Essai tracteur Massey Ferguson 8S.265 Dyna E-Power : la performance au rendez-vous ?
En plus de la transmission à variation continue et de la semi-powershift robotisée Dyna-7, Massey Ferguson propose une semi-powershift à double embrayage baptisée « Dyna E-Power ». Ayant rencontré quelques problèmes avec cette dernière à son lancement, le constructeur annonce avoir revu sa copie, la rendant ainsi plus fiable. Pour le vérifier, nous l’avons mise à l’épreuve sur route et au champ durant une semaine, début septembre, dans une exploitation essonnienne.
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La fluidité d’une variation continue, en même temps qu'une transmission de puissance du moteur au sol aussi efficace qu’une boîte mécanique, qui n’en a pas rêvé un jour ? C’est la promesse faite par Massey Ferguson avec sa Dyna E-Power, une transmission semi-powershift robotisée dotée d’un double embrayage. Mais que vaut-elle réellement ? Pour en avoir le cœur net, nous l’avons prise en main durant une semaine sur un 8S.265 à Milly-la-Forêt, dans l’Essonne. Souvenez-vous : en 2020, Massey Ferguson faisait parler de lui en lançant le 8S, un tracteur aux lignes néo-rétro en rupture totale avec l’ancienne génération, doté d'une cabine entièrement revue. Les évolutions ne s'arrêtaient pas là, puisque la marque aux trois triangles sortait simultanément deux nouvelles transmissions : la Dyna-7 et la Dyna E-Power. Développées en interne, ces deux semi-powershift sont composées de quatre gammes et de sept rapports à passage sous charge. La Dyna-7 dispose d’un passage de gamme robotisé, quand la Dyna E-Power utilise un double embrayage. Petit bémol, certains clients ayant investi dans cette seconde transmission ont rencontré des problèmes de fonctionnement les contraignant à ne plus utiliser leur tracteur. Massey Ferguson annonce avoir remplacé, à ce jour, toutes les boîtes de vitesses défectueuses et relancer la commercialisation de la Dyna E-Power cette année après l’avoir modernisée et fiabilisée.
Début septembre, nous avons eu l’occasion de prendre les commandes d’un 8S.265, soit le plus gros modèle disponible avec cette « nouvelle » Dyna E-Power ou, disons-le, de seconde génération, même si seule la partie logicielle a été retravaillée. Techniquement, cette transmission évite toute rupture de couple lors des changements de gamme, améliorant, sur le papier, son rendement. En termes de conduite, nous pourrions alors la comparer à une full-powershift avec un changement des rapports en continu et progressif, sans recroisement des gammes et des powershifts. Massey Ferguson a d’ailleurs choisi d’abandonner la dénomination avec des lettres pour les gammes et des chiffres pour les rapports sous charge, préférant désormais numéroter les rapports de transmission de 1 à 28. Mais assez d’explications techniques, montons à bord de ce 8S pour voir si les promesses sont tenues. Au programme : du déchaumage avec un Duro Compil semi-porté de 5 m et du transport avec une remorque à trois essieux La Campagne.
L’ergonomie au rendez-vous
L’accès en cabine est optimal grâce aux larges marches faiblement inclinées. Arrivé à bord, je ne suis pas dépaysé. Le joystick principal Multipad et la majorité des commandes de l’accoudoir du 8S sont les mêmes que sur le 6S.155 que j'avais récemment essayé (voir Matériel Agricole no 309). Je remarque d’emblée les options MF by You installées sur le tracteur d’essai : housse en cuir rouge sur le siège Grammer, volant et tapis de sol en cuir à surpiqûres rouges, tablette sur le montant droit… et, bien entendu, le coloris noir du tracteur pour cette version « Black Edition ». Une couleur qui semble d'ailleurs diviser, si l'on en croit les avis, mais j’aime le rendu « premium » que celle-ci lui confère. Afin de me diriger vers le déchaumeur à bêches Compil prêté par Duro France, je désactive le frein de parking et actionne l’inverseur. Le système m’apparaît un peu « léger », car seul un petit cran en plastique active ou désactive ce frein de parking. J’opte pour le mode automatique du tracteur, activé par défaut, et utilise, dans un premier temps, la conduite au pied, à l’image d’une variation continue.
J’affecte facilement chacun des distributeurs électro-hydrauliques aux commandes voulues via le terminal. Je règle, par exemple, la montée/descente de mon outil sur la commande 1 du Multipad. Je trouve celui-ci ergonomique, notamment par ses commandes hydrauliques tombant sous le pouce. Une fois l’outil attelé, les quelques kilomètres de route pour atteindre la parcelle me permettent d’apprécier le confort en cabine qu'offrent le pont avant suspendu et la cabine à suspension mécanique adaptative. Arrivé au champ, je commence par l’arpenter pour enregistrer son contour via le second terminal alloué au guidage. Pour cela, je choisis le point à partir duquel j’enregistre la parcelle, à savoir le centre du tracteur ou l’une des extrémités de l'outil. J’opte pour le côté droit de mon outil, dont j’ai préalablement réglé la largeur de travail, et longe le champ sur tout son contour. À chaque coin, je mets en pause le tracé puis le réactive une fois que je suis bien positionné et que les deux lignes se rejoignent automatiquement en dessinant le coin à l’écran. Ensuite, je peux, au choix, sélectionner l'un de ces « segments » comme ligne de guidage, ou en créer une nouvelle. Le fait d’enregistrer sa parcelle permet, en plus de garder ses lignes de guidage en mémoire, de bénéficier de ce dernier dans les tournières. Un mode automatique autorise même le passage d’un segment à l’autre du champ, selon son positionnement, sans action dans le terminal.
Conduite à la manière d’une variation continue
Je règle ensuite une vitesse cible à 12 km/h sur le bouton C1 du levier principal. La transmission Dyna E-Power, en mode automatique, adapte le rapport à la charge moteur. Ce dernier se stabilise entre 1 600 et 1 900 tr/min, selon le relief du champ. J’apprécie le fait de disposer, à portée de main sur le Multipad, de l’activation du guidage et des vitesses cibles « Cruise 1 » et « Cruise 2 ». Ces derniers s'allument en vert lorsqu'ils sont activés, ce qui est appréciable pour se repérer. Après quelques allers-retours en mode pédale, je m’essaie à la conduite au levier principal. Dès les premières manœuvres avec le joystick, je me rends compte que celui-ci est beaucoup plus précis et ne génère aucun à-coup, contrairement à la conduite au pied. En mode manuel, accessible par simple appui sur un bouton de l’accoudoir, la pédale de droite redevient un simple accélérateur, avec lequel je contrôle le régime moteur. Le rapport engagé de la transmission s’affiche sur l’écran du montant droit. Pour monter ou descendre un rapport ou une gamme, il me suffit d’effectuer une impulsion légère vers l’avant ou l’arrière. Une impulsion plus prononcée permet, quant à elle, de passer deux rapports simultanément.
Après avoir travaillé 10 ha à l’aide du Compil, de retour à la ferme, j’attelle une benne La Campagne à trois essieux et la charge d’environ 20 t de gravier pour l’essai routier. Conquis par le mode de conduite de type « variation continue » avec la stratégie de conduite que propose MF, à savoir en automatique, je pousse le manche et me rapproche de la départementale. En m’engageant sur la route, l’ensemble s’élance avec une montée progressive des rapports et des gammes pour atteindre mon « Cruise » enregistré à 40 km/h, puis le régime moteur se stabilise autour des 1 200 tr/min une fois lancé. Un régime économique qui aura un impact positif sur la consommation de GNR. Pour ralentir, j'utilise le joystick principal en le ramenant en arrière. À l’approche d’un « stop », j’utilise le frein pour immobiliser le convoi. Simultanément, le tracteur rétrograde la transmission. Seule nuance de conduite comparée à une variation continue, le tracteur avance dès lors que l’inverseur est utilisé, et ce, sans même pousser le manche ou appuyer sur la pédale, ce qui peut être déroutant dans les premiers moments de conduite dans la cour de la ferme.
Après une semaine à son bord, le Massey Ferguson 8S.265 Dyna E-Power a de quoi séduire. Indéniablement efficace sur route avec son mode automatique, il nécessite malgré tout un temps d’adaptation pour apprivoiser cette transmission à double embrayage lors des manœuvres ou à faible allure avec l’utilisation de la pédale. Sa fluidité supérieure à celle d'une semi-powershift robotisée et son tarif inférieur à celui de la variation continue Dyna-VT devraient être de solides arguments pour conquérir de nouveaux utilisateurs.
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