute que d’autres indicateurs sont également rassurants : « Les banques ne perçoivent aucun phénomène de ralentissement des investissements en agriculture. De même, la solvabilité des agriculteurs n’est pas entamée. Les taux de refus de prêts n’ont pas augmenté. Nous vivons une crise comme il n’en a jamais existé, mais notre secteur reste plutôt à l’abri. »
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Marché des agroéquipements Plus de peur que de mal

Malgré tout ce qu’a engendré la pandémie au premier semestre, 2020 s’annonce comme un bon millésime pour les agroéquipements en France.