Les entreprises spécialisées de la filière du machinisme agricole se posent actuellement de nombreuses questions sur la manière dont elles vont renouveler leurs équipes et s’adapter à de nouveaux métiers dans les années à venir. C’est précisément pour essayer d’y voir plus clair sur les besoins et sur les actions à mettre en place que le syndicat des constructeurs, Axema, s’est associé avec le Campus des Métiers de Vesoul, l’Aprodema, l’association de promotion des métiers de l’agroéquipement, le distributeur AgroRhin l’association Rev’Agro ainsi que les constructeurs Claas et John Deere pour demander au cabinet de conseil Terre d’Avance d’enquêter. Selon les données recueillies par l’étude prospective qu’il a mené avec le soutien financier de l’État dans le cadre du plan de relance France 2030, 160 000 personnes exerceraient un métier dans le machinisme agricole. Si la plus grande partie, près de 105 000, sont employés en tant que chauffeurs d’ETA, de Cuma ou d’exploitations agricole, la fabrication, le commerce et la maintenance des machines mobilisent d’importants contingents. Terre d’Avance les estime respectivement à 18 000, 20 000 et 17 000 salariés. L’ensemble de ces métiers sont confrontés à un vieillissement de leurs effectifs. Ils créent de nouveaux emplois et éprouvent des difficultés à recruter. Le secteur de la distribution et de la maintenance souffrirait ainsi d’un manque chronique de 1 500 postes non pourvus. Il s’attend dans les dix années à venir à près de 10 000 départs à la retraite et il pourrait créer entre 3 000 et 7 000 postes. En tout la filière pourrait avoir besoin de recruter entre 15 000 et 20 000 personnes sur la période.
Un manque de diplômés
Pour attirer du monde dans la filière, la profession agit sur tous les leviers qu’elle a à sa disposition. L’Aprodema et son équipe d’une quinzaine de délégués implantés dans toute la France disposent d’un certain nombre d’outils, notamment des vidéos, des brochures ou un simulateur de conduite pour faire connaître les métiers et les formations du machinisme. Ils ciblent notamment les élèves de la troisième à la terminale se posant des questions sur leurs orientation. La démarche se révèle d’autant plus difficile que les filières sont poreuses. Quand l’enseignement du machinisme agricole attire une dizaine de personnes, trois ou quatre le quittent une fois formés. Les entreprises, de leurs côtés, sont confrontées à une vive concurrence sur le marché de l’emploi. Les mécaniciens en poste sont régulièrement démarchés. Il leur faut alors travailler sur leur marque employeur, revoir leurs procédures de ressources humaines, élargir leurs recherches pour attirer et retenir. Dans l’analyse portée sur le système de formation du machinisme agricole par le cabinet de conseil, il ne lui a pas semblé nécessaire de créer de nouveaux diplômes. En revanche, il a identifié des marges de progrès sur les plan quantitatifs et qualitatifs. Ainsi, alors que 757 Bac Pro et 653 BTS sont diplômés chaque année, la profession en réclame au moins 1550. Il a également estimé que les cursus pouvaient s’intéresser à de nouveaux champs de compétences liées aux nouvelles technologies, à l’agriculture de précision ou aux relations avec les clients.