Que ce soit en agriculture biologique ou conventionnelle, le scalpage apparaît comme une solution crédible pour combattre les adventices ou détruire efficacement les couverts végétaux. Cette technique s’avère à la fois utile aux agriculteurs ne pouvant recourir aux traitements et à ceux devant faire face aux résistances des adventices et à la réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires. Emmanuel Quillou, agriculteur à Saint-Martin-de-Bréthencourt, dans les Yvelines, est les deux à la fois puisqu’il cultive 150 ha en bio et 25 ha en conventionnel. Depuis six ans, l’exploitant tente de trouver l’outil idéal pour scalper. Mais pour bien commencer, qu’est-ce que le scalpage ?
« Il s’agit de travailler superficiellement la parcelle, à moins de 5 cm et bien à plat, la majorité du temps à l’aide de dents de type patte-d’oie, explique Emmanuel Quilliou. Le sol, ensuite, ne doit pas être rappuyé par un rouleau pour éviter les repousses d’adventices. Ces outils s’accompagnent généralement de herses peignes pour étaler les racines fraîchement coupées en surface afin de les sécher et, une fois encore, d'éviter des repousses. »

Pour trouver chaussure à son pied, l’agriculteur organisait mi-septembre une démonstration avec cinq outils de scalpage : le sien, un semoir Kongskilde Vibro Seeder modifié, un Horsch Finer SL, un Köckerling Bio Allrounder 700, un Lemken Koralin 9 K et un Treffler TGA.

La rédaction de Matériel Agricole a suivi cette journée de démonstration afin de présenter un comparatif, enrichi par l’avis éclairé d’un agriculteur. L'essai se déroule sur une parcelle de trèfle semée en TCS (technique de conservation des sols) en avril et broyée à deux reprises durant l’été, avec les mêmes conditions pour tous les participants. L’objectif est alors de couper les collets du trèfle pour éviter la repousse lors de la culture suivante. Certains des outils ont également été essayés dans une parcelle de luzerne et sur des chaumes.
Un semoir simplifié converti en scalpeur
Emmanuel Quilliou a acquis, cinq ans plus tôt, son Kongskilde Vibro Seeder. Ce semoir à dents est conçu pour les techniques de semis simplifiées. Il a choisi de le modifier pour en faire un scalpeur. Les 40 socs à patte-d’oie, espacés de 15 cm, disposent d’un simple ressort. « Les dents pianotent trop dans certaines conditions de terre, ce qui rend la profondeur de travail et donc le scalpage imprécis », note l’exploitant. L’outil est équipé de huit roues de jauge à réglage manuel. Les quatre roues arrière, placées à l’origine après la dernière rangée de dents, ont été avancées par l’agriculteur afin d’éviter de rappuyer le sol travaillé.

« Un scalpeur ne doit pas avoir de rouleau, car celui-ci tasse la terre avec les adventices, favorisant leurs repousses, estime l’agriculteur. Les roues stabilisatrices ont également cet effet. Il faut donc les replacer en amont pour éviter ce phénomène. »
Les roues avant centrales, d’origine, permettent de bien stabiliser l’outil. Le Vibro Seeder dispose de boules d’azote afin de gérer le suivi de la parcelle par demi-châssis de 3 m. La triple rangée de herses peignes est dépourvue de réglage hydraulique. Point positif : l’attelage proche du tracteur permet d’utiliser l’outil sans masse avant malgré ses 2,4 t. Pour le stabiliser dans les pentes, Emmanuel Quilliou a ajouté des disques coutres à l’arrière, de chaque côté. « Le Vibro Seeder est efficace dans les chaumes, mais laborieux lors d’un premier déchaumage en présence de paille longue. Il a en effet tendance à bourrer au niveau des roues de jauge, en particulier avec le vulpin, constate l’agriculteur. Dans les conditions de la démonstration dans le couvert de trèfle, le travail est assez irrégulier avec des manques, malgré le recroisement des dents. »