
L’offre en pneumatiques, en chenilles, en lestage… commence à devenir pléthorique sur les tracteurs de forte puissance au point d’être un véritable casse-tête pour un potentiel acquéreur au moment de choisir un tracteur de cette catégorie. Pour y voir plus clair, Michelin, et sa filiale Camso acquise en 2018, s’est associé à John Deere pour tester, pendant un mois, différentes options de trains roulants. L’essai comparatif a porté sur plusieurs critères : effort de traction, consommation de carburant au champ et sur la route, compaction du sol, confort… Il a réuni six configurations : un 8R 410 équipé à l’arrière de pneumatiques de 710 mm de large, simple ou jumelés, ou de 900 mm, simple, tous de type VF, un chenillard 8RT 410 et un modèles à quatre chenilles 8RX 410. Ce dernier, doté de quatre trains indépendants Camso, sort vainqueur de la majorité des critères, en cochant de nombreuses cases. Tout en conservant un taux de patinage de 5 %, il affiche en effet un effort de traction 11 % supérieur à celui de son homologue chenillard 8RT à deux chenilles.

L’effort de traction des pneus s’arrêtent là ou celui des chenilles commence
Entre chenilles et pneumatiques, l’écart s’élève à 25%. L’effort de traction des meilleurs modèles à roues s’arrête là où celui des chenilles commence. Parmi les 8R dotés de pneumatiques Michelin Ultra Flex à technologie VF, le meilleur sur ce critère est celui jumelé à l’arrière en 710/75 R42, de 14 % supérieur à celui non jumelé ou à celui doté de pneu larges en 900/60 R42, l’apport de la largeur de pneumatique étant peu significatif sur ce critère.
Le 8RX valorisé avec des outils larges
Durant ce test d’effort de traction, les équipes ont également relevé la consommation en carburant. Les écarts de consommation instantanée (L/h) entre les différentes configurations restent faibles jusqu’à 7000 daN et s’amplifie à partir de 9000 daN, toujours en faveur des modèles à chenilles. Au global, les chenilles restent conseillées en conditions extrêmes et autorisent une largeur de travail supérieure, synonyme de productivité. Augmenter la largeur de travail de l’outil attelé se révèle d’ailleurs plus judicieux que de travailler plus vite, selon John Deere. Un 8RX à quatre chenilles avec un déchaumeur de 12 m affiche une productivité (ha/h) de 63 % supérieure à celle d’un 8R à roues attelé à un déchaumeur de 8 m, et une consommation moyenne (L/ha) réduite de 13,5 %. Sur la route, en revanche, sans charge, le 8R à roues, à 50 km/h, ne consomme que 53 L/100 km, soit 38 % de moins que le chenillard 8RT, à 25 km/h. Ce dernier consomme, lui aussi, 32 % de moins que le 8RX, à quatre chenilles, qui, avec 96 L/100 km, doit emmener son poids supérieur et sa mécanique plus complexe. Sur ce point, le tracteur à roues confirme également sa supériorité en se révélant plus confortable que ses homologues à chenilles.

Le jumelage respecte plus le sol
Les tests ont été accompagnés de mesures de la compaction du sol, indépendamment sur les essieux avant et arrière. A 20 cm de profondeur, le tracteur jumelé s’en sort le mieux. Avec 0,5 bar de pression mesurée sur l’arrière, il surclasse tous les autres tracteurs, y compris les modèles à chenilles 8RX et 8RT qui se positionnent respectivement deuxième et troisième sur ce critère. Le jumelage reste ainsi pertinent, en étant plus respectueux du sol qu’une monte large, même s’il se révèle plus contraignant. Seul bémol : les pneus avant gomment l’effet du jumelage arrière car ils présentent une valeur de pression significativement plus élevée que ceux arrière. Ceci démontre tout l’intérêt de jumeler les deux essieux d’un tracteur, plutôt que seul celui arrière.

Quatre chenilles indépendantes pour le confort
En termes de comportement, le 8RX marque une nouvelle fois le pas en distillant un excellent confort au champ, comparable à celui de tracteurs à roues, selon les dires d’agriculteurs ayant participés aux essais. Le chenillard 8RT reste brutal à conduire et provoque un arrachement de la couche superficielle du sol lors des virages dans les bouts de champ, à la différence des modèles à quatre chenilles ou à roues. Dans les dévers et les pentes, le modèle à quatre chenilles présente, là aussi, le meilleur comportement puisqu’il monte le plus haut et décroche le dernier sa ligne de guidage.

Les six configurations en test
Configuration | 8R 410 charge légère | 8R 410 charge légère jumelé | 8R 410 charge lourde | 8R 410 charge lourde | 8RT 410 | 8RX 410 |
Train roulant | Michelin VF 710/75 R42 | Michelin VF 710/75 R42 | Michelin VF 710/75 R42 | Michelin VF 900/60 R42 | 2 chenilles 760 mm | 4 chenilles : - AV = 610 mm - AR = 760 mm |
Puissance maximale | 443 ch ECE R120 | |||||
Transmission | e23 | |||||
Masse avant | 1 250 kg | 900 kg | - | |||
Masse roue | - | 3 050 kg | - | |||
Masse totale | 15 515 kg | 16 950 kg | 18 225 kg | 18 240 kg | 17 550 kg | 20 310 kg |