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Drones en agriculture  UseDrone : un drone pour analyser la nature de ses sols

UseDrone : un drone pour analyser la nature de ses sols
(©UseDrone)
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Céréalier à Écoust-Saint-Mein, dans le Pas-de-Calais, Éric Tantart exploite une centaine d’hectares de SAU en agriculture conventionnelle. Depuis plus de trois ans, il fait appel à UseDrone, un prestataire en cartographie des sols par drone, pour bénéficier d’une gestion de modulation intraparcellaire des engrais.

« Même en exploitant des terres peu hétérogènes, j’arrive à économiser en engrais et en phytos, et à amortir rapidement le coût de la prestation », explique d’emblée Éric Tantart, agriculteur en grande culture dans le Pas-de-Calais. Il cultive sur 105 ha de surface agricole utile (SAU) des céréales, des betteraves, du lin, des épinards et des haricots. Depuis 2020 et ses premières cartes de modulation avec UseDrone, l’exploitant a fait évoluer progressivement son matériel et ses méthodes de travail.

Éric Tantart, agriculteur dans le Pas-de-Calais, module ses apports d’intrants grâce aux outils de UseDrone. (©J.M.)

Moduler selon la nature et l’historique des sols

Contrairement à bon nombre de solutions existantes, proposant des cartes de modulation selon l’état de la végétation de la parcelle pendant le cycle, la société UseDrone, installée à Frémicourt (Pas-de-Calais), a choisi de se fonder sur la nature du sol au sein d’une même parcelle. Pour capter des images exploitables, l’intervention doit se faire sur sol nu et peut s'effectuer durant trois périodes : la première après les semis d’automne, la deuxième après un labour d’hiver et la troisième après une reprise de terre au printemps. « Ce qui est très important également, c’est d’avoir un sol humide de manière homogène ou alors complètement ressuyé, sinon cela vient perturber la captation », précise Michaël Montay, agriculteur et cofondateur de UseDrone.

Pour cartographier les parcelles, le prestataire UseDrone utilise un drone équipé d’un capteur multispectral. (©J.M.)

Pour l’observation aérienne des sols, l’entreprise s’appuie sur un drone équipé d’un capteur multispectral (RVB et proche infrarouge). La machine est guidée par GPS RTK selon la mission de vol programmée en amont, grâce aux contours Telepac. Une fois la captation réalisée, un algorithme, développé par l'entreprise, permet de restituer la brillance des sols et de mettre en évidence les différences de teinte au sein de la parcelle. « Ces différences sont ensuite transformées en parties distinctes dans la parcelle, que l’on va valider ou retravailler avec l’agriculteur », indique le double actif. Chaque zone est composée d'une terre de même nature et de même origine. Si une même zone possède un historique nettement différent (remembrement, pratiques culturales différentes…), celle-ci est découpée à nouveau.

L’application AgriDrone permet à l’utilisateur de créer ses cartes de modulation d’apport grâce à la cartographie des types de sols. (©UseDrone)

Des prélèvements de terre sont ensuite effectués selon l’hétérogénéité de la parcelle pour définir la nature des sols et leurs teneurs. « J’exploite des terres de limon, avec des variations de faiblement battant à battant, explique Éric Tantart. Une fois la carte créée, nous en sommes propriétaire. C’est un investissement durable sur dix ans, voire plus. En revanche, il faut renouveler les analyses de sol au moins tous les cinq ans pour rester cohérent dans ses apports. » L’ensemble des informations récoltées est intégré dans l’application baptisée « AgriDrone ». Celle-ci permet ensuite, en relation avec le Comité français d'étude et de développement de la fertilisation raisonnée (Comifer) et des semenciers tel Syngenta, de donner des préconisations de modulation d’engrais de fond ou de semis selon la culture.

Des économies significatives

« Grâce à la cartographie réalisée, la fumure de fond devient plus simple à mettre en place. Je génère mes cartes qui définissent les quantités d’engrais nécessaires et j’achète seulement ce dont j’ai besoin », estime Éric Tantart. L’agriculteur a, dans un premier temps, modulé ses apports en potasse et en phosphore en les épandant séparément. « Auparavant, j’apportais les deux éléments avec un “0.9.27” ; maintenant, j’épands du chlorure de potasse (K) et du superphosphate (P) », raconte-t-il. Il s’est alors équipé d’un épandeur Kverneland RO-XL Geospread avec modulation et pesée. « L’abonnement pour créer les cartes de modulation sur l’application s'élève à 650 € par an. En modulant mes amendements “PK”, j’économise plus de 900 €, sans compter ce que je gagne en rendement », se félicite l’exploitant.

Éric Tantart utilise également la solution AgriModule de UseDrone pour moduler sa pulvérisation. « J'ai modifié mon pulvérisateur Kuhn Metris 4100 pour passer d'une fermeture pneumatique en tronçons de 3 m à un système PWM de TeeJet. La fermeture buse à buse et la compensation en virage me permettent de moduler jusqu'à 15 changements dynamiques de dose le long de la rampe », explique-t-il. L’ensemble est compatible avec la régulation Isobus de Kuhn et piloté par une console Trimble GFX-750.

L’agriculteur a adapté son matériel pour la modulation, à l’image de son pulvérisateur, équipé en rétrofit d’un système PWM de TeeJet. (©J.M.)

« L’objectif était de pouvoir moduler du liquide de façon précise, que ce soient des herbicides en “spot spraying” [ciblé sur la mauvaise herbe, ndlr], des régulateurs, des fongicides ou même des oligoéléments », complète l’agriculteur. Il module ainsi son deuxième et son quatrième apport d’azote depuis cette année. « Je fais des reliquats d’azote au quad dans tous mes champs pour avoir une valeur de base et adapter mes apports. Après un premier passage en solide, j’effectue le deuxième en liquide pour moduler les doses en fonction du type de terre. » Le dernier apport, également modulé, est quant à lui basé sur une carte de l’état de la végétation, fournie par UseDrone grâce aux vues par satellite. L’agriculteur la complète sur l’application en utilisant un N-testeur selon les zones établies.

(©UseDrone)

Cette dernière permet également de repérer les zones infestées d'adventices pour une application ciblée. Éric Tantart l’utilise pour le repérage de chardons en y entrant manuellement les zones dans l’application. Sur 53 ha de blé, il n'a ainsi traité que 7,5 ha, dont 2 ha de sécurité pour les tours de champ, soit une économie de près de 15 %. Avec un antichardon à 1,8 L/ha, il économise alors environ 1 200 €. « Même si l'on y passe plus de temps, on voit que l’intérêt est bien présent avec ces outils », conclut Éric Tantart.

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