Le tracteur de polyculture-élevage M6 de Kubota, dévoilé en fin d’année dernière, n’a plus grande comparaison à tenir avec son homologue de première génération. Cette deuxième mouture, développée spécifiquement pour répondre aux exigences du marché européen, s’en distingue en effet par sa nouvelle cabine, ses équipements technologiques et son moteur, désormais conforme à la norme antipollution Stage V. Nous avons testé le M6-132 dans une exploitation laitière du Doubs. Ce modèle de 133 ch, voire 153 ch avec la surpuissance, conserve une transmission semi-powershift à trois gammes et huit rapports sous charge. Il possède une cabine revue avec, notamment, l’arrivée de l’optionnel terminal K-Monitor, à écran tactile de 7”. Cette console, qui autorise le paramétrage des principaux organes, opère à elle seule une véritable montée en gamme de ce tracteur polyvalent destiné à de nombreuses tâches dans les cours de ferme.


La cour de ferme comme terrain de prédilection
Après la présentation du tracteur par le constructeur puis le passage au banc moteur de la FRCuma de Bourgogne-Franche-Comté, l’heure est venue d’apporter des bottes de foin aux vaches montbéliardes de l’exploitation. Le bâtiment stockant le fourrage jouxte la stabulation libre. Pour se faufiler entre ses poteaux, le Kubota peut compter sur sa maniabilité satisfaisante. Son court rayon de giration facilite en effet les manœuvres. De plus, la forme élancée des brancards, le toit ouvrant vitré du tracteur et son capot moteur peu imposant libèrent bien la vue panoramique et offrent une bonne visibilité sur le chargeur. Lors des marches arrière, le conducteur peut surveiller la manœuvre dans les grands rétroviseurs, dont l’un des miroirs est à grand angle. Malheureusement, l’automatisme de passage des rapports powershift ne fonctionne pas dans ce sens d’avancement, mettant la patience du chauffeur à rude épreuve lorsqu’il s’agit de remonter toute la stabulation pour récupérer une nouvelle botte de foin. Autre bémol lors de cette épreuve de manutention : le joystick du chargeur, positionné sur la console latérale, s'avère un peu éloigné du levier de transmission, situé en bout d’accoudoir. Ce défaut est d’autant plus regrettable qu'il n’intègre pas de commande de la transmission semi-powershift, imposant ainsi au chauffeur de déplacer souvent sa main d’un joystick à l’autre.


La route n’est pas son fort
L’essai se poursuit sur un parcours routier. Pour cela, nous dételons le chargeur du Kubota M6-132 et lui attelons une benne Leboulch, de 15 t de charge utile, remplie de fumier. Le tracteur réalise à trois reprises un parcours de 8 km autour de l’exploitation. Lors de cette épreuve, il se distingue une nouvelle fois par sa visibilité hors pair, notamment grâce aux rétroviseurs à grand angle. Il fait preuve d’un confort de suspension dans la moyenne de la catégorie et d’un niveau sonore très bien contenu. Sa transmission à huit rapports sous charge et son inverseur, tous commandés depuis le joystick de l’accoudoir (levier sous le volant en sus pour l’inverseur), se montrent faciles à prendre en main. Ce joystick possède une forme ergonomique et commande de manière intuitive le passage des vitesses. Le M6 ne parvient malheureusement pas, malgré le bon étagement des huit rapports, à monter les côtes dans la même gamme M. Il doit en effet repasser en gamme lente L, ce changement engendrant une rupture de couple qui le pénalise. Chronomètre en main, il n’est en effet pas le plus rapide de la catégorie pour gravir les côtes. De plus, il n’est pas pourvu d’automatisme de changement de gamme. Ainsi, le chauffeur se voit contraint de choisir la gamme lente, dès le démarrage de la côte, sous peine de caler en pleine montée. Précisons tout de même que le parcours est vallonné et que les pentes, particulièrement abruptes, ont raison de la capacité du moteur à emporter la charge, malgré sa surpuissance de 20 ch activée au transport. D’ailleurs, le M6 fait preuve d’un frein moteur d'une vive efficacité lors des différentes descentes ponctuant le trajet, dispensant le chauffeur d'un recours fréquent aux freins. Cette performance est d’autant plus remarquable que le parcours révèle des déclivités importantes. La mesure de la consommation de GNR tout au long du trajet indique 15,2 L/h, soit environ 1 L de plus que la moyenne des autres tracteurs essayés de même catégorie au cours de cette épreuve.

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