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« À quoi pouvais-je bien m’attendre ? »
Cette question, je me la posais alors que je me rendais à l’usine automobile de Poissy (Yvelines) où le responsable du parc de presse de Citroën devait me confier les clés d’un ë-Berlingo. Je trouvais excellente l’idée que nous avions eue à la rédaction d’essayer des fourgonnettes électriques. À mon sens, ces véhicules pouvaient représenter, dans le contexte actuel d’explosion des prix des carburants, une solution particulièrement pertinente pour répondre aux besoins des agriculteurs. Ma première impression fut plutôt positive.

Le modèle prêté était une version à châssis long pourvue de deux portes latérales coulissantes. Ses caractéristiques – 4,4 m3 de volume de chargement, 2,17 m de longueur de fourgon, 1,22 m de largeur utile entre les passages de roues, 1,07 m de hauteur sous pavillon, 950 kg de charge utile –, strictement identiques à celles d’un modèle thermique équivalent, m’ont vite paru suffisantes pour charger une palette de sacs de semences, des pièces de rechange, de l’outillage, des petits animaux, ou encore pour assurer un tour de plaine, tout comme sa promesse de 275 km d’autonomie pour se déplacer sur le département. Sa sombre couleur gris platinum métallisé, une option facturée 500 €, n’est probablement pas celle que j’aurais personnellement choisie. En cette matinée de juillet particulièrement chaude, un blanc de base réfléchissant bien les rayons du soleil me semblait en effet mieux indiqué pour lutter contre la chaleur.

Le technicien de Citroën me montre où sont rangés les câbles de recharge et m’explique brièvement la conduite du véhicule. Proposé dans cette configuration à un tarif de 34 525 €, il est, à l’image des berlines modernes, équipé d’un démarrage mains libres : il suffit d’appuyer sur un bouton et de presser la pédale de frein pour démarrer. Seuls l’allumage du tableau de bord et de l’écran multifonction de 10” ainsi que le léger sifflement de la soufflerie de la climatisation m’indiquent que je suis prêt à partir. Pas de boîte de vitesses ni de pédale d’embrayage, le ë-Berlingo se conduit comme toutes les voitures automatiques. À ma droite, je trouve l’interrupteur d’inversion de marche qui, fidèle à la logique très discutable de ce type de commande, se bascule en avant pour enclencher la marche arrière et en arrière pour avancer. Si j’ai le moindre doute, les indicateurs lumineux R, N et D rappellent le sens de déplacement.
Un réel agrément de conduite
Me voilà parti. Après quelques manœuvres dans le parking encombré de Poissy, un geste de remerciement au vigile de faction, j’arrive à un premier rond-point. Un coup d’œil à gauche, je laisse passer un camion et m’engage. Il ne me faut pas traîner, la circulation est dense. Aucun problème, le véhicule se montre réactif et n’éprouve aucune difficulté à s’intégrer. Même chose quelques centaines de mètres plus loin lorsque je dois m’immiscer dans le flux d’une quatre-voies. Je suis en route pour rejoindre la ferme qui nous accueille pour conduire nos essais, à Barcy, en Seine-et-Marne. Le GPS indique ma destination à 91 km et une durée de 1 heure 20. Tout va bien, la batterie du Berlingo a été bien chargée par les services de Citroën et j’ai plus de 240 km d’autonomie.

Ce premier parcours alternant des routes départementales, des quatre-voies et des traversées d’agglomérations me permet de prendre en main le véhicule. Le dessin du volant et de la planche de bord appartient à l’univers actuel de Citroën. Je retrouve des formes inaugurées sur la C3. Devant moi, je dispose d'un afficheur tête haute bienvenu pour surveiller sa vitesse sur les axes très contrôlés que je m’apprête à emprunter. Les doigts de ma main droite retrouvent des interrupteurs de limiteur et régulateur de vitesse qu’ils connaissent bien. Des modèles identiques sont installés depuis plus d’une dizaine d’années sur les voitures du groupe PSA. À gauche, l’écran multifonction me permet de régler la radio, d’accéder à un navigateur GPS ou de consulter des diagnostics de fonctionnement et des paramètres de charge. Je branche mon smartphone sur la prise USB. Immédiatement, un écran me propose de charger une application Apple ou Android pour basculer en mode miroir. Je poursuis ma route. La climatisation rafraîchit l’habitacle. La motorisation électrique est inaudible et, en tout cas, largement couverte par les bruits de roulement et de climatisation. Je n’ai pas besoin d’augmenter le volume sonore de la radio pour me tenir au courant de la folie du monde.

Je m’habitue petit à petit à la voiture. Ses accélérations s’avèrent franches, quelle que soit l’allure. Je découvre les agréments d’une transmission intégralement continue. Inutile de chercher un rapport inférieur pour déboîter et doubler. Dans les ralentissements, je n’ai besoin ni de rétrograder pour m’arrêter ni de monter les rapports pour trouver la vitesse de croisière. Un vrai bonheur sur les axes surchargés de la région parisienne que je suis en train de traverser d’ouest en est. La position de conduite haute, comparable à celle d’un SUV, offre un point de vue correct sur l’environnement routier. Je profite d’un arrêt sur une aire d’autoroute pour éprouver la sortie d’un stationnement en épi en marche arrière. Plus que les deux larges rétroviseurs, c’est l’écran vidéo faisant office de rétroviseur intérieur qui se révèle le plus efficace. Dommage qu'à chaque démarrage le chauffeur doive appuyer sur un bouton pour exprimer son plein accord avec les règles de bon sens présidant à son usage.
Deux chevrons de différence
Me voilà arrivé à Barcy, où je retrouve mes collègues. Nous alignons le Berlingo avec le Peugeot Partner et le Toyota Proace que nous avons chacun empruntés. Quel est le meilleur ? Ils ont tous les trois la même base mécanique et sont fabriqués dans la même usine. J’ai envie de préférer le Citroën, d’abord pour les chevrons qu’il partage avec les mythiques C15 qui ont laissé tant de bons souvenirs dans les zones rurales, ensuite pour sa planche de bord et son affichage tête haute.

Mais je pense que, dans la vraie vie, s’il me fallait choisir, je demanderais une proposition aux concessionnaires des trois marques et retiendrais soit le mieux-disant, soit celui me laissant la plus grande impression de confiance.