Empattement digne d’un six-cylindres, rayon de braquage d’un quatre et cabine panoramique, le Massey Ferguson 6S.155 se veut être un vrai couteau suisse. Suivez-moi au volant de ce quatre-cylindres de 155 ch, plus français que suisse, doté d’un imposant chargeur frontal. Au programme de cette semaine : labour, transport de déchets et chargement au fumier. Avant de monter à bord, un petit rappel s’impose au sujet de la gamme. Notre modèle d’essai, assemblé en France, s’intercale entre le 5S, disponible de 105 à 145 ch, et le 7S, dont les puissances s’échelonnent de 155 à 210 ch. Le premier, avec un empattement de 2,55 m et un capot plongeant, se marie parfaitement avec un chargeur frontal. Le 7S, pour sa part, se destine davantage aux travaux dans les champs avec son six-cylindres et son empattement de 2,88 m. Le 6S, lui, permet d’allier les deux avec son empattement de 2,67 m lui procurant plus de stabilité au chargeur et une bonne capacité de traction, dans un gabarit qui reste contenu.

Prise en main rapide
D’emblée, je suis agréablement surpris par la facilité d’accès à bord. En effet, la montée en cabine est particulièrement aisée, et ce, grâce aux marches en plastique en léger décalage. Celles-ci sont fixées au réservoir made in France qui accueille également une main courante moulée sécurisant encore plus la montée. Ce large escalier permettrait même de monter sans les mains. Une fois assis, et bien que je ne sois pas habitué à l’univers Massey, je repère rapidement les commandes. Par habitude, je commence par utiliser l’inverseur classique, situé sous le volant à gauche. Le levier affecté à la transmission est installé sur l’accoudoir de droite, solidaire du siège, hérité de son grand frère 8S. Pour monter ou descendre les rapports de vitesse, il me suffit d’effectuer une impulsion vers l’avant ou l’arrière.

Les parcelles étant encore trop humides après les récentes averses, ma tâche du jour est de remonter un dépôt de fumier équin. Je démarre cette séquence par la prise en main du chargeur FL.4621, d’origine Quicke, monté d’usine sur mon tracteur d’essai. À première vue, celui-ci a l’air imposant face au gabarit du 6S. Voyons maintenant de quoi il est capable, comparé au télescopique de la ferme préposé, entre autres, au chargement de fumier. Avant de commencer, je prends soin de sélectionner la position flottante afin de poser la benne multifonction bien à plat, sans creuser la parcelle. Notre tracteur dans sa version Efficient ne dispose pas de terminal, mais je peux modifier bon nombre de réglages depuis le tableau de bord grâce à une palette de boutons située en dessous du volant. Personnellement, je trouve ce mode de paramétrage peu pratique, mais disons qu’il fait le travail. Parmi les réglages proposés figurent le débit, la temporisation et le mode flottant des distributeurs électrohydrauliques, la sensibilité de la transmission ou encore les fonctions « F » paramétrables.
Stabilité à toute épreuve
Le chargeur se commande à l’aide du levier en croix situé à droite du joystick de transmission, sur l’accoudoir. En plus des fonctions basiques du chargeur frontal, ce levier dispose d’un inverseur avec un bouton de consentement pour valider le changement de sens de marche et de boutons « + » et « - » pour la transmission. Si l’appui simultané de deux boutons pour changer de direction paraît contraignant au départ, je m’y fais tout de même rapidement. Pour la manutention, j’accède facilement à la troisième fonction sous mon pouce pour gérer le grappin. La prise en main du chargeur s’avère rapide avec une visibilité optimale. L’accélération automatique du régime moteur lors de l’utilisation des fonctions du chargeur me séduit également. Elle permet d'obtenir davantage de réactivité au niveau de l’hydraulique sans que j’aie à accélérer moi-même. Cette fonction est néanmoins désactivable depuis le tableau de bord pour les utilisateurs qui préfèrent gérer manuellement l’accélération. Je suis agréablement surpris par la maniabilité et la fluidité du tracteur et de son chargeur. Celui-ci, d’une capacité de 2,1 t et de 4,60 m de hauteur de levage, est finalement bien dimensionné pour notre machine d’essai. Les masses de roues arrière, de 250 kg chacune, suffisent largement à stabiliser le tracteur qui supporte les godets de fumier bien chargés, et ce, sans broncher. La suspension du pont avant, couplée à celle de la cabine, procure un confort optimal, sans secousse, même dans le cas d’une utilisation nerveuse. Pour juger davantage de la stabilité du 6S, un second dépôt de fumier moins pailleux, situé au bord d’un chemin, m’a tout de même permis de trouver les limites du chargeur lorsque le tracteur s'est mis sur trois roues.


Afin de mesurer les performances du quatre-cylindres au transport, je l’ai attelé à une benne Duchesne de 14 t. Avant cela, j’ai décroché le chargeur sur ses deux béquilles. La manipulation est relativement simple. Le multicoupleur permet de débrancher l’ensemble des connecteurs électriques et hydrauliques. Une fois la benne attelée, je la charge de déchets (terre et légumes), et me voilà parti sur la route. J’en profite pour activer le mode automatique de la transmission semi-powershift à gammes robotisées afin d'en mesurer l'efficacité. Le passage des rapports sous charge est fluide. Celui des gammes l’est un peu moins, montrant une certaine latence, mais j’apprécie le rétrogradage souple dans ce mode. Petit point qui pourra sembler accessoire à certains, mais j'aime bien l’idée : le tracteur dispose d’un gyrophare automatique au-dessus de 20 km/h. Pour l’activer, un simple appui long sur le bouton dédié à cette fonction suffit.

Efficace au champ
En faisant preuve de patience, je finis par bénéficier d’une fenêtre de tir pour éprouver le Massey Ferguson 6S sur plus de 20 ha. J’y attelle une charrue à cinq corps Kverneland pour du labour sur un couvert végétal. Si la commande déportée permet de gérer le relevage en mode « pas à pas » pour atteler un outil, le joystick principal, pourtant bien pratique, n'offre pas cette possibilité. Je choisis de brancher le retournement de la charrue sur l’un des distributeurs électrohydrauliques présents sur ce joystick afin d’y accéder rapidement. En effet, la version Efficient est équipée de deux distributeurs à commande électrohydraulique et de deux autres à commande mécanique. Sur ces derniers, je connecte la roue de profondeur et le Varilarge. J’apprécie le regroupement, sur le montant droit, de l’ensemble des réglages de relevage.

Avant de partir, j’actionne d’ailleurs à cet endroit la suspension du relevage arrière pour limiter les secousses et les contraintes sur le tracteur. Une fois la charrue réglée, je prends soin de paramétrer la temporisation du distributeur pour le retournement. Pour cela, je navigue une nouvelle fois dans le tableau de bord à l’aide de la palette de boutons sous le volant. Je règle le limiteur de régime moteur à 1 500 tr/min, ce qui me permet d’évoluer à 8 km/h sans faire peiner le tracteur. Celui-ci se meut sans trop de difficulté. Là encore, le pont avant et la cabine, tous deux suspendus, m’apportent un réel plaisir de conduite et de confort. Après quelques hectares retournés, le tableau de bord affiche une consommation moyenne de 20 L/h.
Finalement, au chargeur comme au champ, le Massey Ferguson 6S.155 s’est montré efficace et facile à prendre en main. Cette version Efficient porte bien son nom et saura sûrement séduire des exploitants en quête de polyvalence et de simplicité.
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