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Machinisme de demain, un défi humain !  L'Ara d'Ecorobotix permet d’économiser jusqu’à 95 % de phytos

Depuis près de deux mois, Jean-Marc Tromp utilise l’Ara d’Ecorobotix pour traiter en localisé 160 ha d’oignons.
Depuis près de deux mois, Jean-Marc Tromp utilise l’Ara d’Ecorobotix pour traiter en localisé 160 ha d’oignons. (©J.M.)
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Jean-Marc Tromp est gérant de La Ferme de l'Angluse, dans le Loiret, une exploitation agricole de 200 ha en blé, orge, tournesol et maïs. En parallèle, il cultive 160 ha d'oignons, d'échalotes et de bulbilles en contrat de culture. Pour réduire ses « IFT » et répondre à la demande de produits certifiés « Haute Valeur environnementale » (HVE) notamment, l’agriculteur a choisi d’opter pour un pulvérisateur ciblé du Suisse Ecorobotix.

« Quand on a vu le fonctionnement de la machine pour la première fois, c’était bluffant, avec des impacts de produit sur toutes les mauvaises herbes », raconte avec enthousiasme Jean-Marc Tromp, agriculteur à Nargis, dans le Loiret, sur 200 ha. C’est après une démonstration réalisée à l'automne par son concessionnaire que l’agriculteur a sauté le pas et acheté l’Ara d’Ecorobotix. Ce pulvérisateur localisé d’origine suisse se déploie progressivement en France et s’intègre dans la dynamique de réduction des produits phytosanitaires. Ces derniers étant de moins en moins efficaces, particulièrement les antigraminées, l’agriculteur s’est lancé sans attendre d’éventuelles subventions. « Aujourd’hui, on produit des oignons pour les grandes surfaces, et il faut être certifié HVE, nous devons alors réduire nos IFT [indicateurs de fréquence de traitements phytosanitaires] », explique l’exploitant. Grâce à l’analyse d’images en direct par l'intelligence artificielle (IA), l'Ara détecte les cultures et les adventices. Récompensé en 2022 aux Sima Innovation Awards, le pulvérisateur fonctionne sur des cultures maraîchères telles que les carottes et les salades, mais aussi en grandes cultures, sur betteraves et colza, ou encore sur les vivaces dans les prairies.

Une buse tous les 4 cm

L’Ara est composé de trois modules de 2 m, bénéficiant chacun de deux caméras, l'une en couleur et l'autre 3D, qui captent 25 images par seconde. L’ensemble est piloté par un programme de traitement d’images par IA. Pour le fonctionnement des caméras, des rampes de pulvérisation ciblée et de la pompe, la prise de force alimente une génératrice d’électricité.

Chaque élément bénéficie d’un bloc comprenant les caméras couleur et 3D, ainsi que les flashs lumineux pour capter une dizaine d’images par seconde. ( © J.M.)

Les jets, espacés de 4 cm, sont placés sur une rampe, qui adapte automatiquement sa hauteur selon le terrain.

Le pulvérisateur ciblé se compose de 356 buses, espacées de 4 cm, sur des rampes réglables automatiquement en hauteur. ( © J.M.)

« Côté logiciel, c’est très intuitif avec la tablette en cabine », apprécie Jean-Marc Tromp. Celle-ci permet de choisir le type de produit pulvérisé – antidicotylédone, antigraminées ou insecticide – ainsi que le mode de fonctionnement : traitement sur toute la planche, sur l'interrang ou sur le rang.

Sur la tablette en cabine, l'utilisateur choisit le mode d’application du pulvérisateur et visualise les doses épandues en direct. ( © J.M.)

Le relevage avant du New Holland T6 de 150 ch transporte une réserve d’eau claire de 500 L et une seconde cuve de 200 L pour la bouillie. Le poste de mise en œuvre se compose de vannes manuelles pour l’ensemble des actions : remplissage, mélange, vidange… Pour déterminer les quantités de mixture à préparer, l'utilisateur doit effectuer un passage à vide dans le champ afin d'en estimer le salissement. « Les caméras détectent la quantité d’adventices, et la solution indique le litrage nécessaire à l'hectare, complète l’exploitant. Même s’il peut y avoir des disparités de salissement sur une parcelle, on tombe relativement bien au niveau des quantités. »

Le relevage avant accueille une réserve d’eau claire de 500 L et une seconde cuve de 200 L pour la bouillie. ( © J.M.)

Jusqu’à 95 % d’économie

Comme elle produit des oignons pour les grandes surfaces alimentaires, La Ferme de l’Angluse doit adapter ses pratiques et réduire ses quantités de produits phytosanitaires afin d'être en conformité avec le label HVE. « C'est avec une machine comme l'Ara que nous y parviendrons, car, comparée à la pulvérisation en plein, sa technologie ciblée permet des économies de produits comprises entre 75 et 95 %, selon le salissement du champ », précise Jean-Marc Tromp. « Auparavant, nous avions uniquement un pulvérisateur classique et traitions en plein sur la surface totale, ajoute-t-il. Avec les produits que nous utilisons, nous voyions souvent les oignons se coucher par l'absorption du produit. Aujourd'hui, en traitant en localisé avec l'Ara, nous observons que l'oignon n’est pas touché, ou très peu. » L'exploitant estime alors que le produit sera de meilleure qualité, avec probablement de meilleurs calibres, car la culture pousse avec moins de stress. « Certaines plantes comme les graminées sont difficiles à combattre. L'idée, avec une telle machine, c'est d'augmenter la dose sur la cible, explique-t-il. Par exemple, sur une mauvaise herbe donnée, le pulvérisateur appliquera le double d’une dose classique lors d’un passage à plein. »

Le pulvérisateur travaille sur 6 m de large à 7,5 km/h et atteint un débit de chantier d’environ 25 ha par jour. ( © J.M.)

Nouvelle organisation du travail

« C'est une machine avec laquelle on apprend à travailler, contrairement à un pulvérisateur classique qui nous permet de traiter 70 ha en peu de temps. En faisant une belle journée avec l'Ara, le débit de chantier avoisine les 20-25 ha », indique le Loirétain. Le tracteur évolue à seulement 7,5 km/h, mais les travaux de pulvérisation ciblée peuvent s'effectuer dans toutes les conditions, de jour comme de nuit, et même par temps venteux. En effet, grâce à ses bâches, réglées pour passer juste au-dessus de la végétation, l’Ara peut traiter facilement malgré des vents à 25-30 km/h. Autre avantage du système : la captation d’images se situe dans une structure hermétique à la lumière et ne peut donc pas être perturbée par les rayons du soleil.

« Je dirais que, pour le moment, l'Ara ne va pas remplacer le pulvérisateur classique, mais c'est un autre travail. Il faut composer avec les deux appareils. Dans le cas d’un champ très sale, il sera préférable de faire un passage avec la rampe classique de 38 m pour ne pas perdre de temps, indique Jean-Marc Tromp. Mais en se projetant dans l’avenir, je pense que nous aurons certainement deux machines de pulvérisation ciblée pour l’entièreté de la surface, qui remplaceront un pulvérisateur classique. »

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