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Essai tracteur  Deutz-Fahr 6125C RVShift : Une transmission hybride et deux modes de conduite

Malgré l'absence de lestage à l'arrière, le 6125C RVShift s'est révélé particulièrement stable, même avec de gros godets de fumier.
Malgré l'absence de lestage à l'arrière, le 6125C RVShift s'est révélé particulièrement stable, même avec de gros godets de fumier.
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Alors que les premiers exemplaires de tracteurs de la nouvelle série 6C arrivent sur le marché, Deutz-Fahr France nous a offert l’opportunité d’essayer le 6125C, équipé de la transmission RVShift, développée en interne par le groupe Same Deutz-Fahr. Je me suis rendu sur l’exploitation du lycée agricole de Saint-Yrieix-la-Perche (Haute-Vienne) afin de mener à bien ce test.

Dévoilée en début d’année 2022, la série 6C s’intercale entre les gammes Deutz-Fahr série 5 et série 6. Elle compte trois modèles, les 6115C, 6125C et 6135C, de puissances maximales respectives de 120, 129 et 136 ch, auxquelles s’ajoutent 7 ch de boost lors des travaux à la prise de force ou au transport. Cette gamme de tracteurs compacts inaugure la transmission RVShift, en plus des traditionnelles semi-powershift et variation continue TTV. La nouvelle boîte, développée en interne par le groupe SDF, offre un agrément de conduite à mi-chemin entre une full-powershift et une variation continue. Je me suis rendu sur l’exploitation du lycée agricole de Saint-Yrieix-la-Perche, dans la Haute-Vienne, afin de prendre en main pendant quelques jours l’un des tout premiers 6125C RVShift sortis de la chaîne de production de Treviglio, en Italie.

Après le 19e rapport, la transmission passe en mode « Eco », et sa conduite s'apparente à celle d'une variation continue.

De prime abord, je dois dire que ce 6C séduit par l’impression de qualité se dégageant de son habitacle à quatre montants. Terminé le gris clair salissant des plastiques, lequel laisse place à un marron clair plus chaleureux et plus « premium ». L’accoudoir solidaire du siège, avec ses deux joysticks et ses commandes de transmission, de relevage et de prise de force, confirme ce positionnement haut de gamme. Le tableau de bord embarque l’écran Info Center Pro regroupant toutes les informations concernant le moteur, la transmission, l’affectation de boutons programmables… S’il est riche d’une multitude de données, ce terminal nécessite parfois un petit temps pour retrouver l’information recherchée, en particulier lors de la conduite. Toutefois, le rapport de transmission s’affiche en gros au centre, ce qui facilite déjà l’utilisation de la transmission. Cette fameuse RVShift, parlons-en !

Une full-powershift, avec un truc en plus

Pour faire simple, je vous dirais que la RVShift s’apparente à une boîte full-powershift, comptant 20 rapports en marche avant et 16 en arrière, dont le passage sous charge s’effectue par une impulsion sur le joystick de conduite. Il n’y a pas de changement de gamme, ni de rupture de couple de la première à la dernière vitesse. Rien de neuf, me direz-vous. Et pourtant, la RVShift se distingue des full-powershift classiques par la possibilité qu’elle offre de sauter des vitesses, jusqu’à cinq d’un coup, en appuyant sur le bouton de consentement, à l’arrière du joystick, et en poussant, ou en tirant, sur ce dernier. Elle permet également d’enchaîner rapidement les changements de rapports en maintenant le levier poussé.

Le chargeur d’origine Stoll intègre quelques fonctions automatisées, telles que la remise à niveau de l’outil ou le bennage éclair.

En mode Confort Drive, le passage des vitesses est tellement souple que j’ai eu l’impression de conduire une variation continue à l’ancienne, pied sur l’accélérateur, tout en poussant le joystick pour faire prendre de la vitesse au tracteur. Deutz-Fahr n’oublie pas pour autant les amateurs du fameux « coup de pied aux fesses » des powershift et propose de désactiver le mode Confort Drive afin de retrouver des changements de rapports plus brutaux, et peut-être aussi plus réactifs, bien que la transmission excelle sur ce point dans les deux modes. À côté du joystick, le bouton APS permet d’activer l’automatisme de passage des rapports. Celui-ci s’avère pratique mais ne semble pas combiné avec une quelconque mesure de l’effort sur la transmission. Je trouve dommage de faire grimper le moteur dans les tours avant d’enchaîner les rapports, plutôt que de profiter du couple à bas régime. Ceci dit, il est possible de régler le régime de changement de rapport en modifiant dans le menu de la transmission le taux « APS Eco », de 0 à 100 %, la valeur la plus faible correspondant au mode « Eco ».

Personnalisable à souhait

Le bouton recevant un picto représentant deux pignons offre un accès rapide aux réglages des modes « Route » et « Champ ». Le conducteur peut choisir le rapport de démarrage, c’est-à-dire celui qui s’engage en démarrant après le passage au neutre, ainsi que les rapports mini et maxi. Ces derniers bornent le fonctionnement de l’APS, mais aussi celui du mode manuel. Pour aller au-delà de ces limites, il faut enfoncer le bouton de consentement tout en poussant le joystick. Lorsque l’arrêt actif Stop & Go est activé, le conducteur n’a qu’à maintenir le joystick vers l’arrière pour rétrograder tous les rapports jusqu’à la limite basse de la plage, puis le tracteur s’immobilise. Il suffit ensuite de relâcher le levier pour repartir. Le mode Stop & Go Avancé nécessite quant à lui d’appuyer sur l’accélérateur pour redémarrer.

Ce tracteur issu de la caravane de démonstration Deutz-Fahr reçoit des pneumatiques Maxam, dont l’importateur, France Pneus Sélection, est partenaire du démo-tour.

Et je ne vous ai pas encore présenté le meilleur. Bien que la RVShift compte 20 rapports en marche avant, elle offre la possibilité de basculer en mode « Eco » après la 19e vitesse (après la 17e si le tracteur est limité à 40 km/h). Dans ce mode, la transmission s’apparente à une variation continue. Elle autorise une chute de vitesse jusqu’à environ 25 km/h. L’appui sur l’accélérateur fait grimper le régime moteur, l’allure du tracteur croissant alors régulièrement, sans passage de vitesse. Une fois la vitesse cible atteinte, le régime se stabilise pour exploiter le couple, tout en limitant la consommation. Pour ralentir, il suffit de tirer sur le joystick, ce qui fait rétrograder la transmission en 19, puis dans les rapports inférieurs, afin de bénéficier de toute l’efficacité du frein moteur. J’ai testé la RVShift sur route, avec une remorque de balles de foin attelée au tracteur, et je dois dire que je suis conquis. Le passage des rapports est doux mais sans rupture de couple. Les rapports powershift permettent d’exploiter la puissance pour gagner rapidement en vitesse. Ensuite, le mode « Eco » permet de rouler à vitesse stabilisée à un régime économique, soit 40 km/h à 1 600 tr/min et 50 km/h à 1 900 tr/min.

Le chargeur intégré d’usine

En somme, cette transmission réunit le meilleur des boîtes à rapports sous charge et à variation continue. Tout me laisse croire qu’elle va faire un tabac chez les concessionnaires Deutz-Fahr, mais aussi Same (au cœur du Virtus) et Lamborghini (dans le Spark R). Pour conclure le test de ce tracteur d’élevage, je ne pouvais pas partir sans remuer un peu de fumier. À cette période de l'année, les vaches sont dehors, et les stabulations curées.

Les 18 balles de foin chargées sur la remorque de 2,1 t de poids à vide représentent 6,5 t, portant le poids de l’ensemble à 14 520 kg.

J'ai donc dû me contenter d’un tas de fumier au bord d’une parcelle, ce qui s'est tout de même avéré suffisant pour prendre en main le chargeur d’origine Stoll, dont l’adaptation est réalisée d’usine. Le second joystick, dédié aux deux distributeurs électro-hydrauliques, bascule sur la commande du chargeur en appuyant pendant quelques secondes sur un bouton, placé entre l’accoudoir et la console latérale. Les boutons P1, P2 et P3 ornant le joystick se montrent utiles pour commander respectivement la remise à niveau du godet, la troisième et la quatrième fonction. Un interrupteur à gauche de la colonne de direction permet d’activer le bennage rapide. Il suffit alors d’appuyer sur le bouton P2 pour que le godet bascule sous son propre poids. Ceci peut être une alternative à la fonction de secouage rencontrée sur d’autres chargeurs, ou être utile pour le chargement de céréales, par exemple. En mettant un filet de gaz avec l’accélérateur manuel, la réactivité du chargeur s’avère satisfaisante. Même en remplissant au maximum le godet multifonction de 2 m, le tracteur ne bronche pas, malgré l’absence de lestage. Le seul bémol serait l’imposant capot, laissant peu de visibilité sur l’outil. Cette lacune est en partie comblée par la remise à niveau automatique mais peut s’avérer plus gênante pour manipuler une palette ou lors du changement d’accessoire.

Le bidon fixé au-dessus du réservoir de GNR se substitue à celui-ci et permet de mesurer précisément la consommation du tracteur.
La réactivité réglable de l’inverseur, sur cinq niveaux, s’avère des plus pratique afin de configurer le tracteur pour les travaux au chargeur.

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