Siège électrique massant, chauffant et ventilé, trois repose-pieds, autoradio Bluetooth à écran tactile de 6,4” compatible Apple CarPlay, caméras avant et arrière, terminal additionnel, large frigo amovible, colonne de direction réglable selon trois niveaux… une atmosphère singulièrement luxueuse règne à bord de la dernière génération de tracteurs John Deere de la série 8R. Même la documentation commerciale, avec son dos carré et ses pages à onglets, fait entrer les potentiels acquéreurs dans un univers d’apparat. John Deere soigne l’image et l’accueil qu’il réserve à ses clients tout au long de la démarche d’achat. Sans aucun doute, les ingénieurs se sont attachés à apporter un maximum de confort au chauffeur lors du développement de cette nouvelle mouture. Pour faire l’essai du 8R 370, l’avant-dernier modèle de la gamme affichant 407 ch de puissance maximale, nous nous sommes rendus mi-juillet au sein de l’EARL de la Roche Ruffin, à Pamproux (Deux-Sèvres), sur l’exploitation de Thierry et Adrien Chargy. Au premier abord, le 8R en met plein la vue avec ses lignes anguleuses au niveau du capot moteur, des rétroviseurs et du toit de cabine lui conférant un look futuriste pouvant faire penser à un robot. Cette image de modernité est aussi renvoyée par ses signatures lumineuses autour des feux de route, son pack de feux à LED à 360° et ses bandes lumineuses, elles aussi à LED, trônant aux quatre coins de la cabine et faisant office d’éclairage d’accompagnement. Mais le meilleur du 8R se trouve à l’intérieur. Je monte à bord de l’engin afin d’effectuer les premières mesures du test. Je prends la route, direction le pont-bascule de la coopérative locale. L’impression de confort prédomine dès les premiers tours de roues. Le siège optionnel Active Seat II, bien épaulé par la suspension indépendante de pont avant, filtre efficacement les irrégularités de la route. Pour ceux qui en voudraient encore plus, une suspension mécanique de cabine figure au catalogue, mais elle n'est pas compatible avec ce siège haut de gamme. Un paradoxe qui n’en est pas un, selon John Deere, car l’accumulation des deux systèmes d’amortissement serait contre-productive. À l’approche d’une intersection où la visibilité est obstruée par un mur, j’apprécie grandement l’ajout d’une caméra à grand angle, à l’avant du capot moteur, offrant une vue imprenable sur le croisement de routes. Ainsi, je progresse sans la moindre hésitation. Au total, John Deere peut précâbler ou prémonter d’usine jusqu’à quatre caméras tout autour du tracteur.

Un levier sans reproche
Cette nouvelle génération de 8R accueille à son tour le levier multifonction CommandPro, inauguré sur les modèles de gammes inférieures. Ce joystick est tellement bien agencé que son incompatibilité avec une transmission autre que la variation continue AutoPowr ici essayée est véritablement regrettable. Il présente une ergonomie sans reproche, commande de nombreuses fonctions et s’avère paramétrable à souhait. À notre retour de la coopérative, ce levier, doté d’une fonction d’approche pour les manœuvres entre 0 et 2 km/h, facilite la tâche lorsqu’il s’agit de se positionner devant le banc moteur de la chambre régionale d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine ou, plus tard, pour atteler les outils. Un basculement vers la gauche et des impulsions vers le haut et le bas au niveau de ce levier, et le tracteur se déplace et s’immobilise quasiment au millimètre. L’essai se poursuit au champ avec le déchaumeur à dents et à disques Kuhn Performer, de 4 m de large. Les pièces travaillantes de l’appareil ne sont pas réglées trop profondément, au maximum à 15 cm, car la roche mère affleure dans la parcelle de blé tendre à déchaumer. Ainsi, le 8R n’éprouve aucune difficulté à emmener l’outil à une vitesse programmée de 12 km/h. Malgré l’absence de masse sur le porte-masse avant, mais avec plus de 3 t dans les roues arrière, le tracteur présente un bon équilibre, et sa capacité de traction ne semble jamais mise en défaut. Au champ, comme sur la route, le levier CommandPro se révèle très pratique à l’usage. Après avoir paramétré les différents interrupteurs du joystick, tout se commande du bout des doigts : activation de l’autoguidage GPS, vitesse de travail et de manœuvre, distributeur auxiliaire pour la montée et la descente de l’outil, inversion du sens de marche… Ce joystick autorise le paramétrage de tous ces boutons, excepté ceux de couleur orange dédiés à la transmission. De plus, chaque configuration s’enregistre dans le terminal, par utilisateur ou par outil.

Siège haut de gamme
Lorsque tout est réglé, l’utilisation de ce 8R au champ devient un jeu d’enfant. Le siège conducteur, pivotant désormais à 40° vers la droite (et à 25° vers la gauche), offre une excellente visibilité sur l’outil. Grâce à trois repose-pieds, disposés de part et d’autre de la colonne de direction et devant la console latérale, je peux me détendre en observant le travail accompli. Le siège massant, réglable selon plusieurs niveaux d’intensité, reste de l’ordre du gadget, selon moi, car, même si la fonction de massage peut sembler agréable les premières minutes, elle devient vite agaçante. Néanmoins, les fonctionnalités de ventilation et de chauffage s’avèrent séduisantes, et les réglages électriques autour de ce siège haut de gamme permettent de trouver la position de conduite idéale. Dans les bouts de champ, pour lever l’outil, diminuer l’allure, inverser le sens de marche puis activer l’autoguidage, je souhaite enregistrer une séquence de manœuvre afin de me faciliter la tâche. Malheureusement, cette opération ne s’opère pas encore au fur et à mesure du déroulement de la séquence. L’opérateur doit en effet enregistrer manuellement chaque séquence depuis le terminal, une opération fastidieuse à effectuer de préférence à l’arrêt. Néanmoins, lorsque celle-ci est paramétrée, elle peut être sauvegardée pour une utilisation ultérieure.

Comme dans un cocon
L’essai se termine par du pressage de paille avec une presse à très haute densité. L’attelage au tracteur est facilité par la fonction Isobus VT, pour terminal virtuel, de l’écran CommandCenter. Seul un branchement suffit à l’arrière du tracteur pour que, instantanément, les fonctions de la presse s’affichent. Le 8R de notre essai était même équipé d’un terminal additionnel permettant d’afficher d’un côté l’écran de travail de la presse et de l’autre celui du tracteur. Ce moniteur étendu, proposé à un tarif attractif, offre une dalle de 10” pour afficher plusieurs menus en même temps. Lors de ce test, la consommation en GNR est mesurée à l’aide d’un bidon dans lequel nous dévions le circuit d’alimentation et de retour du système d’injection. Le tracteur presse à trois reprises 25 balles de section 120 x 90 cm. Pour réaliser ce travail, il consomme à chaque répétition 19,2 L, soit 0,77 L par balle ou encore 4,1 L par heure et par tonne de paille pressée. Malgré un champ chaotique, le va-et-vient du piston dans la presse et une allure relativement soutenue de 18 km/h, le tracteur révèle, une fois de plus, l’efficacité de ses suspensions. Le confort est d’autant plus appréciable que le niveau sonore en cabine, malgré les bruits mécaniques de la presse et du régime moteur élevé pour maintenir la prise de force à 1 000 tr/min, est très bien maîtrisé. John Deere annonce en effet avoir travaillé sur ce point, notamment au niveau du pare-brise. Ce silence m’incite à allumer l’autoradio Bluetooth à écran tactile de 6,4” compatible Apple CarPlay. Cet équipement haut de gamme, monté en option, s’avère appréciable lorsqu’il s’agit de passer une communication téléphonique. Seul petit bémol : il ne se commande plus depuis le terminal CommandCenter, ou contrairement à l’autre version proposée de série.


Vidéo : Essai du tracteur John Deere 8R 370