Ce test comparatif a été mené en partenariat avec les chambres d’agriculture de la Creuse et de la Nouvelle-Aquitaine, au sein de l’exploitation du lycée agricole de Magnac-Laval, dans la Haute-Vienne. Nous tenons à remercier tous les acteurs ayant rendu possible cet essai.
Chaque exploitation d’élevage compte au moins un engin dédié à la manutention. Celui-ci peut s’affairer au curage du fumier, au transport et au stockage des balles de foin et de paille, à la confection des rations… Longtemps roi des cours de ferme, le couple tracteur-chargeur s’est vu souvent supplanté par le chariot télescopique. Plus récemment et dans une moindre mesure, la chargeuse a grignoté également des parts de marché. Cependant, la question cruciale à se poser est celle-ci : quel outil est le mieux adapté à mes contraintes d’exploitation ?
Pour tenter d’y répondre, nous nous sommes associés à Stéphane Grand, conseiller machinisme de la chambre d’agriculture de la Creuse, et à Didier Langlois, son homologue pour la région Nouvelle-Aquitaine. Au sein de l’exploitation du lycée agricole de Magnac-Laval, dans la Haute-Vienne, nous avons mené une batterie de tests au cours desquels chaque machine a pu mettre en avant ses atouts. Au volant, Lionel Reynaud, salarié de l'exploitation, a réalisé l'ensemble des ateliers. Lors de chacune des modalités, nous avons mesuré la consommation de GNR. Pour obtenir des résultats cohérents, nous avons opté pour des engins profitant tous de la même motorisation, d’origine Deutz AG, dans la même fourchette de puissance : un tracteur Deutz-Fahr 6120 équipé d’un chargeur MX T410, un chariot télescopique Kramer KT407 et une chargeuse à bras télescopique Kramer KL55.8T.
La consommation surveillée de près
Lors de chaque atelier de ce comparatif, nous avons mesuré la consommation de GNR de chacun des engins. Pour cela, nous avons détourné le réservoir de carburant, en le remplaçant par un bidon de 20 L. Nous avons pesé ce dernier avant et après chaque atelier. Nous avons également chronométré le fonctionnement. La différence de poids, multipliée par la masse volumique du GNR (845 g/L) et divisée par le temps, donne ainsi la consommation horaire.

Atelier curage de fumier
L’exploitation du lycée agricole de Magnac-Laval compte un important bâtiment d’engraissement de bovins. Celui-ci est divisé en quatre aires paillées de 216 m2 chacune. La mission de nos engins de manutention consistait à curer ces surfaces. Nous avons chronométré le remplissage de chaque benne de 16 t, compté le nombre de godets et mesuré la consommation de GNR correspondante. Nous avons également pesé les chargements afin de déterminer la quantité de carburant absorbée par tonne de fumier curé. Cette pesée a également permis de calculer le poids moyen par godet de chaque machine.


Atelier transport
Nous avons testé les machines lors d’un trajet routier. Le parcours consistait en un aller-retour entre l’exploitation et un bâtiment d’élevage et de stockage, distants de 5,6 km. Attelés à une remorque-plateau vide à l’aller, les engins devaient rapporter un chargement de foin en balles à haute densité. Le tracteur et le chariot télescopique se sont également affairés au chargement et au déchargement de ces balles. Le gabarit de la chargeuse, trop haute pour rentrer dans le bâtiment, ne lui permettait pas, en revanche, de se plier à cet exercice. Le plateau fourrager a été pesé à vide puis chargé. Ceci permet d’établir la moyenne de GNR consommé par tonne transportée, en plus des consommations ramenées à l’heure et au kilomètre parcouru.


Atelier reprise de fumier au champ
Parmi les activités hivernales dans une exploitation d’élevage, l’épandage du fumier est incontournable. Nous nous sommes donc dirigés vers une parcelle sur laquelle se trouvait un tas à charger dans l’épandeur à hérissons verticaux. Le tracteur, le chariot télescopique et la chargeuse ont montré leurs capacités, mais aussi leurs limites, le sol étant particulièrement gras. L’adhérence de chacun a été mise à rude épreuve. Chaque chargement de fumier était pesé. Les critères de mesure retenus sont les mêmes que lors du curage de la stabulation.


Atelier ration
Tous les matins, Lionel Reynaud prépare la ration pour les bovins. Nous avons décidé d’intégrer le chargement de la mélangeuse à vis verticale dans nos tests. Nous avons lancé le chronomètre lors de la préhension du premier ingrédient : le foin. L’éleveur intègre ensuite de l’ensilage d’herbe et des concentrés. L’ensilage de maïs est pour sa part chargé à l’aide d’une désileuse électrique à poste fixe. Cet atelier nous a permis de déterminer la consommation horaire moyenne.

Atelier consommation au ralenti
Les éleveurs étant contraints de descendre souvent de leur cabine au cours de la journée, les instants pendant lesquels le moteur tourne au ralenti se cumulent pour totaliser plusieurs heures, voire dizaines d’heures, par an. Nous avons donc mesuré la consommation de carburant au ralenti, en laissant tourner les moteurs pendant une heure, sans intervention sur les engins.
Atelier mesures et visibilité
En plus de l'ensemble des tests liés à la consommation de carburant, nous avons mesuré les dimensions de chaque véhicule. Nous avons également chronométré les cycles, c’est-à-dire le temps nécessaire pour lever le bras du sol jusqu’à son point le plus haut, sortir le télescope, caver le godet et ouvrir la griffe de ce dernier. Enfin, nous avons reproduit le test de visibilité déjà pratiqué l'année dernière lors de notre comparatif de neuf chariots télescopiques. Une toile d’araignée géante a été dessinée au sol, chaque engin étant placé tour à tour au centre. Nous avons alors mesuré la distance à laquelle le conducteur pouvait voir un objet au sol, sur 12 rayons formant des angles de 30°, lorsque le godet est posé au sol, puis à 1 et 4 m de hauteur.
