Implantée dans le parc naturel régional du Perche, à Coudray-au-Perche (Eure-et-Loir), l’exploitation agricole de la famille Leveau a subi de plein fouet la crise porcine de 1988. Les Leveau décident alors de se diversifier et obtiennent le marché de la collecte des boues issues de la station d’épuration de Nogent-le-Rotrou. La société Valmat, dédiée à la valorisation des effluents d’élevage et aux travaux publics, voit alors le jour et grandit au fil du temps. À tel point que l’activité d’épandage, emmenée à présent par Édouard Leveau et Cédric Herbelin, responsable épandage, compte 13 salariés et quelques saisonniers intervenant dans un rayon de 110 km autour de Coudray-au-Perche. L’entreprise y assure l’épandage d’effluents d’élevage liquides comme solides, de digestats et de boues de la station d’épuration.
Dans un premier temps, l’ETA développe un savoir-faire dans l’utilisation des tonnes. En 2005, elle réalise même ses épandages liquides à l’aide de TerraGator équipés de pneus larges de 1 050 mm afin de limiter le tassement des soQuelques années plus tard, l’apparition du « cordon traîné » – une technique d’épandage sans tonne – révolutionne l’épandage d’effluents organiques. Édouard et Cédric expérimentent donc cette méthode en assemblant eux-mêmes différents composants, qu’ils améliorent au fil du temps, conduisant à l’abandon progressif des TerraGator qu’ils jugent alors trop lourds. Ils constituent tout d’abord un ensemble d’épandage avec une bobine de tuyau à l’avant du tracteur et une rampe d’épandage à l’arrière. Puis ils collaborent peu à peu avec les marques Listech et Vogelsang pour leurs ensembles. Aujourd’hui, l’équipement accueille un groupe de pompes Matuboc permettant d’envoyer 190 m3/h de matières liquides (lisier, digestat ou boue), depuis les lagunes ou le caisson mobile Agroland, vers le tuyau d’épandage de 1 100 m de long et de 114 mm de diamètre. « C’est un bon compromis entre le débit souhaité et la capacité du tracteur, un Fendt 724 de 240 ch, tire le tuyau. Avec un diamètre supérieur, nous serions obligés de jumeler le tracteur pour accroître l’adhérence, mais nous évitons ce choix en raison des nombreux déplacements entre parcelles », explique Édouard Leveau. L’épandage est réalisé majoritairement en ligne et parfois en oblique, à l’aide d’une rampe à pendillards de 18 m, qui peut aussi épandre sur 15 m, suivant les conditions parcellaires.

Un autre système sans tonne complète même la flotte. Avec une largeur de travail pouvant varier de 24 à 36 m, l’épandage de type « Du@ferti » se réalise en mode aller-retour à l’aide d’une bobine traînée et d’une rampe à tronçons mobiles. Ici, il est impératif de rester exclusivement dans les passages de traitement et le long des lignes de semis pour éviter d’abîmer la culture en place. Le tuyau est débobiné au fur et à mesure du passage « aller », au cours duquel l’épandage est réalisé sur les tronçons extérieurs de la rampe uniquement. En bout de champ, l’opérateur fait marche arrière grâce à un essieu directeur sur la bobine guidé par GPS-RTK. Le tuyau se rembobine, et seuls les tronçons intérieurs de la rampe injectent du produit.

Pour alimenter ces systèmes d’épandage cordon-Listech et Du@ferti, des tonnes de 26 000 L assurent les navettes entre les stockages des différentes exploitations clientes et un caisson déposé en bout de champ.
Deux dispositifs « sans tonne » complémentaires
L’année 2024, particulièrement humide, a « boosté » l’activité sans tonne, quel que soit le dispositif utilisé, « cordon-Listech » ou Du@ferti : 68 400 m3 contre 30 000 m3 en 2023 pour le premier ; 46 800 m3 contre 21 500 m3 en 2023 pour le second. L’objectif de Cédric et de son équipe est d’épandre 1 200 m3 en moyenne à la journée en système « cordon-Listech » et 1 000 m3 en système Du@ferti.

« L’avantage du cordon est que l’ensemble est plus léger et moins coûteux que le système Du@ferti, ce qui permet de commencer plus tôt dans la saison. Pour le reste, il est difficile de passer au cordon après le stade épi 1 cm sur blé. La rampe Du@ferti est donc un bon relais en saison, nous autorisant à épandre à des stades culturaux plus avancés. Nous pouvons réaliser le dernier apport au stade 2 nœuds sur blé et 8 feuilles sur maïs ! »
Des tonnes d’épandage pour décupler les débits de chantier
En conditions sèches, et dans de plus petites parcelles, l’équipe de Cédric Herbelin utilise aussi les tonnes d’épandage classiques. En plus de compléter l’offre de prestations, cela permet à l’entreprise de décupler les capacités lors des plus grosses périodes d’épandage. « Nous intervenons avec l’équipement que souhaite le client. À chaque matériel correspond un tarif au m3, auquel nous ajoutons une plus-value au kilomètre et en cas d’enfouissement », précise-t-il.