Comparatif tracteurs standards  10 tracteurs de 130 ch au chargeur : le protocole en détails

10 tracteurs avec leur chargeur se sont fait face lors de notre comparatif du 9 au 20 juin à la manutention et au transport.
10 tracteurs avec leur chargeur se sont fait face lors de notre comparatif du 9 au 20 juin à la manutention et au transport. (©J.M.)
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Tout juste six mois après la publication de notre comparatif de tracteurs de 300 ch, plutôt réservés à la grande culture, la rédaction et ses partenaires remettent le couvert. Notre nouveau comparatif géant met à l’honneur les tracteurs d’élevage puisque, cette fois-ci, c’est le segment des compacts de 130 ch avec chargeur frontal qui passe l’épreuve de notre protocole.

Cette année, ce sont les tracteurs compacts équipés d’un chargeur frontal qui passeront les différentes épreuves de notre protocole de comparaison. Un peu oubliés ces derniers temps au profit des fortes puissances, ces engins cumulent pourtant un grand nombre d’heures dans les exploitations de polyculture-élevage. Les agriculteurs y passent le plus clair de leur temps pour circuler dans les bâtiments, réaliser des travaux de fenaison, au champ ou de transport par exemple. Compacts, maniables et puissants, ces tracteurs ont pour point fort leur polyvalence. Ces dernières années ont d’ailleurs vu de nouvelles marques s’implanter sur le marché des tracteurs standards en commençant par ce segment (à l’image de Kioti, LS, Tim…). Pour les autres, les dernières générations de ces tracteurs ont peu à peu accueilli les technologies et les environnements de cabine de leurs grands frères plus puissants. Il était donc temps pour l’équipe de Matériel Agricole de les mettre à l’épreuve à l’occasion d’un comparatif ! Celui-ci s’est tenu sur deux semaines, du 9 au 20 juin 2025, sur l’exploitation de polyculture-élevage du lycée agricole de Magnac-Laval, dans la Haute-Vienne.

10 tracteurs à l’épreuve

Afin d’avoir l’éventail le plus large de participants, nous avons contacté tous les constructeurs proposant un tracteur dans ce segment de puissance. Bien que les équipes des fabricants et leurs parcs de démonstration soient légers, ils ont été nombreux à participer. Nous tournerons ainsi avec : un Case IH Vestrum 120 ActiveDrive 8, un tout nouveau John Deere 6M 115 AutoPowr, un Massey Ferguson 5S.135 Dyna-6, la version 2025 du Deutz-Fahr 6125 C RVshift, un Valtra G135 Versu, un Fendt 314 Vario FendtOne, le New Holland T5.120 Dynamic Command (le tracteur de l’exploitation qui nous accueille), un McCormick X6.413 P6-Drive, le très rare montagnard Lindner Lintrac 130 et le nouveau venu sur le marché, le Kioti HX1402. Si certaines marques sont absentes, elles ont bien été contactées mais n’ont pas souhaité participer. L’éventail de constructeurs présents dans ce comparatif nous permet de couvrir une très large partie du marché. Les tracteurs arborent des configurations différentes en fonction des disponibilités. Ainsi, certains d’entre eux posséderont des transmissions à variation continue, tandis que d’autres disposeront d’une semi-powershift classique ou robotisée. Cependant, tous sont pourvus de leur option maximale concernant la pompe hydraulique. Dans un souci d’égalité, la benne à grappin multiservice est la même pour tout le monde, le spécialiste des outils de manutention Magsi ayant mis à notre disposition un modèle de 2,1 m en attelage Euro et son jumeau en interface MX. De même, pour le transport, Leboulch nous a confié une benne à simple essieu Gold2 XL 47S16 qui passera d’un tracteur à l’autre à plusieurs reprises au cours de l’essai (fort heureusement, son attelage est un jeu d’enfant).

Magsi a mis à notre disposition deux bennes à grappin de 2,1 m de large (Euro et MX) pour que tous les tracteurs soient sur un pied d'égalité. Pour le transport, Leboulch nous a prêté une benne Gold2 XL 47S16. (© J.M.)

Un protocole spécial pour maximiser le nombre de mesures

Comme pour le comparatif des tracteurs de 300 ch, nous avons reçu l’appui de la chambre d’agriculture de la Creuse par l’intermédiaire de son conseiller machinisme Stéphane Grand. Évoluant dans le secteur de l’élevage, ce dernier est un spécialiste de ce segment de puissance. Il a conçu et organisé le protocole de mesure de la consommation des tracteurs à la manutention. L’exploitation du lycée qui nous reçoit dispose, pour sa part, d’une stabulation dédiée à l’engraissement de taurillons divisée en deux par le couloir d’alimentation. Chaque côté est doté de dix cases et de deux entrées.

Les tracteurs ont curé deux cases chacun. Si la première se situait au plus près d’une des deux entrées de la stabulation, la seconde était alors la plus éloignée de l’autre entrée afin que tous parcourent la même distance pour curer puis décharger dans la remorque. Deux chauffeurs se sont succédé, l’un à la conduite dite « économique » et l’autre au pied plus « lourd », afin d’évaluer dans les deux cas les répercussions sur la facture de carburant. Didier Langlois, de la chambre d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine, ayant relié au préalable les tracteurs à des bidons pour y puiser leur GNR, ceux-ci ont pu être pesés avant puis après chaque opération. Le résultat de la consommation a été analysé à l’heure, puis à la tonne de fumier chargée. En effet, après chaque case curée, la remorque Leboulch remplie a été pesée au départ et à l’arrivée du parcours vers le tas, situé à un peu moins d’une dizaine de kilomètres. À chaque changement de tracteur à la manutention, elle est passée de l’un à l’autre de manière à mesurer la consommation au transport. Là encore, deux passages et deux chauffeurs, l’un au pied lourd, l’autre à la conduite plus économique.

Le circuit de GNR des tracteurs est détourné pour puiser le carburant dans un bidon pesé avant et après chaque activité avec un peson précis, au gramme près, afin de connaître la consommation. (© J.M.)

Enfin, pour réaliser une mesure à charge égale, nous avons rempli la remorque de terre au maximum de sa charge utile, puis nous l’avons attelée tour à tour aux dix tracteurs du comparatif qui ont tous réalisé le même parcours routier, cette fois avec un seul et même chauffeur. Nous avons ainsi obtenu pour chaque tracteur trois mesures de consommation routière et deux mesures de consommation à la manutention.

Tous les tracteurs sont ensuite passés au banc de puissance de Didier Langlois afin de connaître la puissance réelle à la prise de force, mais aussi le débit hydraulique maximum. Pendant ce passage, un membre de la rédaction en cabine a mesuré l’intensité sonore ressentie à bord à l’aide d’un sonomètre aux différents régimes moteur. Pour aller plus loin, nous avons également réalisé une seconde mesure de l’intensité sonore sur un petit parcours routier autour de l’exploitation présentant un gros faux plat. L’objectif était ici d’évaluer l’impact des passages de rapport de transmission sur le son ressenti en cabine.

Lors du passage au banc de puissance, l'équipe relève également le débit hydraulique et l'intensité sonore ressentie en cabine. (© J.M.)

Enfin, nous avons pris les cotes de chaque tracteur afin de comparer leurs mensurations, ainsi que leur rayon de braquage pour déterminer lequel était le plus agile. Nous avons également testé la force de levage maximale des chargeurs et mesuré les temps de cycle de chacun d’eux au débit hydraulique maximum et à deux régimes moteur.

À l'aide d'une pelle mécanique prêtée par la société Rivet TP, nous coinçons une sangle qui, reliée à un dynamomètre et à une élingue, nous permet de mesurer la force de levage maximale des chargeurs. (© J.M.)
Les tracteurs et leur rayon de braquage sont mesurés afin de déterminer mensurations et maniabilité. (© J.M.)

Visibilité et éclairage

Ces tracteurs sont entourés d’appendices comme les montants et les écrans, lesquels peuvent obstruer la visibilité au poste de conduite, pourtant primordiale lors des travaux de manutention. Il nous semblait donc important de trouver un moyen de déterminer quel tracteur offrait à son chauffeur la vue la plus dégagée. Nous avons ainsi créé de toutes pièces un protocole de mesure permettant de connaître l’impact exact des montants, des capots et des terminaux sur la visibilité. Enfin, l’éclairage a été mis à l’épreuve. Nous avons photographié tour à tour les engins pendant la nuit, à la même hauteur, dans une plage horaire la plus courte possible afin d’avoir le même niveau d’obscurité pour tous.

Au cours d'une nuit, les tracteurs sont placés tour à tour au même endroit, tous feux allumés, puis photographiés à l'aide d'un drone pour évaluer leur système d'éclairage. (© J.M.)

Sur le magazine, nous vous avons présenté les dix participants ainsi que l’atelier éclairage dans le numéro 322 de juillet et août. La seconde partie, et non des moindres, vous sera dévoilée dans le prochain numéro de Matériel Agricole. Vous y découvrirez les résultats et l’analyse des consommations relevées et des passages au banc, les mesures ainsi que les résultats de temps de cycle et de force de levage des chargeurs frontaux. Bonne lecture ! Pour ce qui est de matérielagricole.info vous découvrirez dans un premier temps les présentations des tracteurs puis les résultats dans des articles dédiés et distillés au fil du temps.

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