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Machinisme de demain, un défi humain !  Créava Design : L'esthétique répond à la technique

Arnaud Balduc et Cyrille Egon conceptualisent des pièces et des engins pour des constructeurs de machines agricoles.
Arnaud Balduc et Cyrille Egon conceptualisent des pièces et des engins pour des constructeurs de machines agricoles. (©M.H.)
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Cuves, capots, robots autonomes… L’entreprise Créava Design collabore avec divers grands noms du machinisme agricole pour la réalisation du design de leurs machines. Elle propose des lignes épurées et fluides pour une touche esthétique sans pénaliser la fiabilité et l’ergonomie des engins.

Des machines agricoles faciles à utiliser, sécurisées, abordables, écologiques et avec une bonne tenue dans le temps, tels sont les critères auxquels doivent répondre aujourd’hui les constructeurs. Pour les aider à imaginer, concevoir ou perfectionner leurs engins, Cyrille Egon met à leur disposition ses compétences en design industriel. Ce fils d’agriculteur, originaire du Mans, a fait ses premières armes chez Matrot Équipements avant de se lancer en tant qu’indépendant en 2010. Il crée alors Créava Design, une société de design industriel spécialisée dans l’agricole et installée à Vertou (Loire-Atlantique), près de Nantes. Depuis, Cyrille Egon collabore avec de nombreux constructeurs français. Il a par exemple participé à l’élaboration de nouvelles cuves pour les pulvérisateurs Berthoud, Matrot et Caruelle-Nicolas, du groupe Exel Industries, ou encore mis au point des ordinateurs de bord pour le groupe Agco. Dernièrement, il s’est lancé dans la conception de robots autonomes pour l’entreprise ligérienne Sitia. Depuis 2021, il a été rejoint par Arnaud Balduc, spécialiste du design de véhicules de transport.

Du dessin à la 3D

« Notre objectif est de proposer un design qui synthétise au mieux les attentes des pôles technique et marketing d’une entreprise agricole. D’un côté, la machine doit être esthétique pour être vendue. De l’autre, il faut qu’elle soit simple à produire, à utiliser et à réparer, qu’elle vieillisse bien et soit abordable financièrement », présente Cyrille Egon.

Dans un premier temps, l’équipe de Créava Design reçoit du bureau d’études un modèle 3D de l’outil habillé ou désossé, le tout accompagné d’une description de ses fonctionnalités.

« À partir de là, nous rencontrons des agriculteurs qui utilisent une version plus ancienne de la machine pour comprendre leur interaction avec celle-ci et ainsi identifier des pistes d’amélioration, explique Arnaud Balduc. Nous dessinons ensuite à la main plusieurs versions de l’engin, qui intègrent l’ensemble des éléments souhaitées. »

Les visuels sont ensuite incorporés dans des logiciels de conception graphique pour l’ajout de couleurs ou de stickers représentant l’identité de la marque. Le tout est ensuite modélisé en trois dimensions puis imprimé en 3D pour étudier l’agencement réel des formes proposées avant validation. Au moment de l’achat par le client final, le design peut ainsi représenter jusqu’à 20 % du prix de l’outil.

De la fonction à la forme

En design, aucun trait n’est le fruit du hasard. Les formes d’une machine s’expliquent toujours selon sa fonction et sa symbolique.

« Pour un pulvérisateur, par exemple, l’important est de montrer sa performance, poursuit Cyrille Egon. Nous privilégions ainsi des formes rondes et généreuses pour la cuve. Il faut également que la visibilité à l’arrière du tracteur soit optimale, c’est pourquoi on retrouve la présence d’une arête et d’un biseau à l’avant de l’outil. »

Dessin du pulvérisateur Stilla de Caruelle-Nicolas (© Créava Design)

 

 

Pour le modèle Stilla de Caruelle-Nicolas, le designer a notamment exploité la largeur d’un bouchon de remplissage, placé sur le côté de la cuve, pour installer un passage de roue qui protège la machine des écoulements. À l’inverse du pulvérisateur qui se veut imposant, ce sont plutôt la discrétion et le camouflage qui caractérisent les robots.

« Le Trektor de Sitia est destiné au désherbage dans les cultures spécialisées et cherche à se fondre dans le paysage, d’où son allure de scarabée vert. »

Représentation graphique de Trektor. (© Créava Design)

La motorisation hybride, nécessitant la présence de grosses batteries à l’arrière du véhicule, a aussi joué dans le choix de son apparence.

« Afin de gommer l’impression d'une machine tombant à la renverse, nous avons donné au Trektor un profil plongeant vers l’avant. »

Les réglementations ont, quant à elles, conditionné le placement des capteurs optiques.

« L’automate doit être équipé de feux, renseignant sur l’état de veille ou de marche, visibles quel que soit l’angle depuis lequel l’utilisateur observe la machine. D’où la disposition de blocs optiques à l’avant et à l’arrière de l’engin. »

Demain, une ruche d’engins connectés ?

Le designer industriel accompagne ainsi les changements techniques, sociaux et environnementaux auxquels font face les constructeurs. Quel regard porte-t-il alors sur l’avenir du machinisme ?

« La pénurie de main-d’œuvre, l’augmentation de la démographie et le réchauffement climatique rendent incontournable l’usage de robots, avancent Cyrille Egon et Arnaud Balduc. Il est vraisemblable que nous voyions fleurir de plus en plus de drones de surveillance des cultures ainsi que des technologies de précision pour le désherbage ou la fertilisation. »

La ferme du futur pourrait être composée d’une multitude de robots et de véhicules autonomes connectés entre eux, fabriqués en matériaux écologiques comme les fibres de maïs ou de lin, en remplacement du verre, et équipés de petites batteries rechargeables.

« En ce qui concerne le tracteur, nous pensons qu’il serait intéressant qu’il devienne un véhicule universel, équipé d’un châssis commun sur lequel se connecteraient des sous-ensembles modulables. Pour les travaux nécessitant beaucoup d’énergie, on pourrait imaginer greffer un moteur puissant, hybride ou issu de nouvelles technologies (méthane, hydrogène), avec de grandes roues ; et pour les autres tâches, un fonctionnement sur batteries avec des roues plus petites. »

L’idée est lancée, ne reste plus qu’à l’inventer !

 

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