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Comparatif Rousseau Thénor 560 PL vs E-Thénor  L’épareuse électrique tient-elle ses promesses ?

De loin, avec la couleur blanche qu'arborent tous les matériels du conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques, difficile de distinguer la Rousseau Thénor de la E-Thénor.
De loin, avec la couleur blanche qu'arborent tous les matériels du conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques, difficile de distinguer la Rousseau Thénor de la E-Thénor. (©L.C.)
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Lancées en grande pompe au Sima 2017, les épareuses électriques, exclusivités du constructeur Rousseau, sont présentées comme une révolution dans le milieu de l’entretien des bords de route et de parcelle. Économies de carburant, silence et entretien minimum, telles sont les promesses de ces machines. Alors, vrai ou faux ? C’est l’heure du match !

Chez Matériel Agricole, tout comme saint Thomas, on ne croit que ce que l’on voit ! C’est pourquoi, à la suite d’un lancement de produit au siège de Rousseau, près de Lyon, nous avons demandé au fabricant de mettre à notre disposition une épareuse électrique et sa jumelle thermique pour les comparer et vérifier si les promesses sont tenues. Bonne joueuse, la marque du groupe Alamo a répondu positivement au défi à peine quelques semaines plus tard. C’est donc en ce mois de mars 2024, au début de la saison de fauche, que nous avons pu comparer un modèle à entraînement hydraulique et bras déporté, la Thénor 560 PL, avec son jumeau électrique, la E-Thénor. La E-Thenor se place dans la gamme Rousseau entre la E-kastor et la E-Fulgor versions électriques des Kastor et Fulgor classiques. Le catalogue a été récemment complété par la E-Kondor avec de nouvelles technologies au niveau de l’entraînement électrique.

Un protocole miroir

Pour l’essai, les épareuses sont attelés à des Arion 420 Quadrishift. Tous deux de 2019, ils sont lestés de la même manière et équipés de pneumatiques identiques. (© L.C.)

Dans le but d’effectuer des tests les plus fiables possibles tout en facilitant la logistique, nous nous sommes rendus à Pau où le conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques (CD 64) a investi en 2019 dans deux ensembles de fauche. L’un se compose d’une Thénor 560 PL, attelée à un tracteur Claas Arion 420 Quadrishift, l’autre d’une E-Thénor 560 emportée par le même tracteur. Plutôt déroutant, car les machines comme les tracteurs arborent la couleur blanche du CD 64 et sont difficilement identifiables tant ces ensembles se ressemblent. Les deux tracteurs sont équipés de façon identique. Ils partagent les mêmes dimensions de monte de pneumatiques en 420/85 R34 à l’arrière et en 340/85 R24 à l’avant. Ils sont également lestés avec un poids semblable. L’essai s’est déroulé le long de la rocade de la ville de Pau. Chaque tracteur a réalisé des allers-retours pendant plus de deux heures sur ce même parcours afin d’être soumis aux mêmes conditions de circulation et, surtout, à la même végétation. Pour le pilotage, ma trop faible expérience en matière de travaux de débroussaillage m’oblige à faire appel à un chauffeur expérimenté. Jérôme Mur, inspecteur technique du secteur Sud-Ouest pour la société Rousseau, se prête au jeu. Il conduira tour à tour les deux ensembles. Recourir au même chauffeur permet d’obtenir des mesures fiables, car les comportements de conduite, différents d’une personne à l’autre, peuvent avoir un impact sur la consommation.

Jérôme Mur, inspecteur technique Rousseau pilotera les deux ensembles pendant plus de deux heures chacun. (© L.C.)

À la demande du responsable des travaux, nous avons réglé les palpeurs sur la même position pour réaliser une coupe à hauteur de 10 cm, l’objectif parallèle étant de limiter l’usure des couteaux, comme le prévoit la stratégie du CD 64 précisée dans notre encadré « Repères ». En bon inspecteur technique, Jérôme Mur avait vérifié, la veille, la présence d’éventuels défauts de fonctionnement sur les machines pouvant en altérer les performances. Ces dernières, sortant de révision, n’en ont montré aucun.

Les palpeurs sont réglés pour obtenir la même hauteur de coupe. (© L.C.)
L’essai a lieu le long de la rocade de Pau sur plusieurs kilomètres ou les machines effectuent des allers-retours pour être confrontées à plusieurs types de végétation toutes les deux. (© L.C.)

Un régime moteur adapté

Dans un souci d’impartialité, les réglages sont sélectionnés grâce à l’expérience de Jérôme Mur pour que chaque ensemble atteigne son niveau de performance optimal. Ainsi, le régime moteur de l’Arion 420 est ajusté à 2 000 tr/min pour obtenir, à la prise de force, les 1 000 tr/min nécessaires à l’entraînement de la Thénor hydraulique. Pour cette machine, la prise de force anime deux pompes hydrauliques : l’une à engrenage, au service des mouvements des bras, et l’autre à pistons, pour alimenter le moteur hydraulique du rotor. Ce dernier fonctionne à une vitesse fixe de 3 000 tr/min. L’huile est puisée dans un réservoir de 135 L, installé sur le châssis de la machine. L’hydraulique du tracteur n’est ici pas sollicitée.

Les deux épareuses présentent un bras déporté de 5,60 mètres. (© L.C.)

Le moteur du tracteur attelé à la E-Thénor s’offre, pour sa part, le luxe de ne tourner qu’à 1 500 tr/min car le rendement de l'entraînement électrique est de l'ordre de 90%. Ce régime pourrait encore être réduit, mais le chauffeur perdrait alors le couple maximal fourni par le bloc. C’est donc avec ce réglage que l’appareil sera le plus performant tout en restant économique. Le régime de prise de force qui en découle, de 770 tr/min, est suffisant pour entraîner la génératrice de l’épareuse. En effet, celle-ci n’utilise pas de batterie embarquée, ni ne recourt à celle du tracteur. La génératrice fournit donc de l’énergie à un variateur qui la renvoie vers le moteur électrique présent sur la tête de broyage. Le rotor, grâce à ce variateur et à son moteur, peut faire varier sa vitesse de rotation afin de s’adapter aux conditions. Lors de notre test, le chauffeur oscillera entre 2 700 et 3 000 tr/min. L’hydraulique nécessaire aux mouvements des bras est puisée en pompage continu sur le tracteur.

Sur le parcours, les machines ont régulièrement fait face à des ronces et jeunes pousses d’arbres. (© L.C.)

Promesses tenues

Les différences de régimes moteur entre les deux ensembles conduisent à un écart drastique en matière de consommation, au profit de l’épareuse électrique. Avec le modèle à entraînement hydraulique Thénor 560 PL, nous avons en effet mesuré une consommation de 9,534 L/h, contre seulement 6,562 L/h avec la E-Thénor, soit une réduction de 31 % ! La qualité de coupe et la vitesse de travail restent par ailleurs identiques.

Sur le plan sonore, il est presque impossible de savoir, sans regarder l’écran, si le rotor de la E-Thénor est allumé ou non. Les mesures effectuées sur l’ensemble qui l’accueille révèlent une moyenne de 64,4 dB (A) en cabine et de 74,2 (A) à l’extérieur. L’épareuse électrique s’avère bien plus silencieuse que son homologue hydraulique, puisque la Thénor 560 PL élève le niveau sonore à 69,6 dB (A) en cabine et à 80,4 dB (A) au pied de la machine.

Signalons que ces résultats correspondent aux chiffres avancés par le constructeur sur ses documents promotionnels. En optant pour une épareuse à entraînement électrique, il y a donc bel et bien un potentiel d’économies. Toutefois, son surcoût de 23 000 € par rapport à un modèle équivalent à entraînement hydraulique pousse à une utilisation intensive pour obtenir un retour sur investissement. Malgré tout, le faible niveau sonore, la réduction de la consommation et la fin de l’utilisation de lubrifiants que permet le choix de l’électrique sont des arguments supplémentaires pour remporter de nouveaux chantiers, notamment auprès des collectivités.

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