Les neuf semoirs de notre essai comparatif ont semé du maïs, entre deux averses, sur une parcelle des Deux-Sèvres cultivée en technique culturale simplifiée. Pour la mise en place du protocole ISO 7256-1 et la réalisation des mesures de performance des semoirs, Matériel Agricole s’est appuyé sur le protocole de mesures Farm Test de Conseils Agroéquipements, reconnue par les professionnels de la filière du machinisme agricole.

« Je n’ose pas utiliser mon semoir à son plein potentiel chez certains clients pour ne pas leur faire peur » ; « Sur le papier, je pourrais tourner à 15 km/h, mais je n’ai pas forcément confiance »…

C’est en entendant ces phrases lors de reportages que la rédaction de Matériel Agricole a décidé d’organiser un essai comparatif pour tester le niveau de performance des semoirs monograines haut de gamme dits « rapides ». Afin qu’ils prouvent leur capacité, nous les avons mis face à des conditions plus difficiles qu’une terre préparée derrière un labour, puis affinée à la rotative. Pour obtenir des mesures fiables, professionnelles, et surtout un barème de notation équitable et reconnu par les constructeurs, nous avons fait appel au protocole Farm Test de Conseils Agroéquipements. Cette société indépendante est spécialisée dans la réalisation d’essais de machines agricoles françaises. Créée par Julien Hérault, conseillé en machinisme agricole, elle propose également des formations et apporte son expertise à des agriculteurs en quête d’optimisation de leurs charges de mécanisation et de performances dans les réglages de leurs outils. Dans le cadre de notre essai comparatif, Julien Hérault s’est vu confier la création et le suivi du protocole, puis la réalisation des mesures au champ, avant de conclure cette séquence par une analyse pertinente.

Le contexte

L’essai comparatif réussit à réunir neuf semoirs : le Chief d’Agrisem, le Precea d’Amazone, le Tempo de Väderstad, le Maestro d’Horsch, le Chrono de Maschio Gaspardo, le ValoTerra Ultimate de Monosem, l’Optima de Kverneland, le Maxima 3 de Kuhn et l’Azurit de Lemken. Il s’est déroulé au début de la semaine du 13 mai 2024, sur la commune de Mauléon (Deux-Sèvres). Comme pour beaucoup d’exploitations françaises à cette période, le semis aura lieu entre plusieurs averses de pluie.

Le sillon est réouvert sur 13,3 mètres d'un sillon situé en dehors des passages de roues du tracteur afin de réaliser les mesures. (© J.M)

C’est dans une parcelle de 3,5 ha des deux sèvres, que nous réalisons l’essai. Le précédent cultural implanté dans le champ est un mélange seigle-vesce, ensilé le 30 avril 2024. Un itinéraire technique simplifié succède à cette récolte. Il consiste en un déchaumage profond avec un outil à dents réalisé le 12 mai, suivi, le lendemain, par un passage de herse rotative afin d’affiner le lit de semence. Malgré ce travail du sol, nous constatons la présence de résidus de la culture intermédiaire précédemment ensilée sur une quinzaine de centimètres de profondeur.

Résumons : un semis en conditions simplifiées, avec des débris végétaux en quantité… de quoi mettre à l’épreuve nos outils.

Une densité de 80 000 graines/ha

Les modalités de semis sont réalisées dans le même sens que le passage de la herse rotative. Le rang contrôlé pour cette évaluation est déterminé à l’avance. Celui-ci ne doit pas être placé dans une jonction de passage d’outil de travail du sol, ni sur les traces de roues du tracteur auquel est attelé le semoir afin de ne pas fausser les résultats. L’espèce à semer est un maïs P8329 LumiGen du fabricant Pioneer enrobé d’un traitement Korit. La consigne de population est de 80 000 graines/ha. Une profondeur cible de 3 cm est imposée, tandis que les réglages de plombage et de pression d’appui des sous-ensembles sont laissés à l’appréciation des constructeurs. Ces derniers, par l’intermédiaire de leurs équipes, ont réalisé cet essai avec le tracteur de leur choix, et les réglages permettant d’obtenir le meilleur de leurs machines sont entièrement entre leurs mains. Une parcelle adjacente est disponible pour paramétrer les outils en vue de l’essai. Tous les constructeurs n’ont cependant pas bénéficié du même temps alloué à la mise en route des machines à cause des contraintes météorologiques.

Pour l'essai, nous avons implanté un maïs de variété Pioneer P8329 Lumigen enrobé d’un traitement Korit. La consigne de population est de 80 000 graines par hectare. (© J.M.)

Trois vitesses

Matériel Agricole, les constructeurs et Farm Test ont décidé, après discussions, de faire évoluer les engins selon trois vitesses de fonctionnement. Celles-ci doivent correspondre à différentes utilisations des matériels. La première, arrêtée à 6 km/h, est une vitesse dite « lente ». Pratiquée par beaucoup d’utilisateurs de semoirs à entraînement mécanique, elle l’est aussi par les agriculteurs intervenant en conditions difficiles ou sur des parcelles de petite taille. La deuxième, sélectionnée à 11 km/h, est la vitesse « de croisière » pour la plupart des détenteurs de semoirs à entraînement électrique. Enfin, la troisième vitesse est laissée libre afin que les constructeurs aient la possibilité de montrer les performances de leurs machines sans limitation. Lors du test, la vitesse d’évolution est vérifiée en cabine pour s’assurer que la zone de mesure du rang soit en dehors des phases d’accélération et de décélération.

Les mesures ont été réalisées selon 3 modalités de vitesse. Un passage à 6 km/h, un deuxième à 11 km/h et un dernier à la vitesse choisie par le constructeur. (© J.M)

Le sillon retenu est ensuite découvert sur 13,33 m, une longueur correspondant à 1/1 000 de la surface implantée avec un interrang de 75 cm, afin de relever la densité réellement semée, la distance entre chaque graine et leur profondeur par rapport à la bande de roulement générée par les roues de jauge de l’élément. Ces mesures sont réalisées en prélevée dans le but d’exclure les irrégularités issues de graines non germées ou détruites par des ravageurs du sol. Les calculs de qualité de la régularité d’espacement sont effectués en fonction de la densité réellement semée, et non de la consigne cible, afin de ne pas imputer un écart de densité à une irrégularité de placement des graines.

(© J.M.)

L’intégralité des résultats du comparatif est a retrouver sur le site Matériel Agricole.info.