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Trois techniques de semis de maïs qui se démarquent  Un strip-till pour semer 140 ha de maïs par an

Aymeric Delahaye, agriculteur en Vendée, estime qu’il ne peut pas démarrer le semis tant que le sol n’a pas atteint les 13 °C.
Aymeric Delahaye, agriculteur en Vendée, estime qu’il ne peut pas démarrer le semis tant que le sol n’a pas atteint les 13 °C. (©D.L.)
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Depuis trois saisons, Aymeric Delahaye et ses associés du Gaec Nord Vendéen sèment leur maïs avec un combiné strip-till de marque Duro. Ce choix s’inscrit dans une démarche globale puisque les autres cultures sont implantées en semis direct et que l’exploitation développe l’agriculture de conservation des sols (ACS).

Matériel Agricole : Présentez-nous l’exploitation.

Aymeric Delahaye : Le Gaec Nord Vendéen compte cinq associés, trois salariés et un apprenti. Cette structure exploite une SAU [surface agricole utile] de 350 ha, avec un élevage bovin lait de 140 vaches et un atelier porcin, naisseurs et engraisseurs, de 310 truies. Les effluents des animaux sont valorisés dans une unité de méthanisation. Le Gaec ne vend pratiquement aucune de ses productions végétales à l’extérieur. Les fourrages sont destinés aux vaches, et la grande majorité de nos grains est employée dans notre unité de fabrication d’aliments à la ferme. Nous nourrissons ainsi les laitières et les porcs, en achetant en compléments des tourteaux de soja ou de colza. L’exploitation a la particularité d’être adossée à L’Épicier de la Ferme, un magasin de vente directe créé par d’anciens associés. Cette structure indépendante travaille en collaboration très étroite avec le Gaec en achetant du lait et des porcs qui sont transformés sur place. Nous avons donc une grande transparence sur nos pratiques. À travers des vidéos postées sur la page Facebook du magasin, je mets notamment en avant tout le travail effectué autour de l’agronomie pour favoriser la vie des sols, avec le semis direct pour les cultures d’hiver et le strip-till pour le maïs.

Le strip-till Duro est arrivé sur l’exploitation en 2021. Il est systématiquement combiné avec le semoir Kuhn Maxima 2TS, que l’exploitation possédait déjà. (© D.L.)

MA : Quand le Gaec a-t-il abandonné la charrue ?

A.D. : Mes associés ont arrêté totalement le labour en 2012, avant mon arrivée sur la ferme, pour basculer progressivement en techniques de travail simplifiées, puis en semis direct. Pour les cultures d’automne, nous utilisons désormais un semoir Amazone Primera de 6 m de largeur. Le Gaec implante chaque année environ 50 ha de maïs ensilage et 90 ha de maïs récolté en grains humides. Pendant plusieurs années, le semis était réalisé après un déchaumage superficiel suivi d’une préparation de sol au vibroculteur. L’exploitation faisant aussi partie du réseau Apad (1), c’est lors de formations sur le terrain avec d’autres agriculteurs que nous avons découvert la technique du strip-till. Travailler le sol au minimum correspond bien à notre philosophie. Nous avons donc investi en 2021 dans un modèle à six rangs de marque Duro, en 75 cm d’écartement, complété par une trémie frontale pour l’engrais starter. Les terres de la ferme sont assez limoneuses, avec seulement 10 % d’argile. Ce sont des sols qui se réchauffent assez rapidement au printemps. Le strip-till est donc toujours employé en combinaison avec notre semoir à maïs. Il s’agit d’un modèle Maxima 2TS de Kuhn que nous possédions déjà auparavant. L’ensemble est porté par un tracteur New Holland T7 210.

MA : Quels sont les outils qui composent votre équipement de strip-till ?

A.D. : L’élément du strip-till se compose de deux chasse-débris qui précèdent un disque servant à fendre le sol dans l’axe de la ligne de semis. Vient ensuite une dent équipée de deux ailettes à la base. Elle fissure la terre sur environ 20 cm de profondeur et autant en largeur. Cette dent a l’avantage d’affiner le sol sans le retourner, ni le soulever. Elle est également équipée, sur l’arrière, d’une descente pour enfouir de l’engrais au moment du semis. Derrière la dent, le constructeur a placé deux disques incurvés pour affiner la terre en surface. Ensuite, des rouleaux en composite de type patte-de-mouton émiettent et rappuient le sol. Côté semoir, on retrouve également deux chasse-débris placés à l’avant de chaque élément. La graine est déposée dans le fond d’un sillon creusé par un double disque avec roues de jauge en caoutchouc. Une roue plombeuse, placée à l’arrivée de la graine, la maintient à la bonne profondeur, puis le sillon est refermé par deux roues en acier.

La dent à ailettes est l’élément clé du système : elle crée de la terre fine sur une bande de 20 x 20 cm sans retourner ni mélanger le sol. (© D.L.)

MA : Quelles conditions doit-on remplir pour réussir son semis en strip-till ?

A.D. : Nous travaillons en un seul passage, il faut donc que le sol soit suffisamment réchauffé et ressuyé. J’attends généralement que la température du terrain ait atteint les 13 °C. Pour évaluer le taux d’humidité, je prends ma bêche et je vais voir dans le champ si le sol n’est pas trop frais. Semer en conditions humides serait catastrophique, car l’outil lisserait le sol, ce qui pénaliserait le développement racinaire. Sur nos parcelles, nous avons généralement deux types de couverts hivernaux implantés en mélange : il s’agit soit de féverole et de phacélie, soit de seigle et de vesce. La première association joue principalement un rôle agronomique puisque la féverole apporte de l’azote, et la phacélie restructure le sol. Selon sa vigueur, ce couvert est détruit mécaniquement avec un rouleau, ou bien chimiquement au glyphosate. Le second mélange est récolté en ensilage pour être ensuite incorporé à la méthanisation. Le seigle a plusieurs avantages : le volume produit est important, c’est un couvert plus facile à détruire que le ray-grass, et il ne repart pas après la coupe, contrairement à l’avoine. En revanche, il faut attendre au moins huit jours après récolte pour semer, car le seigle a un effet allélopathique naturel sur le maïs qui peut pénaliser son développement.

MA : Comment sont gérés la fertilisation et le désherbage du maïs ?

La trémie avant contient l’engrais starter 18-46 qui est enfoui par la dent du strip-till. (© D.L.)

A.D. : Nous épandons généralement du digestat de méthanisation sur la parcelle avant la destruction du couvert. Au moment du semis, j’incorpore systématiquement un engrais starter au niveau de la bande du strip-till. C’est indispensable, car, dans un sol non travaillé, il y a très peu de minéralisation azotée à cette époque de l’année. Nous choisissons toujours des variétés qui ont une très bonne note de vigueur au départ, même si elles sont parfois un peu plus chères que la moyenne. La fertilisation est complétée par un apport liquide de Solustar PZ, déposé au contact de la graine. Pour cela, nous avons demandé à la société Duro de nous concevoir une cuve spécifique qui est fixée sur la trémie frontale. Elle est équipée d’une pompe doseuse et d’une réserve d’eau claire pour le rinçage. Depuis notre demande, le constructeur propose désormais cette cuve à son catalogue. Une fois le maïs bien en place, nous apportons à nouveau du digestat au stade 7 à 8 feuilles [lire encadré ci-dessous]. Le programme de désherbage est assez bien rodé : nous employons en alternance les herbicides Adengo Xtra et Beloga-P. Un second passage, de rattrapage, peut être appliqué, si besoin, avec les molécules adaptées à la flore. Nous utilisons le système de traitement Aqua Phyto pour purifier l’eau et ajuster son pH. Cela nous permet de travailler avec des doses réduites de 50 à 70 %, sans perte d’efficacité.

Le Gaec a demandé à Duro de concevoir une cuve supplémentaire pour une solution liquide (P, K, Zn, Mg). Elle figure désormais au catalogue du constructeur. (© D.L.)

MA : Prévoyez-vous de faire évoluer votre matériel ?

A.D. : Pour le moment, notre système nous convient bien. Il est assez simple à utiliser et à régler. Au champ, je vérifie très régulièrement que les graines de maïs sont bien enterrées à 3 cm de profondeur. Les parcelles sont systématiquement roulées après le semis, pour favoriser une levée rapide. Si nous devions renouveler le semoir, nous pourrions opter pour un modèle à sept rangs en 60 cm. Avec un interrang plus étroit, le sol serait recouvert plus rapidement. Côté strip-till, l’appareil est prévu pour cela, nous n’aurions qu’à ajouter un nouvel élément. Cela pourrait être effectivement un plus.

(1) L’Association pour la promotion d’une agriculture durable (Apad) promeut notamment l’agriculture de conservation des sols (ACS), une technique qui vise à ne pas, ou peu, travailler les sols pour favoriser la biodiversité, tout en conservant de bons niveaux de rendement.

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