Essai tracteur Valtra S416 : sobriété et efficacité finlandaises
Le S416, le tracteur le plus puissant du constructeur Valtra, hérite de la cabine des modèles Q. Dans cet habitacle, la marque met l’accent sur une finition et des équipements inspirés de l’automobile. Rejoignez-moi à bord de ce monstre de 12 000 kg afin d’explorer ses innovations notables.
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Dans son offre de tracteurs de forte puissance, Valtra dépasse désormais la barre des 400 ch avec la sixième génération de son modèle S. Afin de présenter ce tout dernier tracteur conçu et assemblé à Suolahti, en Finlande, l’équipe marketing de Valtra France a organisé, en mars 2024, l’événement « Finland for You » à Beauvais, dans l’Oise. À travers ce rendez-vous, auquel la presse était également conviée, le constructeur a souhaité se déplacer au plus près de ses clients français.
Nous avons donc saisi cette opportunité pour prendre en main un Valtra S416, le plus gros modèle de la gamme, motorisé par un six-cylindres maison de 8,4 L de cylindrée développant 420 ch. Le nouveau venu se distingue par son design, que le constructeur a voulu rapprocher de celui des automobiles telles les Volvo ou les Tesla. Il se dote ainsi d’un capot aux lignes lisses et d’une signature lumineuse plus moderne. Les couleurs qu’il peut recevoir sont elles aussi inspirées du secteur automobile, à l’image de l’ambre de la marque Cupra.
Une cabine héritée des Valtra Q
L’accès en cabine du Valtra S416 est sécurisé par quatre larges marches présentant la faible pente typique des tracteurs de cette marque. Depuis le siège en Alcantara doté de réglages électriques, j’ajuste ma position face au petit volant d’un diamètre comparable à celui d’une voiture. En observant l’intérieur, je suis surpris par le volume spacieux de cette cabine à cinq montants, bien plus grande qu’il n’y paraît de l’extérieur. Je retrouve le joystick, le levier en croix et quatre fingertips sur l’accoudoir principal. Celui-ci est remarquablement épuré, avec juste assez de boutons pour contrôler les fonctions principales telles que le relevage, la gestion du moteur ou de la transmission, et l’autoradio. Pour exploiter pleinement ce tracteur, je dois alors utiliser le terminal tactile SmartTouch.
Ce dernier centralise les réglages à travers différents menus, comme celui de la transmission, du moteur, de l’hydraulique, de l’éclairage, etc. Sur le montant avant droit de la cabine, à hauteur de regard, prend place un écran non tactile mais personnalisable, nommé « Smart Display ». Celui-ci présente les informations de conduite comme le sens de marche, les compteurs d’heures, de vitesse et de distance, le régime moteur et l’hydraulique. Cet écran reste lisible, quelle que soit la position du soleil grâce à son affichage sur fond noir.
Un panel d’outils de précision
Après m’être familiarisé avec l’environnement de conduite, il est temps que je me rende à la parcelle. Derrière le monstre est attelé un déchaumeur à disques indépendants Kuhn Optimer XL 9000, de 9 m. Est-ce que cet outil sera suffisamment tirant pour faire rugir ses 420 ch ? Le Valtra S6 est équipé des fonctions Auto U-Pilot (automatisation des séquences de bout de champ) et SmartTurn (demi-tour automatique). Je configure alors, depuis le SmartTouch, la largeur de l’outil, le sens des passages sur la parcelle et ma largeur de fourrière. L’ordinateur de bord, associé au GPS RTK, calcule alors automatiquement les lignes de guidage en fonction de la largeur de l’outil renseignée. Je programme ensuite une séquence de bout de champ et associe l’activation de cette fonction à la touche personnalisable M1 du joystick principal.
Je me place sur une ligne de guidage et active l’automatisation. Le cruise de ma vitesse cible enregistrée fixe l’ensemble à 12 km/h. À ce stade, je me contente de surveiller le travail de l’outil. Le Valtra S416 de notre essai est équipé d’une caméra à grand angle au-dessus de la cabine qui pointe vers l’outil. Je peux ainsi observer le travail du déchaumeur depuis l’écran additionnel situé en haut du montant avant droit de la cabine. Pour régler la vitesse de travail, deux options s’offrent à moi. Si je veux l’augmenter de façon temporaire, j’appuie sur la pédale d’accélérateur. Afin d’ajuster le régulateur de vitesse de manière permanente, j’utilise la molette située sur la partie basse du joystick principal. Le tracteur s’arrête instantanément par une impulsion franche du joystick vers la gauche. Vers la droite, il reprend son travail en conservant les réglages définis précédemment.
Trois modes de gestion de la transmission
Le Valtra S6 s’équipe de la gestion de la transmission à variation continue dite « améliorée » par la firme finlandaise. Via le Smart- Touch, j’accède au menu « Transmission ». À l’aide du curseur digital, je demande au tracteur d’exploiter soit la transmission, soit le régime moteur, soit les deux. Pour les travaux au champ sans prise de force, je sélectionne la première option. Ainsi, le Valtra S6 optimise l’utilisation du couple moteur pour emmener à une vitesse constante le Kuhn Optimer XL 9000.
Il travaille alors dans une plage de régime moteur comprise entre 1 500 et 1 700 tr/min, en fonction du relief du terrain. À l’approche de la ligne de fourrière, la séquence de bout de champ s’enclenche automatiquement : l’outil se lève, la vitesse d’avancement se réduit, et le SmartTurn s’active. Ce dernier, assisté par le GPS, positionne le tracteur sur la prochaine ligne de guidage, sur la deuxième ou la troisième, selon le choix du chauffeur. Curieux de tester les limites de ce système, j’opère le demi-tour en appuyant généreusement sur la pédale d’accélérateur. L’effet est impressionnant ! Le SmartTurn fonctionne sans accroc. Le GPS ne perd pas le fil non plus et me place précisément sur la ligne suivante.
Cinq niveaux d’intensité du frein moteur
Valtra France met ensuite à ma disposition un second S6, auquel est attelée une benne TP Joskin 27/65 TRM. De quoi apprécier la stratégie de conduite au transport. Pour l’essai, la benne est généreusement chargée de terre et de cailloux. Le parcours inclut des chemins de terre, des montées et des descentes, ainsi qu’une partie sur une route départementale. Le pont avant suspendu hydrauliquement et la cabine reposant en deux points sur des ressorts mécaniques, réglables selon cinq niveaux de souplesse, offrent une conduite plutôt agréable et confortable. Je me sens presque dans mon canapé.
Grâce aux améliorations apportées à la gestion de la transmission, je peux régler l’intensité du frein moteur directement depuis le SmartTouch. Celle-ci varie de 1 à 5. Au niveau 1, le tracteur passe presque en roue libre lors des décélérations. Au niveau 5, à pleine charge, lorsque je relâche la pédale de droite, il monte fortement dans les tours pour ralentir l’ensemble, ce qui le retient davantage qu’au niveau 1 et permet de réduire l’utilisation des freins. Je reviens ensuite dans le menu de gestion de la transmission. Je décide de réaliser deux fois le parcours routier, en suivant une stratégie de conduite différente à chaque tour. Lors du premier, je place le curseur sur les deux engrenages. Le tracteur a ainsi une tolérance de chute de régime de niveau 5, la plus importante.
La variation du régime moteur est élevée de façon à lui permettre de conserver une vitesse cible constante. En revanche, lors du second tour, je place le curseur sur le pictogramme moteur. Le tracteur présente alors une tolérance de chute de régime de niveau 1. Il va maintenir le même régime moteur, quitte à réduire la vitesse d’avancement. Par défaut, la transmission s’active de manière automatique en position intermédiaire. Celle-ci optimise un compromis entre la chute du régime moteur et le maintien de la vitesse cible. Avec ce tracteur S6 de 420 ch, le modèle le plus puissant de son offre, Valtra réussit donc à rivaliser avec les plus gros tracteurs conventionnels du marché.
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