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Agrivoltaïsme : le soleil au service de l'élevage  SAS Bizet Yoann : « Mon ombrière me permet de remettre les vaches à l’herbe »

SAS Bizet Yoann : « Mon ombrière me permet de remettre les vaches à l’herbe »
(©© TSE)
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Yoann et Daphné Bizet, polyculteurs-éleveurs en Normandie, ont installé une ombrière au-dessus de 3 ha de prairies dans le but de remettre leurs vaches laitières à l’herbe. Cette installation, fournie par la société TSE, offre aux animaux une large surface à l’ombre lors des fortes chaleurs estivales.

« J’ai fait installer une ombrière photovoltaïque au-dessus de 3 de mes 150 ha dans le bocage pour relancer un pâturage tournant dynamique pour mes 120 prim'holsteins », explique Yoann Bizet, agriculteur en Normandie. Déjà familiarisé avec la production d’énergie, il possède également une unité de méthanisation de 500 kW en cogénération. Cette dernière fonctionne uniquement avec des déchets issus de l’élevage et alimentaires. Elle profite à sa stabulation puisque la chaleur émanant de l’unité est recyclée pour sécher les fourrages et chauffer le bâtiment. Dans cet esprit, lorsque l'éleveur s’intéresse à l’agrivoltaïsme, c’est avec l’objectif, dans un premier temps, de le mettre au service de sa production agricole. Il se tourne ainsi vers la société TSE et sa solution d’ombrière dans le cadre d'un projet expérimental visant à relancer le pâturage de ses prairies.

Les bêtes au centre du projet

Yoann Bizet avait en effet cessé de faire pâturer ses vaches il y a une dizaine d’années, constatant des problèmes de santé au sein du troupeau pouvant aller jusqu’aux coups de soleil. Les regroupements d'animaux sur les petites zones ombragées, à cause de la chaleur, empêchaient l’ingestion d’un fourrage de qualité. Avec la solution d’ombrière en canopée, environ 40 % de la surface de la parcelle est couverte par l’ombre des panneaux photovoltaïques. Mobiles, ces derniers suivent le soleil d’est en ouest. Toute la surface bénéficie de la lumière et de l’ombre au cours de la journée. « La zone d’ombre se déplace, et les vaches avec elle. Elles pâturent ainsi la parcelle de manière homogène », explique l'éleveur. Lorsqu’ils détectent la pluie, les panneaux se positionnent à la verticale pour que l’intégralité de la surface bénéficie de l’apport d’eau afin, là aussi, de créer une pâture régulière.

L’agriculteur a divisé les 3 ha sous l’ombrière en six carrés, dont un, mis en culture de maïs, avec une rotation tous les cinq ans. Pour lancer un pâturage tournant dynamique, les vaches changeront de lots tous les trois jours. Celles-ci quitteront la stabulation après leur passage dans le robot de traite, dont la sortie donne sur le carré de pâture. Le reste du troupeau sera accompagné vers l’extérieur à une heure définie. Les animaux seront libres de rentrer dans le bâtiment à tout moment grâce à la porte automatique. Ils choisissent donc leur temps de pâturage.

Pour mesurer l’efficacité de cette nouvelle stratégie, l’éleveur souhaite mettre un tiers de son troupeau sous les ombrières et les deux tiers restants dans une prairie classique. L’institut de l’élevage Idele, partenaire de l’expérimentation, relèvera régulièrement les données de bien-être animal, d’alimentation et de qualité du lait des deux troupeaux fournies par le robot de traite afin de les comparer. « L’élément le plus important pour moi est la qualité du lait et la présence ou non de cellules dans celui-ci », explique l’éleveur.

Continuer la production de fourrage et de cultures

Nichés à une hauteur de 4 à 6 m, les panneaux photovoltaïques reposent sur des rangées de poteaux espacées de 27 m. « Je souhaitais que l’implantation des panneaux ne gêne pas la production de fourrage et de maïs, car, grâce à notre système de séchage, nous réalisons jusqu’à huit coupes par an. Il était donc essentiel de pouvoir continuer à entrer dans la parcelle avec les machines pour assurer les travaux de récolte, de mise en culture, de travail du sol et d’apports d’intrants et de traitements, raconte l’agriculteur. De plus, cette installation va perdurer dans le temps, et la génération suivante voudra peut-être changer de type de production. Il était donc primordial d’anticiper cela et d’utiliser une structure capable de laisser le champ libre aux changements. » À ce titre, la canopée et sa structure lui laissent suffisamment de place pour intervenir. Son groupe de fauche de 9 m entretient la prairie entre chaque ligne de poteaux en trois passages. Ses remorques autochargeuses se glissent, quant à elles, sous les panneaux afin de récolter la matière. Pour le maïs grain en revanche, la moissonneuse-batteuse passe tout juste, l'agriculteur confiant devoir fermer la trémie pour éviter tout risque d’accrochage avec les panneaux. Heureusement, la surface à récolter étant minime, ce détail n’impacte que peu l’avancée du chantier. L’épandage de lisier ou de digestat n’est pas non plus gêné. Les rampes des appareils de traitement ne peuvent toutefois pas dépasser les 27 m.

À l’instar des données analysées sur les animaux, l’institut devrait évaluer l'impact de la présence des panneaux sur le niveau de production végétale. Yoann Bizet espère plus de biomasse, en raison de la diminution du stress thermique. Dans tous les cas, la présence de l’ombrière devrait allonger la période de pâturage puisque la canopée promet de protéger la prairie du soleil, assurant un fourrage de qualité même en condition caniculaire.

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