Leur vision du futur Odran Stackler, AGCO : « Les outils d’aide à la décision pourraient résoudre une multitude de problèmes »
Odran Stackler, en poste pour Precsion Planting ou sein du groupe AGCO et fils d'agriculteur dans l'Oise, nous livre la vision qu'il se fait de l'avenir pour son activité professionnelle et la ferme de son père.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Matériel Agricole : Comment voyez-vous votre métier dans le futur ?
Odran Stackler : Travaillant chez Agco, mon devoir premier est de savoir m’adapter aux besoins des agriculteurs. Quelle que soit la tournure que prendra le monde des agroéquipements, mon métier sera toujours régi par les tendances agronomiques et, surtout, par les récoltes. En effet, le marché est cyclique et suit quelque peu les résultats des exploitations. En ce moment, par exemple, les années 2023 et 2024 n'ayant pas été exceptionnelles, pour nous la période est creuse. Aussi, des produits et des services seront à penser au fil des évolutions, mais toujours dans cette même démarche de répondre à un besoin au cœur d’une tendance.
M.A. : Quels sont, selon vous, parmi vos problèmes quotidiens, ceux qui seront résolus demain par la technologie ?
O.S. : J’ai en tête une gamme d’outils qui, sur la ferme familiale, pourrait résoudre une multitude de problèmes : les outils d’aide à la décision. Ces derniers sont source d’économies au quotidien. Je peux d’ailleurs faire le parallèle avec mon poste en apprentissage et la télémétrie équipant les engins. Je vois ainsi cette technologie des deux côtés, fournisseur et utilisateur, et observe son potentiel. Par ailleurs, les fermes grandissent, et les hectares se cumulent au sein des exploitations. De surcroît, les techniques de production doivent se perfectionner afin d’économiser de l’argent, des intrants, du temps, etc. C'est pourquoi les outils d’aide à la décision sont, selon moi, une clé pour allier quantité et qualité de production. Les robots de traite en sont un bon exemple.
M.A. : Qu’est-ce que la robotisation vous inspire ?
O.S. : La robotisation me parle, car j’ai déjà travaillé en élevage aux côtés de robots, et un aspect majeur peut, à mon sens, être mis en exergue : la réduction de la pénibilité du travail. Cela passe d’ailleurs pour moi devant l’augmentation de la production. Prenons par exemple le robot de traite. L’installation de cet outil sur une exploitation est principalement motivée par l’arrêt de la tâche de la traite manuelle. Il en est de même pour les robots racleurs ou distributeurs d’aliment. Aussi, quand je pense robot agricole, je pense réduction du travail physique.
M.A. : Quelle est, selon vous, la ferme type du futur ?
O.S. : Je verrais bien un avenir qui va scinder les fermes. Je m’explique : je pense qu’une partie des exploitations va grossir et travailler avec la technologie, jusqu'à en être dépendante. Ce phénomène s’observe déjà, par exemple, avec les exploitations laitières de plus de 100 vaches, dépendantes des robots. À l’inverse, les petites exploitations, éventuellement conduites par un « double actif » afin de conserver les hectares familiaux, perdureront.
M.A. : Si le climat évolue selon les prédictions des scientifiques, quel(s) changement(s) voyez-vous dans votre domaine ?
O.S. : En ce qui me concerne chez Agco, je pense que la segmentation va changer. En effet, les mêmes modèles ne seront peut-être plus vendus aux mêmes endroits. Un phénomène qui, à mon sens, va s’intensifier est celui des fenêtres météorologiques de plus en plus courtes. Par conséquent, les agriculteurs vont avoir besoin de matériels de plus en plus gros afin de travailler de plus en plus vite. Par ailleurs, les pratiques culturales et les cultures évoluent dans les régions, du fait de pics de chaleur accrus et d’une pluviométrie aléatoire. Cela entraînera, je pense, la vente de nouveaux matériels dans de nouvelles régions.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :