Youngtimer Renault 155-54 TZ et Ares 640 RZ : du full mécanique à l’ère électrique
Exploitant en polyculture-élevage dans la Seine-Maritime, Quentin Ternisien et son père, Sébastien, côtoient au quotidien des références de la marque au losange. Les deux Renault 155-54 TZ et l’Ares 640 RZ sont respectivement utilisés sur la ferme depuis 15, 26 et 21 ans, et totalisent à eux trois 38 000 heures de travail.
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Dans l’EARL Ternisien, les tracteurs Renault, c’est plus qu’une passion. L’exploitation en polyculture-élevage, avec 50 vaches laitières et 270 ha de SAU, possède en effet 14 tracteurs de la marque française au losange. Si la plupart d’entre eux restent bien au chaud dans le hangar, les trois plus récents, deux 155-54 TZ et un Ares 640 RZ, continuent de tourner dans les vallons du pays de Bray. Malgré les nombreuses années de travail à leur actif, les trois youngtimers présentent une carrosserie et un état général impeccables. Ces deux modèles marquent la transition, dans les années 2000, entre les tracteurs 100 % mécaniques, aussi bien au niveau de la transmission que de l’hydraulique, et les premiers tracteurs dotés d’électronique.
38 000 h de travail
« Les Renault 155-54 TZ datent tous les deux de 1998. L’un a été acheté neuf, le second d’occasion, en 2009, avec 6 000 heures à son actif », raconte Quentin Ternisien. Les deux tracteurs culminent aujourd’hui à plus de 12 000 heures de travail chacun. Achetés à l’origine pour prendre en charge les gros travaux de la ferme, ils font désormais des tâches plus légères (fenaison, transport, pulvérisation, épandage d’engrais…). Ainsi, à leur arrivée sur l’exploitation seinomarine, les 155-54 effectuaient notamment du labour avec une charrue de cinq corps Grégoire Besson pour l’un et du pressage de balles rondes pour l’autre. Équipés de moteurs MWM D226 à six cylindres turbocompressés de 6,2 L de cylindrée développant 145 ch, les jumeaux tournent toujours à merveille avec leur belle sonorité. « Niveau mécanique, nous avons seulement dû refaire les joints de pied de chemise une fois, et le moteur a serré à 10 000 heures sur l’un. Mis à part cela, rien à dire sur ce moteur », souligne le jeune agriculteur.
Si les premiers modèles sont produits à partir de 1989, les 155-54 continueront de sortir des usines jusqu’en 1998. C’est durant cette période que Renault lance les premiers Ares, dont le 640 RZ de la ferme fait partie. La marque au losange abandonne les moteurs MWM au profit des DPS de John Deere. Acheté d’occasion en 2003 avec 3 000 heures au compteur, l’Ares a atteint à ce jour 14 000 heures. « Son ensemble de prédilection était un semoir combiné avec une herse rotative de 3 m de large et un tasse-avant Bonnel, se souvient Quentin Ternisien. Maintenant, l’Ares fait de tout, du travail du sol, de la fenaison ou encore du transport. » Le moteur DPS de 130 ch a demandé un certain entretien, notamment le remplacement du joint de culasse à 12 000 heures et, pour la transmission, de l'arbre de sortie de boîte, cassé à 8 000 heures.
Un confort toujours d’actualité
Les cabines suspendues sur quatre points, une particularité de Renault, ne sont pas sans rappeler les actuels Claas, héritiers de cette innovation. Celles des 155-54, avec leur dénomination « TZ », et de l’Ares, avec l’Hydrostable RZ, sont équipées de quatre ressorts afin d’augmenter le confort de l’utilisateur. L’Ares bénéficie de trois niveaux de réglage : souple, intermédiaire ou ferme. Malgré un pont non suspendu, disponible uniquement sur les Ares 700 et 800 à partir de 2000, sa cabine, complétée par le siège pneumatique, n’a rien à envier aux tracteurs actuels.
« Mon père préfère toujours le confort de l’Ares à celui des deux Case IH de la ferme, pourtant bien plus récents », indique le jeune exploitant. Après plus d’un quart de siècle, Renault ne semble pas s’être trompé en choisissant à l’époque ce slogan : « Pas cassé, pas secoué, Ares, le confort intégral ».
Full mécanique et « powershift »
Du côté de la transmission, les deux modèles, pourtant produits dans les mêmes années, sont bien différents. Les Renault 155-54 accueillent tous deux une boîte mécanique à deux gammes et quatre vitesses, l’un en 30 km/h et l'autre en 40 km/h. L’Ares 640 profite, quant à lui, d’une transmission produite à Beauvais (Oise) par Gima (Groupement International de Mécanique Agricole), fruit du partenariat entre Massey Ferguson et Renault. Le grand frère des Claas Arion disposait ainsi soit de la transmission Quadrishift à deux gammes et quatre vitesses complétées de quatre rapports sous charge, soit 32 rapports avant et arrière (équipant le modèle des Ternisien), soit de la Twinshift, une version plus simple uniquement dotée de deux rapports sous charge, soit 16 rapports avant/arrière. Le levier de vitesse en « H » offre donc quatre vitesses et deux boutons « + » et « - » pour passer ces rapports sous charge. Afin de sélectionner les gammes « lièvre » ou « tortue », il doit être basculé sur la droite, puis vers le haut ou vers le bas. L’Ares, comme les 155-54, reçoit un inverseur mécanique placé à gauche du volant.
Autre innovation de Renault : l’apparition d’un relevage à commande électronique. Baptisé « TCE » (Tracto Control Electronique), celui-ci permet de gérer le relevage arrière grâce à un affichage digital. Les TCE 10 équipant les tracteurs autorisent ainsi la gestion d’une butée haute, des vitesses de montée et de descente, ou encore du contrôle d’effort et de position. L’Ares accueille, en plus, des commandes déportées sur ses ailes arrière afin de gérer le relevage depuis l’extérieur.
S'ils ne profitent pas de cette technologie, les 155-54 avaient cependant accès à un levier connecté physiquement à la commande mécanique du relevage en cabine pour faciliter l’attelage des outils.
Les trois légendes de l'exploitation seinomarine assurent le travail sans rencontrer de trop gros problèmes, de quoi réjouir leurs utilisateurs.
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