Dossier : Valorisation des fourrages « Depuis que nous avons le séchage, nous pouvons récolter toute l’année »
Les quatre associés du Gaec de l’Artisou, dans la Haute-Loire, ont opté pour un séchage en grange, dont la chaleur nécessaire au fonctionnement provient de la toiture du bâtiment. Ce nouveau mode de stockage leur a permis de revoir leur façon de récolter les fourrages.
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« Nous avons monté notre séchage en grange en 2019 », se remémore Jean-Louis Cottier. Le Gaec de l’Artisou, dont il est à la tête, accompagné de son épouse, Agnès, de son fils Jérémy et de sa sœur Françoise, élève des vaches laitières, en agriculture biologique, sur la commune de Rosières, dans la Haute-Loire. Une partie du lait est transformée sur la ferme en fromages à pâte crue, dont celui aux artisons, les « artisous » en patois local. « Avant l’installation du séchoir, nous faisions du foin, de l’enrubannage et de l’ensilage, expose l’agriculteur. Mais cette dernière méthode impose une logistique lourde. Il faut que l’ensileuse et les voisins soient disponibles le jour du chantier. Lors du Sommet de l’élevage d'octobre 2018, une griffe à foin était exposée. Suite au salon, elle a été livrée directement chez nous. Le bâtiment destiné à recevoir les cellules de séchage n’était alors pas encore construit. C’était comme avoir une Rolls-Royce dans son garage mais sans les clés, c’était frustrant. La griffe a donc été installée pendant l’hiver 2018-2019 dans la stabulation existante. Il a fallu pour cela renforcer la charpente, qui n’avait pas été conçue pour recevoir les rails de guidage et la charge supplémentaire. » Le bâtiment de stockage a pour sa part été érigé au cours de l’été suivant, dans le prolongement de la stabulation.
L’air chauffé par le soleil
L’air nécessaire au séchage entre sous la toiture par les pignons. Il transite sous les tôles de couverture entre les pannes. Un faux plafond au niveau de la travée centrale permet de collecter cet air et d’approvisionner les deux ventilateurs le pulsant sous les cellules de stockage. L’un est dédié à une seule cellule, alors que l'autre comporte à sa sortie un volet afin de diriger le flux d’air vers la deuxième ou la troisième case. Le captage de l’air sous la toiture permet de gagner quelques degrés par rapport à la température ambiante. Mais c’est le taux d’humidité qui importe le plus. En effet, le réchauffement de l’air provoque en même temps son assèchement. « Le système de régulation fait tourner les ventilateurs lorsque le taux d’humidité de l’air ne dépasse pas 50 %. Au-delà, le système tourne seulement pendant un quart d’heure, toutes les deux heures. Ceci ne fait pas sécher le foin mais évite l’échauffement des fourrages encore humides. En général, pendant l’été, la soufflerie se coupe vers 21 ou 22 heures. Elle redémarre le matin vers 11 heures, lorsque la rosée s’est levée. » Pendant le remplissage des cellules, l’éleveur peut choisir deux vitesses de rotation des ventilateurs, en fonction de la hauteur de fourrage. Ensuite, l’automate régule lui-même le régime par rapport au taux d’humidité.
Une organisation différente
En plus de l’investissement dans le bâtiment et ses cellules, ainsi que dans la griffe, le Gaec de l’Artisou s’est également équipé d’une remorque autochargeuse d’occasion. « Il faut bien penser qu’on doit revenir à la ferme à chaque remplissage, modère l’associé. Avec une presse, on peut faire les balles rapidement avant une averse. Là, il faut s’y prendre plus tôt. Par contre, nous ne sommes pas obligés d’attendre la fin de journée pour que les conditions de récolte soient optimales. Nous avons vraiment gagné sur le plan de la flexibilité avec le séchage. Nous pouvons récolter des fourrages plus jeunes et plus riches. La qualité et la valeur alimentaire s’en trouvent améliorées. En plus, nous n’avons plus de problèmes de butyriques. Nous ne ramassons quasiment pas de terre, et le peu qui se trouve dans le fourrage ne reste pas humide. Ce point est particulièrement important pour notre activité de transformation fromagère. Un autre avantage du stockage en vrac est la possibilité de distribuer du foin l’été selon les besoins, sans avoir à ouvrir un silo qui risquerait de s’échauffer à cause d’un front d’attaque qui n’avancerait pas assez vite. » Si l’ensemble de la récolte fourragère de l’exploitation est désormais stocké en vrac, l’éleveur a décelé quelques limites à ce système. Tout d’abord, le volume des cellules. En effet, contrairement aux balles rondes ou à l’ensilage, il n’est pas possible de faire un tas supplémentaire à côté. Il convient ensuite d’être vigilant lors du ramassage de certaines plantes, tel le trèfle. Trop humide, celui-ci a de fait tendance à se tasser dans les cellules, limitant la circulation de l’air et donc le séchage.
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