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Moisson au Canada Le rêve américain au volant d'une moissonneuse-batteuse de 14 m de coupe

Après les récoltes, les moissonneuses-batteuses ont été soufflées puis rentrées à l'atelier pour démonter les équipements GPS et les « cibi », avant qu'elles ne repartent chez le concessionnaire. L'atelier de 1 400 m2 dispose du chauffage au sol et est suffisamment grand pour y déplier un semoir.

7 000 ha, 55 m de barres de coupe, 250 ha battus par jour. Cet été, j'ai réalisé le rêve de tout saisonnier agricole : participer à une moisson au Canada. Montez avec moi à bord d'une des quatre Lexion 8700 Terra Trac utilisées dans la ferme d'Evan Hardy, installé dans la province de la Saskatchewan, à l’ouest du pays. Je vous présente le job que j'ai accompli pendant deux mois dans ces grandes plaines du Canada.

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Mon bureau ? La cabine d’une Claas Lexion 8700 Terra Trac modèle 2023 avec une barre de coupe MacDon de 13,7 m. J'ai eu l’opportunité de conduire l’une des quatre moissonneuses-batteuses utilisées pour récolter les 7 000 ha de céréales de la ferme Hardy Farms, située à Grenfell, dans la province de la Saskatchewan, à l’ouest du Canada. Suivez-moi pendant ces deux mois inoubliables de moisson canadienne, avant que je ne remonte prochainement sur ma dameuse, dans les Pyrénées, pour la préparation des pistes.

Les quatre moissonneuses-batteuses Claas Lexion 8700 Terra Trac, équipées chacune d’une coupe MacDon de 13,7 m, se suivent toujours, même pour détourer les parcelles. Cela permet d'optimiser les trajets du transbordeur. (© N.N.)

 J’ai déjà prévu de retourner de l’autre côté de l’Atlantique pour les semis 2024, au printemps prochain.

Le nouveau site de stockage de 8 000 t a été installé cette année au milieu de l'îlot de parcelles au sud de Grenfell (Saskatchewan, Canada). Il sert de « camp de base » pour le matériel lors de la récolte. (© N.N.)

Un jeu d’enfant pour trouver un job

Ma compagne ayant trouvé un job au Québec, je décide de la suivre dans cette aventure et de réaliser le rêve de tout saisonnier agricole français : participer à une moisson au Canada. La province de la Saskatchewan accueille 40 % des surfaces agricoles de grandes cultures du Canada, c'est donc, avec la province voisine de l'Alberta, une destination de choix pour travailler dans une grande ferme canadienne. Après avoir posté un message sur le groupe Facebook « Saskatchewan Farmers Group » disant que je parlais anglais et que j'avais de l'expérience en conduite de tracteurs et de moissonneuses-batteuses, je me suis vite rendu compte que les farmers canadiens connaissaient une réelle pénurie de main-d'œuvre saisonnière. Je n'ai donc eu que l'embarras du choix, entre modèles de machines à conduire, salaires et ressentis avec les agriculteurs recruteurs. J'ai finalement opté pour une exploitation familiale de 7 000 ha, au sud-est de la province de la Saskatchewan, dont Evan Hardy est à la tête depuis 2006. Ce dernier s’était alors installé sur les 600 ha de son père, qui y produisait de la semence, puis avait petit à petit fait grandir la ferme. Située près du village de Grenfell, celle-ci produit aujourd'hui du blé de force roux de printemps (blé tendre destiné principalement à l’élaboration de pain de mie), de l'orge et du canola (colza).

Une organisation et une logistique bien ficelées

Pour ma part, cette année, la moisson a débuté le 4 août 2023 chez les Hardy, pour une durée d’un mois et demi, avec environ huit jours de repos liés à la pluie. Je faisais partie d’une équipe de 11 personnes (le patron, cinq employés permanents et cinq saisonniers). La récolte des 1 400 ha d’orge, avec un rendement moyen de 50 q/ha, a nécessité l'utilisation de deux transbordeurs Brent Avalanche 2596 et 1084, respectivement de 70 et 25 t de capacité. Ces derniers ont également été mis à profit sur une partie des 2 400 ha de blé ayant produit entre 3,5 et 4 t /ha. Les 3 200 ha de canola (3 t/ha de rendement moyen), quant à eux, n'ont fait appel qu'au gros transbordeur. Les rendements de ces trois cultures s'avèrent plus que satisfaisants compte tenu de l’été très sec qu’a connu la province cette année. Le transbordeur principal, d’une capacité de 2 500 bushels, soit 87 m3, contient environ 70 t de blé. En bordure de champ, deux camions remorques sont nécessaires pour vider entièrement son contenu.

La vis Brandt 16-125 permet de vider le contenu d'un camion et de le transporter dans la cellule en huit minutes. Un Versatile DeltaTrack 450 est utilisé pour entraîner la vis. (© N.N.)

Entre deux et cinq semi-remorques assurent le transport de la récolte vers les silos, selon le rendement des cultures et l’éloignement des parcelles. L'intégralité de la récolte peut être accueillie sur la ferme, qui dispose d'une capacité de 25 000 t. En plus du site principal acceptant 17 000 t, une aire de stockage, composée de quatre cellules de 2 000 t chacune, a été créée cette année sur un îlot de parcelles, éloignées d'environ 35 km de la ferme afin de réduire les trajets en camion durant la récolte.

Une vis déplaçable pour remplir les cellules

Les cellules sont remplies à l'aide d'une vis à grain Brandt. Déplaçable, celle-ci affiche un diamètre de 40 cm et une longueur de 37 m. Cette solution plus polyvalente s'avère moins onéreuse qu'un élévateur. Elle permet également un débit supplémentaire puisqu'une remorque de 35 t est déchargée en huit minutes. Celle-ci dispose de deux trémies à fond conique munies de trappes commandées par une télécommande. Le camion se place parallèlement à la vis principale, tandis qu'une seconde, intermédiaire, se glisse sous les trappes de la remorque qui se décharge par gravité dans la trémie récupératrice. Il y a trois ans, l'exploitation s'est équipée d'un séchoir à grains au cas où il deviendrait difficile, en raison de conditions météorologiques capricieuses, de récolter du grain sec. Elle n'a pas eu à s'en servir jusqu'à présent.

Tous les jours vers 18 heures, l'épouse d’Evan Hardy apporte le dîner au champ pour toute l'équipe. (© N.N.)

Du matériel récent entretenu au strict minimum

La récolte s'est déroulée sans panne ni casse majeure, notamment grâce au renouvellement fréquent des matériels. En effet, les quatre Claas Lexion 8700 étaient neuves en début de moisson, et leurs remplaçantes sont déjà commandées pour 2024 après environ 300 heures moteur et 1 700 ha récoltés par machine. Les barres de coupe MacDon FD245 de 13,7 m de large seront quant à elles conservées pour une deuxième saison. Les investissements pour l'année prochaine comprennent également deux tracteurs Claas Xerion série 5000, qui prendront la relève des Versatile DeltaTrack 450. Ils concernent aussi deux des trois semoirs de la ferme. Les deux tracteurs de tête de l'exploitation, des Case IH Quadtrac 620, ainsi que les deux pulvérisateurs automoteurs Case IH Patriot 4440 sont pour leur part renouvelés tous les deux à trois ans. Chaque matin, avec l'aide d'un autre saisonnier, je m'occupais de l'entretien de la flotte de moissonneuses-batteuses. Une autre équipe était chargée des pleins de gazole et d’AdBlue. La maintenance des Lexion est réduite à son strict minimum. En effet, les machines sont équipées du graissage centralisé automatique, et le faible volume de paille à broyer limite les dépôts de poussières. Nous n'avions donc que les barres de coupe à graisser et le dessus des convoyeurs à souffler. À ma grande surprise, les filtres à air moteur n'ont été soufflés qu'une seule fois dans la saison, lors de l'apparition du voyant de colmatage à l'écran !

Les avions de traitement du prestataire utilisent la piste de la ferme lorsqu'ils travaillent dans cette zone géographique. (© N.N.)

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