Lindner cultive l’originalité. Le constructeur autrichien en a fait sa marque de fabrique. Pour se démarquer des tractoristes full-liners, il a su garder sa singularité en dotant ses tracteurs d’équipements originaux. Dernier exemple en date : le pont arrière directeur sur le modèle standard Lintrac, dévoilé il y a huit ans. Lancé à l’origine en version 90, de 102 ch, ce tracteur était destiné à concurrencer notamment les modèles hydrostatiques pour le travail en pente en raison de son centre de gravité abaissé. Depuis, la gamme s’est étoffée et le Lintrac 130, le tout dernier de la famille lancé à l’Agritechnica, s’adresse à des clients ne trouvant pas leur bonheur dans les tracteurs d’élevage classiques. Le Lintrac 130 LDrive, ici essayé, devient le haut de gamme de cette série de tracteurs compacts. Il est en effet le plus puissant (136 ch), possède, comme les autres, une transmission à variation continue signée ZF et accède, en option, à un pont arrière directeur. Il peut ainsi tourner sur ses quatre roues et offrir une maniabilité record se rapprochant de celle d’un chariot télescopique, voire d’un valet de ferme. Ses roues arrière peuvent atteindre un angle de braquage de 20° abaissant, selon nos mesures, de près de 1 m le rayon de giration, à 4,45 m en quatre roues directrices contre 5,35 m en deux roues. Cette caractéristique lui permettant de se faufiler aisément au sein des bâtiments d’élevage accroît la polyvalence de ce tracteur compact. Pour autant, il ne perd pas en stabilité puisque son centre de gravité reste bas, l'autorisant à évoluer en zone de montagne, dans des dévers jusqu’à 60 % selon le constructeur. Il pourrait ainsi se présenter comme un excellent tracteur à tout faire dans la ferme du Doubs accueillant nos essais.
Nouvel environnement de conduite
Après la présentation du tracteur par le constructeur puis son passage au banc moteur de la FRCuma de Bourgogne-Franche-Comté, l’heure est venue de faire plus ample connaissance avec ce Lintrac 130 LDrive.
Mais l’ordinateur avec lequel nous avons le plus envie de faire connaissance est sans aucun doute celui situé sur le montant droit de cabine, lequel commande l’essieu arrière directeur. Au démarrage du moteur, le tracteur fonctionne toujours en deux roues directrices. Le conducteur sélectionne alors, éventuellement en roulant et sans avoir à réaligner les roues, l’un des quatre modes directionnels : 4RD, fauchage, crabe ou manuel. En mode fauchage, au-delà de 15° de braquage des roues avant, celles à l'arrière braquent également afin de faciliter les manœuvres en bout de champ. En mode manuel, la direction des roues arrière est commandée via des touches. Pour des raisons de sécurité, elle se verrouille automatiquement en position initiale au-delà de 25 km/h.
Il braque court
Pour tester ces quatre roues directrices, nous attelons le chargeur Hauer PomLX 110, doté d’un pique-botte, et nous dirigeons au sein de la stabulation pour apporter des bottes de foin aux vaches montbéliardes de l’exploitation. Le Lintrac 130 fait alors preuve d’une maniabilité déconcertante, se faufilant avec aisance entre les poteaux du bâtiment stockant le fourrage.
L’essai se poursuit sur un parcours routier. Pour cela, nous dételons le chargeur du Lindner Lintrac 130 et lui attelons une benne Leboulch, de 15 t de charge utile, remplie de fumier. Le tracteur réalise à trois reprises un parcours de 8 km autour de l’exploitation. Nous profitons de cet essai pour nous familiariser avec les différentes fonctionnalités de la transmission à variation continue. Depuis la molette en bout d’accoudoir, nous sélectionnons l’un des quatre modes : Drive, Eco, Power ou Pro, seul ce dernier étant programmable par l’utilisateur, à l’instar de la réactivité du couple moteur/boîte, de la pédale ou encore de l’inverseur.
Dans les descentes, le tracteur fait preuve d’une excellente retenue de la charge et pourrait, dans les zones les moins pentues, éviter au chauffeur de solliciter les freins. Dans les montées, il n’est pas le plus rapide, mais les mesures de temps et de consommation tout au long du parcours révèlent des résultats globalement dans la moyenne de la catégorie. Côté confort, le Lintrac ne figure pas non plus dans le haut du panier en raison de son poids plume, des irrégularités du sol pas toujours bien filtrées et de l’espace assez étriqué lorsque deux grands gabarits prennent place à bord. Cependant, il offre un excellent compromis dans tous les domaines. Il sait tout faire et le fait plutôt bien.
