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Essai tracteur  JCB Fastrac 8330 iCon : mise à jour réussie !

Le Fastrac reçoit d’origine un équipement de guidage signé NovAtel.
Le Fastrac reçoit d’origine un équipement de guidage signé NovAtel. (©J.M.)
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Le Fastrac revient dans une nouvelle version dénommée « iCon ». Si, mécaniquement, rien ne change vraiment par rapport à la génération Stage V, dans la cabine, c’est un saut dans le temps. Avec un écran tactile en couleur, un joystick retravaillé et de nouveaux systèmes de gestion, le tracteur de JCB est prêt à tenir tête à la concurrence.

Pendant longtemps, et c’est sa raison d’être, le Fastrac de JCB était le tracteur le plus rapide, préféré par les entrepreneurs et les agriculteurs devant réaliser de nombreux trajets sur route. Seulement, avec l’adoption de la Mother Regulation, établissant des règles communes pour tous les pays en Europe, les marques concurrentes ont commencé à mettre sur le marché des tracteurs atteignant sans peine les 50 km/h, voire plus. Le constructeur britannique se devait de réagir et de proposer une nouvelle mouture de son Fastrac, dotée des dernières technologies en termes d’ergonomie et de connectivité. C’est chose faite avec le Fastrac 8330 iCon. Nous avions convié ce modèle à notre comparatif de neuf tracteurs dans la classe des 300 ch, réalisé en fin d’année dernière(1).

De l’extérieur, seules les mains courantes jaunes et la sérigraphie « iCon » différencient ce nouveau Fastrac de la génération précédente. (© J.M.)

D’abord, rappelons ce qui fait l’originalité du Fastrac. Dans les années 1980, Mercedes-Benz produisait une gamme de tracteurs à cabine centrale et ponts suspendus : les MB-trac. Ceux-ci étaient appréciés pour leur confort sur route. Leur construction autour d’un châssis permettait d’installer des équipements sur la plateforme arrière, tels qu’une grue. De nombreux MB-trac se sont aussi grimés en pulvérisateurs automoteurs. De son côté, JCB a vite compris l’intérêt d’une telle configuration et a commencé à travailler sur le projet dès les années 1980. Il faudra attendre 1990 pour voir apparaître le premier Fastrac. C’est à peu près en même temps que Mercedes-Benz décidait d’arrêter la production des MB-trac. Le Britannique devenait donc naturellement le successeur du tracteur allemand populaire. Depuis cette période, le concept du Fastrac a évolué mais ne s’est jamais détourné de sa configuration originelle : un châssis avec une cabine centrale, posé sur deux essieux suspendus, une vitesse de croisière élevée et des systèmes de direction et de freinage plus proches des technologies des poids lourds que de celles des machines agricoles.

Photo de famille avec le Fastrac 4220 de la SARL La Roche Ruffin (Deux-Sèvres) qui nous accueillait pour cet essai. (© F.P.)

La révolution dans la cabine

Ainsi, nous arrivons au dernier-né de la marque : le Fastrac iCon. Le 8330, avec ses 348 ch, est le plus puissant modèle de la série 8000, qui compte également le 8290, affichant 303 ch. Sur le plan mécanique, ceux-ci ne diffèrent pas de la génération précédente, conforme à la norme antipollution Stage V. Sous le capot, un moteur Agco Power à six cylindres de 8,4 L, couplé à une transmission à variation continue ML 260. La nouveauté se trouve dans la cabine. Montez avec moi ! En grimpant les marches d’accès, vous remarquerez que les mains courantes, autrefois noires, sont désormais jaunes, l’un des rares changements à l’extérieur, en plus de la sérigraphie « iCon » sur les portes. À l’intérieur, l’antique écran placé sur le montant latéral et le joystick digne d’un Flight Simulator du début des années 2000 laissent place à un tout nouvel accoudoir intégrant à son extrémité un terminal tactile de 12”. L’interface s’avère des plus conviviales avec, au centre, une représentation du Fastrac et, tout autour, les informations les plus importantes : hauteur des relevages, régimes moteur mémorisés, rapports de prise de force, taux de patinage… En bas, des touches permettent d’accéder directement au paramétrage de chaque distributeur, identifié par sa couleur. Une rangée d’icônes dans le bandeau inférieur renvoie aux pages dédiées à l’Isobus, au guidage, aux caméras, aux profils d’outils, à la ventilation, à la radio et à l’interface de connexion avec le téléphone. Un glissement vers la gauche ou la droite suffit à basculer vers l’une des quatre autres pages du terminal. Malheureusement, l’utilisateur n’a pas la main sur la disposition ni sur le choix des informations dans chaque page. Par exemple, impossible d’afficher l’interface Isobus en plein écran, le guidage étant forcément présent sur une partie de l’écran, bien qu’il ne soit pas utilisé. Nous pourrions presque nous dire que c’est dommage d’avoir déployé autant d’efforts pour réaliser cette interface, dont la clarté et la définition placent le Fastrac dans le haut du tableau, et de buter sur des pages que l’utilisateur ne peut pas personnaliser. Gageons que JCB publiera une mise à jour pour remédier à cela. Derrière le volant, un nouvel écran fait également son apparition. Il fait office de tableau de bord et affiche des informations essentielles telles que le régime moteur, l’allure et les jauges.

Moins à l’aise sur la terre…

Maintenant que nous avons fait le tour du propriétaire, passons aux choses sérieuses, avec un essai en conditions réelles. Pour cela, allons atteler un déchaumeur Karat 12 de 6 m de large, prêté par Lemken France. Premier constat : depuis le siège et avec la masse de 900 kg posée sur la plateforme arrière du Fastrac, impossible de voir les bras de relevage. Normal, me direz-vous, avec une cabine en position centrale. Mais pas de panique : JCB a pensé à tout et disposé une caméra qui permet de reculer dans la bonne position sans se contorsionner.

Dans les terres lourdes, le Karat 12 de 6 m d’envergure a mis à rude épreuve le système de gestion du couple moteur-transmission. (© J.M.)

Une fois l’outil attelé et les distributeurs configurés, nous nous rendons au champ. Il faut admettre que les précipitations des derniers jours rendent le travail du sol particulièrement difficile. Le Fastrac parvient à tirer le déchaumeur à une cadence comprise entre 8 et 10 km/h dans les zones les plus faciles. Mais, dès qu’il fait face à une bande de terre plus lourde, il se laisse mourir jusqu’à se trouver presque à l’arrêt. Puis le moteur reprend des tours, le tracteur se relance, le régime diminue à nouveau, et rebelote. Nous avons eu beau essayer tous les réglages d’agressivité du Smart Transmission Control (STC), le comportement du couple moteur-transmission ne s’est jamais amélioré. La seule solution pour maintenir l’effort de traction repose sur l’accélération manuelle du moteur. Certes, nous étions dans des conditions vraiment à la limite de ce que pouvaient accepter le tracteur et le déchaumeur. Nous avons d’ailleurs rapidement abandonné le chantier pour ne pas détériorer davantage la parcelle. Néanmoins, je suis resté sur ma faim, sachant que le moteur de 8,4 L peut fournir un couple de presque 1 300 Nm et que la transmission à variation continue d’origine Fendt sait donner entière satisfaction, avec le bon logiciel. Bon, laissons les ingénieurs de JCB travailler là-dessus et, en attendant, allons tester le Fastrac sur la route.

… que sur l’asphalte

Avec une benne à trois essieux, prêtée par le fabricant La Campagne, chargée de fumier et attelée derrière lui, le JCB dévoile enfin ses talents. Disons-le clairement, entre le champ et la route, c’est le jour et la nuit. Le STC, qui semblait dépassé par les événements, se montre désormais très efficace, comme s’il anticipait les dénivellations de la route avant même que le tracteur ne s’y trouve. Le moteur est exploité dans sa zone de couple. Le convoi s’élance en douceur, le tout dans un calme et un confort que j’ai plutôt l’habitude de rencontrer au volant d’un poids lourd. Même sur les routes pas particulièrement larges autour de la ferme, je me sens en sécurité. Les systèmes antitangage et antiroulis associés à la suspension font leur travail à merveille.

Sur route, le Fastrac démontre tout son potentiel en offrant un confort, une souplesse et une sécurité de très haut niveau. (© J.M.)

Le Fastrac vire à plat, et je ne me sens pas emporté par le poids. Et lorsqu’il s’agit de freiner, les quatre disques offrent un mordant rassurant. Je n’ai pas la sensation de devoir appuyer sur la pédale la veille pour m’arrêter à temps. Le Fastrac affiche de réelles aptitudes routières, et je comprends qu’il soit plébiscité pour les utilisations de transport. Il est conçu pour cela ! De retour à la ferme, nous attelons la herse rotative Maschio de 7 m utilisée pour le comparatif de neuf tracteurs précédemment mentionné.

Le nouvel écran propose une interface plutôt bien agencée et facile à prendre en main. L’utilisateur peut sauvegarder ses réglages dans des profils « Outils ». (© F.P.)

L’essai au champ nous permet de prendre en main le GPS intégré au terminal. Son utilisation s’avère assez simple. De plus, il s’affiche sur la même page que l’interface Isobus, utile au contrôle de la herse. Le système intégré est fourni par NovAtel. Il accède à la coupure de tronçon et à la modulation de dose. En revanche, il ne permet pas le demi-tour automatique. JCB propose des faisceaux et des supports d’adaptation pour utiliser des guidages de marques John Deere, Trimble ou Topcon, moyennant l’installation d’un écran supplémentaire.

(1) Voir Matériel Agricole nos 315 (décembre 2024) et 316 (janvier 2025).

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