Désherbage mécanique « Le robot FarmDroid FD20 pallie le manque de main-d'œuvre en betteraves bios »
Le robot de semis et de désherbage FarmDroid FD20 que vient d’acquérir l’exploitant bio Damien Blondel, installé dans la Marne, est déjà à l’œuvre dans les parcelles de betteraves. Il lui apporte une solution de substitution face à l’absence de main-d’œuvre saisonnière disponible au niveau local pour désherber manuellement cette culture.
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Voilà quelques jours seulement que le premier robot FarmDroid FD20 commercialisé en France travaille les parcelles de betteraves de la SCE des Monts Fournois, à Ludes (Marne), près de Reims. Damien Blondel gère seul cette exploitation bio de 220 ha de grandes cultures au parcellaire regroupé.
« Je recherchais une solution pour pallier le manque de main-d’œuvre [MO] durant la courte fenêtre d’intervention possible du binage des betteraves, qui n’est que de dix jours, explique l’agriculteur. Au regard des deux années d’expérience dont je dispose en betteraves sucrières bios, les besoins sont très variables : 60 h MO/ha nécessaires la première année sur 10,5 ha, 15 à 150 h MO/ha la deuxième année selon la parcelle, sur 15 ha au total ! Mes annonces sur Leboncoin et auprès de Pôle Emploi n’ont pas été suivies d’effet, les personnes motivées préférant souscrire un contrat saisonnier de trois mois auprès des exploitations viticoles du secteur. J’ai donc été contraint d’employer de la main-d'œuvre étrangère sous contrat français pour désherber manuellement mes betteraves, en complément des faux-semis puis des passages de bineuse dans l’interrang. »
Cette année, l’exploitant a implanté 18 ha de betteraves sur deux parcelles de 6,5 et 11,5 ha. La capacité maximale annoncée du FarmDroid FD20 est d’environ 20 ha. En mesure d’assurer à la fois le semis (voir encadré) et le désherbage mécanique des betteraves sucrières, le robot, de 3 m de largeur de travail, a été livré sur l’exploitation par la société Stecomat, importateur exclusif dans l’Hexagone.
Contrôle à distance
De conception mécanique simple, le robot est doté de deux roues arrière motrices à voie réglable et d’une roue avant folle. Il régule lui-même sa vitesse et change de direction en modifiant l’allure d’une roue arrière par rapport à l’autre. Il est ceinturé par un « fil de survie » relié à un coupe-circuit se déclenchant au moindre obstacle. Sa remise en route nécessite alors une intervention humaine. Au binage, il évolue à l’allure de 950 m/h. Il se dirige au moyen d’un émetteur RTK, installé au siège de l’exploitation et dont la portée atteint 10 km. Ce signal-là ne peut toutefois pas être exploité par les GPS des autres tracteurs de l’exploitation. Le robot embarque deux antennes distantes d’environ 2,5 m pour améliorer la précision et tenir compte des écarts dans les parcelles en dévers. Le système fournit une position à partir des 15 meilleurs satellites disponibles. La communication entre la base et le robot est assurée par une antenne GSM, par laquelle transitent les interactions avec l’agriculteur, où qu’il soit, mais aussi les mises à jour. Le volume de données consommé avoisine les 5 Go par mois, selon Damien Blondel.
« Pour résoudre un éventuel problème, FarmDroid peut prendre la main sur le robot, à distance depuis le Danemark », précise l’exploitant.
Stecomat assure la maintenance en partenariat avec le concessionnaire Agriviti, qui détient désormais la carte FarmDroid dans la Marne et implante cette année une nouvelle base à 2 km de la ferme. D’une masse totale de 800 kg (ajout possible de masses au niveau des roues arrière pour améliorer la motricité dans les fortes pentes), le robot embarque des batteries rechargées exclusivement par quatre panneaux photovoltaïques.
« De jour, il produit jusqu’à trois fois ce qu’il consomme, même par temps couvert, et stocke le surplus dans des batteries, ce qui lui permet de travailler également la nuit. Dans le cas où ses accumulateurs sont déchargés, il s’arrête et reprend son travail de lui-même lorsque le jour se lève. »
Dépourvu de caméras de reconnaissance des plantes, le robot géolocalise chaque graine au semis (voir encadré) et bine à l’aveugle au rythme de 6 ha par jour. Il peut ainsi intervenir même avant la levée pour arracher les mauvaises herbes au stade filament. En plus du binage dans l’interrang, un moteur positionne par intermittence deux lames en « V » sur le rang afin d’arracher les adventices entre les betteraves.
L’écartement minimal entre graines doit cependant atteindre 100 mm.
Machine la plus rentable de l’exploitation ?
Pour gérer l’automate au quotidien, l’agriculteur se sert d’une interface web sur son smartphone.
Le robot embarque également une console, verrouillée par un code d'accès personnel, à partir de laquelle l’opérateur règle la densité de semis, consulte les erreurs ou contrôle le moteur de distribution. Ce terminal donne aussi accès aux paramètres du moteur électrique embarqué sur chaque élément semeur, dont la biellette libère automatiquement, dès que nécessaire, la pièce travaillante relevée de toute accumulation de terre ou d’adventices. Il vérifie aussi le bon fonctionnement du GPS ou encore le niveau du pluviomètre embarqué. Au-delà de 0,5 mm/m2 de précipitations (valeur réglable), le robot s’arrête de lui-même. L’agriculteur le remet en route dès qu’il juge les conditions de sol à nouveau compatibles avec le travail interrompu. Enfin, l'automate dispose d’un joystick pour son déplacement manuel, si nécessaire.
« Le FD20 représente un investissement de 85 000 à 100 000 € HT selon les options, indique Damien Blondel. Les banques ont encore du mal à prêter pour un tel équipement. Mais avec le développement de ce marché, les coûts vont baisser. Je pense que les impasses à venir en désherbage chimique sur betteraves vont aussi dynamiser les ventes. »
Compte tenu de la valeur de son robot, qui travaille seul au champ, l’exploitant a pris soin d’y installer un traqueur GPS. Avec environ 30 000 €/an de charges de désherbage manuel pour 20 ha, le poste MO impacte énormément le coût de production de l’activité betteraves sucrières bios. Damien Blondel évalue à 180 h/ha l’économie de MO grâce au robot, y compris les passages de semis et de binage au tracteur.
« En théorie, il se rentabilise en quelques années, sans compter le temps libéré pour d’autres activités. Je prévois aussi de l’utiliser pour d’autres applications. On verra après deux campagnes… Si c’est effectivement le cas, ce sera l’outil le plus rentable de mon exploitation ! »
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