Le tableau dressé par Stéphane Leblond, le président du Sedima, de l’état d’esprit des adhérents de ce syndicat des distributeurs de machines agricoles n’est guère réjouissant. Si, selon une enquête menée cet automne, entre le 19 septembre et le 10 octobre, ceux-ci reconnaissent, dans leur moyenne générale, une relative stabilité (+ 1 à + 2 %) de leurs chiffres d’affaires durant les 9 mois précédents, la situation est très contrastée selon les établissements et leurs orientations. Ainsi, alors qu’en grandes cultures ils ont eu à endurer des baisses de 13 à 14 % des ventes de tracteurs neufs et de 6 à 7 % en occasions, ils ont pu supporter, en polyculture élevage des reculs plus modérés de 2 à 3 % en neufs et même se féliciter de la stabilité de leurs occasions (0 à + 1 %). En matériels d’accompagnement, les différences se font moins marquées entre ces deux grands secteurs de l’agriculture. En neufs, ils baissent de 7 à 8 % en grandes cultures et de 6 à 7 % en polyculture élevage. Cependant, ils se reprennent de 2 à 3 % en occasions. Les distributeurs ont même été en mesure d’apprécier une hausse de 5 à 7 % des prises de commandes en équipements d’élevage. Ils ont profité d’une activité soutenue des robots de traite au détriment des matériels de traite conventionnelle. En viticulture, en revanche, la situation demeure extrêmement tendue avec des ventes de tracteurs neufs en chute de 21 à 22 %.
Les ateliers résistent
Si les agriculteurs ont revu à la baisse leurs investissements en matériels neufs, ils ont néanmoins entretenu leurs parcs. Les chiffres des pièces en magasin se sont appréciés de 3 à 4 % sur les 9 derniers mois. Ceux des ateliers et de l’après-vente ont gagné 5 à 6 %. Dans leurs perspectives d’évolution, les distributeurs de machines agricoles montrent peu d’optimisme. 88 % d’entre eux jugent que les prises de commandes en matériels neufs et occasion devraient baisser durant le premier semestre en grandes cultures. Si seulement 17 % partageaient, il y a trois mois, au moment de l’enquête, la même inquiétude sur les matériels d’élevage et 41 % sur ceux de la polyculture élevage, il est possible que l’éclatement de la crise sanitaire de la DNC (dermatose nodulaire contagieuse) et les inquiétudes sur l’accord du Mercosur aient dégradé la situation. Dans cette ambiance générale, les trésoreries des établissements ne se sont pas arrangées. La moitié d’entre eux en ont constaté une dégradation et 54 % un alourdissement du crédit client. Les refus de financement de la part des établissements bancaires sont apparus plus fréquents que normalement. En outre, les stocks de matériels neufs et occasions demeurent supérieurs à la demande. Dans un contexte ou les niveaux de prix des machines agricoles risquent fort de continuer à impacter la demande, les distributeurs n’attendent pas de reprise pour le premier semestre 2026.
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