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Découverte Filière textile : le chanvre en fibre longue prend racine

La faucheuse automotrice Hyler Sativa 200A coupe le chanvre en deux et récupère deux nappes.

Une étape vient d’être franchie dans la structuration d’une filière textile, celle du chanvre en fibre longue. Celle-ci a pris cœur en Normandie, là où les teilleurs et producteurs de lin ont su mettre à profit leur savoir-faire. La validation d’un prototype de faucheuse automotrice d’origine belge marque un grand pas dans le développement de cette culture.

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Les nappes sont déposées au sol, l’une à côté de l’autre, mais doivent être séparées lors du transport et du teillage, leur classe de fibre n’étant pas la même. (© Niels Baert)

Une nouvelle filière textile prend racine petit à petit en Normandie, celle du chanvre en fibre longue. Démarrée en 2020 et subventionnée par la région, elle a franchi une nouvelle étape avec les premiers tests concluants d’une faucheuse automotrice développée par le constructeur belge Hyler. Partenaire du projet, la société coopérative agricole linière du nord de Caen a acheté le premier prototype, tandis que l’association Lin et Chanvre bio a assuré son rôle de conseil auprès des agriculteurs pour la récolte et le choix de variétés. La principale problématique concernant le chanvre est en effet sa récolte. Cette dernière nécessite du matériel développé spécialement pour cela. Jusqu’à maintenant, il n’existait pas de machine véritablement adaptée à la récolte de la fibre de chanvre à destination de l’industrie textile. Le constructeur belge est donc parti d’une feuille blanche pour concevoir son prototype. Ce dernier a déjà permis de récolter une vingtaine d’hectares l’an dernier et 170 ha cette année. En 2023, l'objectif est de couvrir près de 1 000 ha, répartis entre la Normandie, la Charente-Maritime, les Hauts-de-France et la Belgique. Les bassins de production sont en effet les mêmes que ceux du lin textile avec lequel le chanvre partage certaines similitudes. Cette plante ne nécessite pas d’irrigation ni d’intrants, mais elle a besoin d’humidité, comme le lin, pour le rouissage au champ qui réclame une alternance de pluie et de soleil, à la fin de l’été. Le chanvre pousse tout seul et étouffe les mauvaises herbes. Seul le semis est primordial, comme pour le lin.

La fleur de chanvre peut être récoltée dans une trémie optionnelle afin de produire le CBD, le cannabidiol. (© Niels Baert)

Deux nappes parallèles

Toute la tige du chanvre est récoltée. Elle doit cependant être coupée en deux – la plante peut mesurer plus de 2 m de haut en fin de cycle – pour qu'elle puisse ensuite entrer dans les enrouleuses et les machines de teillage des usines à lin. La faucheuse automotrice récolte deux nappes : l'une de tête et l'autre de pied. En un seul passage, elle fauche et dépose ces deux nappes au sol l'une à côté de l'autre, en parallèle, à l’instar d’une arracheuse à lin. Elle peut évoluer à une allure comprise entre 15 et 18 km/h, soit 2 à 3 ha/h avec sa tête de récolte de 2,6 m de large. Le surplus, à savoir la tête de la plante, peut être récupéré dans une trémie optionnelle afin de fabriquer du CBD, le cannabidiol, qui, pour l’heure, ne bénéficie pas d’un cadre juridique favorable en France pour sa production. Un broyeur de tête est également disponible. Il est doté de lames réglables pour ajuster la longueur de coupe des têtes de chanvre qui peuvent ensuite être collectées dans la trémie ou soufflées sur le côté. La faucheuse automotrice sépare les nappes de tête et de queue en raison de leur classe de fibre différente. Les premières doivent donc être mises à part lors de la récolte, du transport et du teillage, la valorisation des deux produits et la rémunération du producteur étant différente. De même, si les nappes étaient déposées l’une sur l’autre, elles pourraient germer, ce qui rendrait les fibres impropres à leur transformation. Après quelques ajustements, les résultats des expérimentations menées avec ce prototype de machine semblent prometteurs. La faucheuse automotrice fonctionne bien, quelles que soient les conditions d’humidité et la longueur du chanvre. D’autres machines pourraient ainsi voir le jour. La filière se structure et les surfaces ne demandent qu’à se développer.

La trémie, de 18 m3, stocke les fleurs de chanvre ou les résidus de broyage des têtes avant d’être vidangée via un élévateur. (© Niels Baert)

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